Nos corps meurtris s'étendaient sur le sol là où la cendre s'était déposée tels des flocons, nous noircissant la tête, assombrissant la scène déjà d'une terreur incomparable.
Joy, insconciente, se tenait auprès de moi, de grandes brûlures ovales se dessinant sur ses avant-bras tandis que, de profondes plaies couraient sur son visage. Je repris doucement connaissance dans notre environnement apocalyptique, une douleur atroce me prenant au fur et à mesure.
Que s'était-il passé ?
Que s'était-il passé pour que nous nous retrouvions dans une pareille situation ? Dans ce chaos soudain ? Ma tête était obscurcie d'un nuage opaque empêchant mes souvenirs de se frayer un chemin jusqu'à moi.
Le sifflement dû à l'explosion s'atténuait légèrement, bientôt le bourdonnement cessait dans mes oreilles et rendait ma vision des choses plus claies. J'avais du mal à bouger, pris d'une tétanie puissante. Ouvrir les yeux s'avérait être une tâche plus compliquée que prévu, une corvée pour l'instant insurmontable, comme si des poids s'appuyaient sur mes paupières sombres.
L'air était pesant, étouffant, presque irrespirable au long terme enfumait mes poumons. La concentration de dioxyde de carbone de la pièce souterraine avait dû considérablement augmenter. Le smog était omniprésent dans l'abri antiatomique, piquant les iris, muselant les trachées.
Leah...
Tout s'était passé tellement vite que je n'avais vu si mon action désespérée l'avait sauvé. La malheureuse avait perdu connaissance, se cognant violemment contre le sol. J'avais perçu son corps se relâcher subitement au contact du carrelage sombre. Elle avait été, elle aussi, victime du souffle de l'explosion et était peut-être en train d'agoniser quelque part, seule. Ce pressentiment mortel me pétrifiait de peur, faisant remonter en moi une mince énergie causée par l'adrénaline se déversant dans mes veines. L'angoisse et l'ignorance de ce qu'il se passait suscitaient l'affolement de cette hormone. Il fallait que je bouge, que j'aille voir si tout allait bien de son côté.
Je rassemblai toutes mes forces, m'efforçant de prendre mon mal en patience. Il le fallait, je n'avais pas d'autre choix. À peine, j'eus effectué un simple mouvement que je faillis me tordre de douleur. Mon funeste vol ne m'avait visiblement pas laissé indemne. Ça n'importait peu, je ne devais pas penser à moi, le bien de mes amis passait avant tout et je devais agir, vite, partir à la rencontre de Leah.
Mes yeux émeraude s'entrevoyaient faiblement les environs dans la noirceur qui régnait. Avançant dans l'ombre, je me lançai en avant. Des bouts de verre s'étaient incrustés dans mes bras, chose qui n'arrangeait rien à mon état actuel. L'univers en voulait à mon corps, le heurtant une fois de plus sans retenue. Les picotements de mes blessures me titillaient fortement.
Je les retirai avec souffrance, étouffant des cris de douleurs prononcés. Les triangles de verre étaient enfoncés terriblement profondément et leur épaisseur rendait l'extraction compliquée. Tandis que j'essayai, malgré moi, d'arranger mon état, je rentrai en contact avec la silhouette de Joy non loin, son état faisait peine à voir.
M'approchant de ses blessures, je distinguai chaque déchirure où le sang tachait de s'enfuir. Son visage était partiellement brûlé, laissant de grandes cloques défigurer sa peau lisse. Je m'arrêtai net, surpris dans mon observation minutieuse.
Étais-je en train d'halluciner ?
Dans cette scène de chaos, un filet de lumière émana de son poignet empourpré à une vitesse fulgurante. Clignant des yeux plusieurs fois pour m'assurer de ce qui se passait, le spectacle devint à en tomber par terre. Les larges plaies courant son corps avaient l'air de se résorber à vue d'œil. Son visage retrouvait, sous des lueurs bleutées, ses traits d'origines. Je restais sans voix. Chaque cellule de sa physionomie se reformait, se recréait, faisait partir les brûlures rugueuses de ses bras et arrêtait le sang de couler le long de ses joues rosées. En une poignée de secondes, elle avait recouvré sa peau parfaitement lisse et tachetée.
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- Les Éveillés - I. La Promotion
Science FictionEuclenia, Dans un monde où tout est dicté, où le libre arbitre est prohibé et votre futur déjà tracé, la cérémonie de « La Promotion » approche à grand pas et s'annonce être la soirée la plus incroyable de l'année 2268. Bien sûr, c'es...