BROKEN - Tome 2

D I X - H U I T

Alexie

Le lendemain, j'arrive à la maison de Tyler avec une gueule de bois sans possible. Mon mal de crâne est indescriptible, et je m'en veux de ne pas avoir songé à prendre deux advils et un grand verre d'eau avant de m'être endormie en cuillère avec Evan, hier soir. Je crois que nous étions tous les deux épuisés, vidés, et complètement paumés. J'ai eu beau essayer à mainte reprises de m'excuser pour la soirée catastrophique que nous avons passée, Evan niait en bloc et m'a répété des dizaines de fois que ça allait, que ce n'était pas de ma faute, mais celle de Jonah, qui a passé la soirée à me remettre un verre à la main. Je croyais qu'il serait plus heureux de voir que je m'entends bien avec ses amis. Moi, je le serais, s'il s'entendait avec les miens. Mais au lieu de ça, tout ce qu'il trouve à faire, c'est me reprocher l'intérêt qu'il croit que Cameron a pour moi, ma nouvelle complicité parfaite au Beer Pong avec Jonah, et il refuse que je m'approche trop de Nate. La seule personne qui ne semble pas l'inquiéter est Adam, avec qui il semble plutôt apprécier mon amitié, mais sans plus.

— Mes parents m'attendent pour dix heures, dit Élie, en reprenant les vêtements que je lui ai emprunté la veille. Tu devrais faire de même, Alexie.

Je fronce les sourcils, mais elle a raison. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de lui parler, hier soir. Elle et Tyler étaient plutôt à l'écart, comme à leur habitude. Je sais qu'elle n'aime pas Evan, mais je croyais qu'elle ferait au moins un effort pour rencontrer ceux avec qui Tyler passe beaucoup de temps. Leurs amis sont adorables, ce ne sont pas tous des hommes suspectés de meurtre. Mais étant donné que j'ai eu le malheur de pencher pour celui-là, Élie s'est entré dans la tête qu'ils sont tous comme lui. Je trouve ça dommage.

Je me retourne vers Evan, qui hoche doucement la tête. Je l'embrasse doucement, tentant du mieux que je peux de lui faire ressentir à quel point je l'aime, pour ne pas avoir à le dire à voix haute devant Élie, mais, son front collé au mien, il prend les devants.

— Je t'aime, murmure-t-il, les yeux fermés.

Sans savoir pourquoi, je ressens une palpitation dans mon bas-ventre. Ça me le fait à chaque fois que je l'entends me dire qu'il m'aime.

— Je t'aime aussi, Evan, soufflais-je.

Je lui souris doucement, et étonnamment, il me le rend. Je croyais qu'il était encore furieux de mon comportement d'hier, mais je suis soulagée de voir qu'il ne m'en veut pas encore complètement. Je sors finalement en compagnie d'Élie, ma voiture est restée garée à l'avant.

En route pour aller la reconduire chez elle, je l'entends soupirer, puis se retourner lentement vers moi.

— Je peux te poser une question, Alexie?

Mes doigts se cramponnent au volant. Son ton sérieux et ses sourcils froncés me prouvent que ce ne sera pas qu'une question banale. Et je sais exactement le sujet principal de cette question.

— Oui?

— Pourquoi lui? Me demande-t-elle, sur un air réprobateur. Pourquoi l'avoir choisi, lui, parmi tous les autres?

Je sais ce qui s'en vient. Je vais encore avoir droit aux mêmes reproches, mais rien ne va changer. Je l'aime, et qu'elle me répète encore et encore les mêmes arguments ne suffiront pas à m'éloigner de lui.

— Je ne sais pas, Élie. C'est lui, c'est tout.

— Je ne comprends pas... Tu pourrais en avoir tellement d'autres! Tu es belle, tu es intelligente, et drôle! Des dizaines de garçons rêveraient d'avoir une fille comme toi dans leur vie...

Je m'impatiente.

— Arrête, la coupais-je. Tu peux dire ce que tu veux, tu peux me détester, m'insulter autant que tu veux... je ne changerai pas d'avis. C'est le seul que je veux et qui me fait sentir bien. Alors si tu veux continuer de me garder hors de ta vie, de nous jeter des regards de travers dès qu'il pose la main sur moi, alors vas-y. Mais je ne l'abandonnerai pas.