Je ne savais pas quoi faire. La voir, son corps inerte, inanimée et ne pas pouvoir agir mêlait à la fois colère et désespoir au plus profond de moi.
J'étais impuissant devant les événements. Je regardais partout autour de moi, observant si un petit détail pourrait me venir en aide. Qu'un objet allait se laissait deviner dans ce chaos, me servant, je ne sais comment, à faire redémarrer son cœur, à sentir son souffle chaud sur les pommettes et à partir de cet endroit maudit...
À mon grand malheur. Il n'y avait rien de cela. Juste Leah et moi, deux silhouettes meurtris dans la pénombre, dans ce paysage de désolation.
Je ne pouvais vivre sans elle. Ma vie perdrait son sens, je n'aurais pas de but et les beaux souvenirs que nous avions connus tous les deux s'envoleraient à tout jamais. Il se créerait une absence, un grand vide dans mon âme, une lassitude intarissable.
Depuis notre plus tendre enfance, nous étions ensemble, nous serrant les coudes devant l'adversité, partageant absolument tout et nous aidant dans les moments rudes. Je n'aurais pas pu me remettre de la disparition de ma sœur si elle n'avait pas été là. Leah avait su combler une partie du manque que je ressentais et continuait toujours autant de le faire aujourd'hui. C'était une personne essentielle, que tout le monde rêvait d'avoir, une amie qui au fur et à mesure devenait votre moitié, votre tout. Je venais de la faire partir dans les limbes, dans l'au-delà. On venait de m'arracher mon alter ego de mon être, me brisant le cœur et me détruisant de l'intérieur.
Je m'étais recroquevillé sur moi-même, adossé contre le grand lit, la tête dans les bras. Perdus dans mes pensées et mon désespoir, persuadé de ne pouvoir jamais ressortir de ma tourmente. N'ayant plus rien, je ne vis plus l'intérêt de me débattre et laissai alors mon subconscient me submerger. Pourquoi Leah n'avait-elle pas été soignée tout comme Joy et moi ? Pourquoi la fatalité devait-elle ainsi s'abattre sur elle ?
J'essayais de trouver une réponse plausible, mais rien de cohérent ne me traversait l'esprit, cette journée me paraissait être erronée. J'avais l'impression de rêver, que tout autour de moi était irréel, insensé. Toutes les bases que l'on m'avait apprises depuis que j'étais enfant étaient fausses et je ne savais pas comment le prendre. La politique, les règles, l'histoire, est-ce que tout cela n'était que mensonge ? Est-ce qu'une once de vérité persistait dans les dires de notre cher gouvernement ? Je relevai timidement les yeux espérant un mouvement soudain de mon patient, rien... Leah ne revenait pas à ses esprits. J'avais pourtant tout essayé, du massage cardiaque aux autres techniques de réanimation, rien n'avait l'air de faire effet.
Fatalement, la substance ruisselant dans ses veines était la cause de ce malheur. Seulement ça aurait pu occasionner l'arrêt de son cœur. La quantité de sang était certes, particulièrement importante, mais pas assez forte pour l'amener dans cette situation. Le Spray, quant à lui, ne pouvait pas non plus en être la cause. Si une hémorragie s'était créée à l'intérieur de son corps, je l'aurais vu par un saignement de nez ou autres signes distinctifs de ce type de réaction.
J'avais envie de me donner de grands coups pour me punir. Au fond de moi, je savais que l'administration de ce sérum allait être une mauvaise idée et pourtant... Pourtant, j'avais préféré suivre aveuglément un instinct trompeur, responsable d'un arrêt cardiaque meurtrier.
— Ambrose ?
Je sursautai. Levant vite la tête, je tombai nez à nez avec mon interlocutrice qui m'avait fait avoir un faux espoir : c'était Joy...
Elle se tenait droite à l'entrée de la pièce en ruines. Je reniflai un grand coup, essuyant mes yeux du brouillard argent qui s'y trouvait et la fixai tétanisé. Son visage se décomposa quand elle vit Leah sur le sol.
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- Les Éveillés - I. La Promotion
Science FictionEuclenia, Dans un monde où tout est dicté, où le libre arbitre est prohibé et votre futur déjà tracé, la cérémonie de « La Promotion » approche à grand pas et s'annonce être la soirée la plus incroyable de l'année 2268. Bien sûr, c'es...