BROKEN - Tome 2

N E U F

Alexie

Je suis assise dans le salon, attendant Evan avec à la fois une angoisse intense et une impatience désagréable. Je ne sais même pas ce que j'ai envie de lui dire. Je le vois tourner en rond dans la rue depuis une heure, pendant que j'essayais désespérément de lire le livre que j'ai dans les mains depuis deux heures et plus, assise près de la fenêtre de ma chambre. Dès que j'aie vu la BMW de son oncle passer devant ma maison, j'ai d'abord cru qu'il venait me voir, et inconsciemment, je crois que j'espérais qu'il débarque de la voiture. Pourtant, il a continué, puis repassé une nouvelle fois, puis continuer encore et encore... Peut-être qu'il hésitait. Quoi qu'il en soit, je sais que j'ai besoin de ça. De lui parler, peut-être de comprendre. Comprendre la raison pour laquelle il refuse de parler à la police, comprendre pourquoi il agit ainsi, et pourquoi je suis la seule qui semble ne rien savoir à ce sujet, puisque Tyler avait l'air au courant de tout, lui. Et depuis longtemps.

— Alexie?

Je lève les yeux vers la porte. Je ne l'ai pas entendu cogner, mais je vois qu'il s'est permit d'entrer. C'est ce que je lui avais dis, de toute manière.

— Evan, dis-je, en l'invitant à s'asseoir dans le salon, en prenant bien soin de lui désigner la chaise berçante devant moi, et non la place directement à côté de moi.

Lorsqu'il s'installe, visiblement gêné, ou honteux, je croise mes jambes en tailleur et serre la tasse de café entre mes doigts. Je ne dis rien, mais continue de le fixer alors qu'il pose nerveusement ses mains sur les accoudoirs de la chaise en déposant son regard partout dans la pièce, sauf sur moi. Prenant compte de mon manque de politesse — même s'il s'agit d'Evan —, je relève les yeux et mets mon café un peu en avant.

— Voulais-tu un café?

— Ça va aller, dit-il, du tact au tact, avant de relever les yeux. Merci...

Un silence englobe le salon. Je ne sais pas à quoi il pense, peut-être qu'il croit que je l'ai fais venir ici pour rester silencieuse et le regarder pendant quelques minutes sans savoir quoi dire, mais j'en suis simplement incapable. Et il est vrai que je ne sais même pas ce que je suis censée faire. Je lui ai envoyé un message sur un coup de tête, mais je sais que j'ai besoin de le voir.

— Je crois que tu voulais dire quelque chose, finit-il par dire, probablement lassé de ce silence angoissant dans laquelle nous étions plongés pendant près de cinq minutes.

Un soupir s'échappe de mes lèvres, avant de me replacer sur le canapé pour posé mon café sur la petite table basse du salon et coincer mes doigts tremblants entre mes cuisses pour éviter qu'il le remarque.

— Ouais... J'aimerais que tu me parles de tout ce que tu m'as caché, Evan. Le meurtre, les secrets, ce que tes amis ont à voir là-dedans, Tyler, et aussi toutes les fois où tu es venu à ma porte tard le soir pour me demander de l'aide. Je veux tout savoir.

C'est à son tour de soupirer. Il évite toujours mon regard et prend une grande inspiration.

— Si je te raconte tout, est-ce que tu me promets de ne pas me rejeter encore une fois?

— Je ne peux rien te promettre. Si tu as commis un meurtre...

— Je t'ai déjà dis que j'étais innocent! S'écrit-il, probablement fatigué de me le répété une nouvelle fois.

Pourtant, c'est exactement ce qu'un meurtrier dirait, même si je sais qu'Evan ne l'est pas. Du moins, c'est ce que j'espère. Sans répondre, je hausse les sourcils et croise mes bras sur ma poitrine. Après un soupir, il se penche en avant et pose ses doigts sur sa tête en massant ses tempes. Je lui laisse le temps qu'il lui faut, avant qu'il accepte finalement ce que je lui demande. Il me raconte une histoire comme quoi, à Pittsburgh, il avait quelques amis peu fréquentables, à qui il refuse de parler désormais. Des amis qui l'ont poussé à faire des choses aussi extraordinaires que complètement insensés et dangereuses. Puis, il m'a raconté ce qui s'est passé, cette-soirée là. Qu'ils avaient été arrêtés, mais qu'au final, il n'y avait eu aucune preuve d'effraction, et surtout, aucun corps. Ils avaient donc été relâchés...