Nous n'avions pas vu le temps passé, Leah et moi, pas réalisé l'heure qu'il était jusqu'à ce que l'annonce de réintégrer nos résidences fut signalée dans la ville. C'était à ce moment que chaque étudiant encore dehors regagnait, tel un troupeau conduit par un berger, leur logis.
Notre discussion m'avait permis de m'évader. Elle avait le don de pouvoir me faire tout oublier, peut-être grâce à sa nature chaleureuse et bienveillante. Quand j'étais avec elle, tous mes problèmes s'envolaient et je pouvais me concentrer sur l'instant présent. C'était une personne émanant de bonté et je n'imaginais pas une seule seconde vivre sans elle...
Le fait que nous puissions nous dissocier du monde extérieur, totalement, lorsque nous étions ensemble, s'expliquait par la connexion que nous partagions. Ce lien nous unissant devait s'être forgé au fil des années, depuis notre plus tendre enfance, et continuait de croitre. C'était un privilège de l'avoir dans ma vie, quelque chose la rendant moins fade, emplie de lumière.
Speedy était pleine de surprises, je pouvais la redécouvrir tous les jours. Elle avait toujours un quelque chose à dire et était dotée d'un caractère bien trempé qui me correspondait bien. Mes parents étaient proches des siens depuis maintenant plus de vingt ans et entretenaient leur amitié par nos entrevues régulières. Leah faisait en quelque sorte partie de ma famille, était comme une sœur, celle que j'avais perdue...
Driiiiiiiiiiiing !
Je bougonnai à Mia de stopper la nuisance insupportable, ouvrant difficilement les yeux tel un animal dérangé lors de son hibernation, j'aperçus l'heure : 6h30.
Je filai droit prendre une douche. Les apprentissages de l'Institut me manquaient et, même si cela paraissait totalement fou, je ressentais le besoin de retrouver les couloirs assourdissants, la nourriture répétitive et la voix des Instituteurs.
Les évènements récents se ressassaient inlassablement dans ma tête, comme un disque raillé, tout se rabâchait encore et encore. Syrus, les injections, le gouvernement, leurs mensonges, la sombre vérité, Becky, ce qu'il me restait à découvrir et j'en passe. Toutes ces préoccupations bourdonnaient sans cesse dans mon crâne, devenant une addiction au fur et à mesure.
Ma tentative de cesser les Purifications, comme me l'avaient conseillé Syrus ainsi que Becky, avez piteusement échoué lorsque j'avais été admis en soin. Chaque jour passé là-bas était un pas en arrière vers la vérité et je devais arrêter cet engrenage. Au fond, je ne savais plus le réel impact qu'avait cette substance sur notre organisme. Si ce n'était pas pour nous assurer santé et vitalité, à quoi servait donc ce produit circulant dans mes veines ? Tout ce que j'avais entrepris jusqu'à présent avait été réduit à néant. Je devais recommencer de zéro ma désintoxication et découvrir par moi-même les effets de mes actions, quitte à me mettre ne danger. Oui, je n'allais abandonner, pas pour le moins du monde. J'avais pris une décision, et pour une fois, se défiler n'était pas une option valable, il fallait tirer ça au clair.
Je me sentais coupable, coupable de ne pas avoir cru Syrus. Il avait disparu aussi vite qu'il était venu, comme un mirage, une illusion qui m'avait ouvert l'esprit. Sa vie était menacée par des détracteurs redoutables, ceci par ma faute. Mon seul regret était que ses paroles n'eurent pas eu le même impact sur tout le monde. Enoch, lui, ne savait rien et Leah, quant à elle, était restée plus que septique sur ses déclarations. J'allais m'engager dans une aventure dangereuse, oui une mission qui pouvait visiblement me coûter la vie et je n'avais pas le droit de l'impliquer contre son gré...
Au commencement de cette fantasmagorie, j'avais réellement cru reprendre ma vie, ne pas gober les paroles de l'étranger aux boucles d'or, mais rien n'était plus. Depuis, mes pensées s'étaient fixées et je ne considérais plus pouvoir les changer. Tout ce qui se passait en ce moment m'avait particulièrement affecté du bon comme du mauvais côté. J'avais peur de ce que je devenais. Mes idées étaient controverses, sujets de polémiques monstrueuses.
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- Les Éveillés - I. La Promotion
Science FictionEuclenia, Dans un monde où tout est dicté, où le libre arbitre est prohibé et votre futur déjà tracé, la cérémonie de « La Promotion » approche à grand pas et s'annonce être la soirée la plus incroyable de l'année 2268. Bien sûr, c'es...