◊ Chapitre 4.1 ◊

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Ce matin, mon réveil se fut sous l'étrange souvenir de mon rêve porté par la nuit. C'était comme si je l'avais passé éveillé, éveillé dans mon un vieux recoin de ma mémoire. J'avais vécu à nouveau une crise qu'avait traversé Cassie peu de temps avant que soit déclarée sa maladie.

Ses paroles, son discours anarchique, trottait dans ma tête mot pour mot, et se récitait ses dires qui nous ramenaient à des idées comme celles-ci :

« Papa, Maman, je me pose sans cesse cette question en mon for intérieur. Pourquoi la vie a-t-elle le même goût chaque jour ? Pour nous, la jeunesse Eucleniene, elle se résume à l'apprentissage et aux liens créés lors de nos études. Je suis tiraillée entre la fatigue de la répétition incessante de ce schéma, mais également de la chance que nous avons d'être à la portée de toute chose. Mais... mais, je n'en peux plus, cette cage dans laquelle nous vivons n'a pas lieu d'être appelée vie et je refuse de continuer comme ça. Je perçois plus clairement notre monde à présent et c'est un supplice. Tout n'est que mensonge et manipulation... Je veux du changement, je veux que vous ouvriez vos yeux, ne vous rendez donc pas compte ? Pas compte que tout est une illusion ? »

La suite n'était pas belle à voir. Ma sœur s'emportait dans ses propos, des objets tombaient sur le sol et ma mère lui injectait un produit lui permettant de se calmer. Le seul élément me troublant le plus dans ce lointain souvenir ayant resurgi fut les paroles qu'elle déblatéra.

L'apparition de ces remontées mémorielles devait être due à ma majorité qui arrivait à grands pas. J'étais assez anxieux et mon cerveau faisait surgir de vieilles douleurs enfouies. Beaucoup de jeunes redoutaient ce moment, étaient effrayés de ce que leur vie allait leur réserver, et au fond de moi poussait cette même inquiétude. Cette soirée allait déterminer notre futur. Allions-nous émerger dans le monde, le vrai, ou allions-nous rentrer dans le cocon de verre de la Renaissance ?

Nous avions tellement de perspectives d'avenir qu'établir notre destinée semblait être un jeu impossible. Dans tous les cas, nous n'avions pas le choix, c'était un honneur de voir notre futur sélectionné par les plus grands cerveaux, ceci retranscrit à travers des millions de calculs. Quand bien même nous étions amenés à Renaitre, cette chance unique nous permettrait de marcher vers un futur bien plus glorifiant. Cette occasion exceptionnelle était tout le contraire des propos de ma sœur lorsque l'Infection l'avait touché, mais au fond, je savais que sa pensée n'était pas dissidente.


•••


Depuis le début de cette semaine, je n'étais pas retourné à l'Institut à cause du traitement pour mes côtes cassées qui me fatiguaient énormément. Les effets secondaires de ce produit s'étaient déclarés du fait de ma prescription pour mon somnambulisme. Ma blessure se résorbait petit à petit et me permettait de me mouvoir avec bien plus de liberté qu'auparavant.

Mais aujourd'hui, j'étais bien décidé à me lever et aller suivre les leçons. Je ne pouvais rater les ultimes Apprentissages et j'étais particulièrement assidu dans mon travail. Leah m'avait raconté qu'elle n'avait pas croisé Syrus depuis la dernière fois et commençait à se poser des questions la menant dans des chemins suspects. Son instinct la trompait que très rarement, et ses suspicions me torturaient l'esprit. Venait-il d'un autre Institut ? Quel était le motif de sa manifestation ?

Mes membres engourdis rendirent mon ascension hors du lit difficile. Prenant rapidement une douche, je partis en direction de mes escaliers dans mon uniforme. À peine j'eus atteint les marches que le visage aux traits fins de ma mère se laissait entrevoir.

- Les Éveillés - I. La PromotionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant