Alexie
Je suis effondrée. Je n'arrive même pas à décrire la douleur qui me traverse tout le corps... J'aimerais pouvoir hurler, crier, m'époumoner jusqu'à ne plus rien ressentir, mais le sentiment est bien là, présent, mesquin, rieur... Il se délecte de ma douleur.
Je ne comprends pas pourquoi il a fait ça. Pourquoi Evan a fait ça. Il m'a dit qu'il m'aimait... pourquoi me l'avoir dit, si ce n'était pas le cas? C'est peut-être le mot « amoureux » qui lui fait peur... Ou alors, il ne m'a jamais aimé. Et il a ressenti le besoin pressant de me le faire savoir, là, maintenant.
Je me laisse retomber sur mon lit, le visage pâle. Nous sommes restés plantés devant la porte d'entrée près de dix minutes après le départ d'Evan, et mon père n'a pas cessé de répéter que c'en était bien fait, que maintenant, ce « psychopathe » me ficherait la paix, et ne s'est pas gêné de dire Oh! Combien il était soulagé de ne plus avoir à se faire de soucis pour ma vie. Comme s'il s'en était fait, d'ailleurs. Tout ce à quoi il a pensé, durant tout ce temps, c'était pincé le garçon qui s'était emparé du cœur de sa fille. Maintenant qu'il l'a fait, il peut bien se taper dans les mains et retourner à ses activités malsaines avec ses secrétaires. Sa B.A de l'année est faite aux yeux de ma mère, bien sûr.
Pourtant, ma mère n'en semble pas si certaine. Elle m'a regardé durant de longues minutes, dévisageant chaque larme qui glissait le long de mes joues, devenues froides sans la chaleur d'Evan. Elle n'avait pas le même regard que mon père.
— Ma chérie, je peux entrer? Dit ma mère, doucement, en ouvrant lentement la porte de ma chambre.
Je ne la vois pas, mon corps tourné vers la fenêtre, que je n'ai pas refermé, espérant à chaque seconde voir Evan grimper par la gouttière. Pourtant, je peux très bien imaginer la tête curieuse de ma mère qui passe la porte pour me regarder discrètement.
Je ne réponds pas, mais émet un son qui semble lui suffire pour entrer. J'entends ses pas frêles sur le plancher de ma chambre, qui craque sous son faible poids, jusqu'à ce que le matelas s'écrase derrière moi lorsqu'elle s'assoit sur la couverture.
Je l'entends soupirer. Durant quelques minutes, elle reste silencieuse, et je devine qu'elle fixe le plancher, par le reflet que je vois d'elle par la fenêtre à moitié remonté.
— J'aimerais savoir quelque chose, Alexie...
Elle marque une pause, et continue après que j'aie soupiré à mon tour.
— Tu aime cet homme? Me demande-t-elle, d'une petite voix, comme si elle n'était pas certaine de vraiment vouloir en connaitre la réponse.
Elle pèse chaque mot, chaque syllabe. Elle le fait toujours, lorsqu'elle se demande si elle fait une bonne action, ou si elle se trompe complètement.
— Oui, maman... grommelais-je, la voix faible d'avoir pleuré durant près d'une heure.
Ma mère soupire à nouveau. Un soupire las, qui en dit long sur ce qu'elle pense. Elle ne me comprend pas, comme tous les autres qui ne connaissent pas Evan comme moi je le connais. Mais de toute manière, ça n'a plus vraiment d'importance.
— Tu sais, je ne suis pas certaine de bien comprendre... votre histoire, avoue-t-elle, en posant une main délicate sur ma hanche.
Je le savais. Bien sûr, comment aurait-il pu en être autrement? De nouvelles larmes naissent au coin de mes yeux, et lorsque je les ferme, elles se mettent à couler sur le tissu de mon oreiller. Une inspiration saccadée s'échappe de mes lèvres, avec un hoquet maladroit. Ma mère, qui remarque que je me suis mise à pleurer, se met à caresser délicatement mes cheveux, mon dos... Ma main se serre sur ma couverture, et mon poing, près de mon visage, devient presque blanc.
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BROKEN - Tome 2
Lãng mạnElle a enfin obtenue ce qu'elle voulait. Evan. Après avoir finalement compris qu'ils s'étaient épris l'un de l'autre, Alexie doit faire face à un nouveau problème : celui qu'elle se permet finalement de désirer est recherché par la police. Dévastée...