V I N G T - Q U A T R E

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Alexie

Evan et moi marchons tranquillement dans le champ. Le blé craque sous le poids de nos pieds, pendant qu'Evan met ses mains dans ses poches. La température se fait plus fraîche. Je tire sur la manche de son sweat-shirt, qu'il s'est empressé de me prêter après m'avoir vu frissonner. Le beige rosé du champ de blé est magnifique à regarder, sous les faibles rayons du soleil couchant. Je fixe le ciel, qui passe du bleu, à l'orange, jusqu'à une pâle teinte de rose qui le rend doux et paisible à observer. Même les nuages ne suffisent pas à atténuer la beauté du soleil, à ce stade si...

Priska et Dolce se sont mis à brouter, et, à ce que nous avons pu percevoir, ils n'avaient pas terminé leur journée, car ils sont immédiatement reparti à trotter. Je passe quelques minutes à contempler la jument dorée... J'espère un jour pouvoir la monter.

— Ta mère m'a dit que tu avais eu un cheval... Comment il s'appelait?

Evan arbore un faible sourire en coin.

— J'aurais bien dû me douter qu'elle t'en parlerait... Elle détestait mon cheval.

Il soupire, avant de prendre délicatement ma main dans la sienne. Mon regard scanne son visage, pendant que la lumière du soleil reflète dans ses yeux bleus, leur donnant une teinte encore plus claire et éclatante. Son nez retroussé le rend tellement mignon... Je fixe la courbe ravissante de ses lèvres, et je pense à combien j'aime les embrasser.

— Il s'appelait Strass, avoue-t-il, finalement. Je l'ai vu grandir... Mon père me disait toujours que, dès qu'il serait assez grand pour être sellé, ce serait mon cheval.

— Et ta mère n'était pas d'accord?

Il secoue frénétiquement la tête.

— Ma mère a toujours cherché à m'enlever ce qui me rend le plus heureux, dit-il, ce qui me fait mal au cœur. Mes plus beaux jouets, mon petit frère, mon cheval... toi.

Ce qu'il me dit est horrible, et pourtant, mes yeux se mettent à briller. Ce qui me rend le plus heureux. Savoir que je le rends heureux me comble, il ne sait pas à quel point. Tout simplement parce que ce sentiment est partagé.

— Qu'est-ce qui est arrivé au cheval?

— Aussi surprenant que ça puisse paraitre, mon père a su tenir tête à ma mère pour une fois dans sa vie. J'ai pu garder le cheval, jusqu'à ce qu'il tombe malade et qu'on doive le faire euthanasier.

Je me doute que ça doit faire plusieurs années de ça, mais de savoir qu'Evan a, une fois de plus, perdu quelque chose qui a quoi il tenait énormément me fend le cœur. Ça n'a pas dû être facile, pour lui, d'accepter de faire tuer son propre cheval...

— Je l'ai eu jusqu'à mes seize ans... J'ai pété un plomb quand j'ai su qu'on avait pas les moyens de payer le traitement pour le guérir.

Mes doigts se resserrent autour des siens. D'après ce que je sais de lui, Evan a eu une enfance et un passé suffisamment difficile. Je ne sais pas tout encore, mais petit à petit, je découvre des choses sur lui qui me font comprendre la personne qu'il est, aujourd'hui.

— Ça a dû te briser le cœur...

— Tu n'as pas idée. Je passais tout mon temps sur mon cheval.

Je hoche la tête.

Evan et moi passons encore près d'une heure dans le champ, à discuter d'un peu tout, et de rien. C'est dans les environs de vingt heures que je juge qu'il serait peut-être le temps de rentrer, car mon père va finir par se demander où nous sommes, ma mère et moi, étant donner qu'elle m'attends pour rentrer. Elle m'a envoyé un message vers dix-huit heure pour m'informer qu'elle avait croisé une amie, qu'elle allait prendre un café avec elle, et que je n'aurais qu'à l'appeler quand j'aurais terminé. À pied, Evan me raccompagne jusqu'au même parc où il m'a croisé, et, sa capine remontée sur sa tête, pose sa main sur ma hanche pour me rapprocher de lui, et déposer un baiser doux, mais étrangement possessif sur mes lèvres.

BROKEN - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant