Chapitre 1: Le mur

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Je sentais le souffle froid de la nuit bercer mes longs cheveux auburn. Le silence régnait là où je suis postée, le camp était calme et les allées vides de vie.

J'aurais pu rester dans ma tente au camp de Washington mais, cependant, j'aimais venir ici et profiter de la vue que m'offrait la hauteur des murs nous séparant de l'extérieur, nous protégeant du monde encore infecté et dangereux. D'ici, j'avais l'opportunité d'être encore plus proche de la lune, de cette boule ronde et brillante. C'était le seul élément qui n'avait pas changé depuis l'infection, depuis la destruction de notre ancien monde. Elle restait grosse, dégageant une lumière surprenante et si blanche. Il n'y avait aucun nuage. C'était mon rendez vous avec la lune, le ciel, et ses milliers d'étoiles vacillant dans toute la galaxie. Je venais souvent sur les hauteurs des murs, me remémorant tout ce qui nous avions vécu depuis notre arrivée auprès des survivants, voilà maintenant deux ans.

Notre vie a énormément changé depuis notre arrivée dans le camp de Washington. Après m'être totalement remise de mon infection et avoir pris ma place dans le campement, j'avais décidé, avec une partie de mon groupe, de faire partie des patrouilleurs du camp. Nous aidions cet endroit en partant en tant que patrouilleurs dans les villes voisines pour ainsi, récupérer de la nourriture et le nécessaire demandés par les supérieurs du camp. Mais nous aidions également des survivants errant dans les environs. Nous leur offrions logement, nourriture et sécurité.

Ce fût de cette manière que nous avions sauvé Amy. Nous revenions d'une semaine de patrouille dans les environs et comme à mon habitude je regardais le paysage changeant à travers la vitre du camion. Habituellement j'observais les mêmes éléments, l'herbe, les arbres, les quelques voitures enfoncées dans les fossés. Ce jour là, j'étais quelque peu dépitée. Je voulais sauver des êtres humains mais plus je voyais les infectés se balader autour de nous plus je capitulais. Cependant j'avais eu tord. En focalisant mon regard vers les horizons campagnards je remarquai quelque chose au loin. Une ombre noire, accompagnée un peu plus au loin d'un amas d'autres silhouettes. J'en concluais rapidement que la première ombre était en danger. Je voyais ses bras gigoter dans tous les sens, probablement pour nous faire des appels à l'aide, pour attirer notre attention. J'avais très brièvement regardé mon groupe d'amis venu avec moi, Harry, Andrew et Sam. Ils ne prêtaient pas attention à la personne en détresse. J'ai alors immédiatement fait une remarque au conducteur mais lui jugeait qu'une vie humaine ne valait pas des dizaines et dizaines de balles gâchées. Il était prêt à abandonner une vie humaine pour ses convictions débiles de survivant militaire connaissant le combat impitoyable de trouver des munitions. J'étais contre cet avis. Totalement consciente du fait que personne dans ce camion n'abandonnerait la petite fille d'un militaire important, surtout d'Ed Taylor, arme à la main j'ouvris la porte. Alors que le camion continuait à rouler, j'ai sauté. Mes pieds entrèrent en contact avec le bitume de la route délabrée, puis mes genoux et tout mon corps les suivit. Je roulais sur quelques mètres contre le béton en entendant un peu plus au loin les pneus crissant des camions. Ils s'arrêtèrent pour moi. Je me relevai tant bien que mal en tapotant mes mains l'une contre l'autre pour supprimer les bouts de détritus accrochés à elles. Les portes de camions claquèrent et alors que j'avançais plus près de la personne en danger j'entendais les soldats jurer toutes sortes de gros mots à mon égard.

Je continuais d'avancer, jusqu'à ce que je sois assez près pour remarquer la jeune femme désarmée, se tenant le ventre, et courant vers moi. Je perçus son visage d'enfant terrorisée et son corps tremblant. Ses cheveux blonds salis volaient au vent.

Un peu plus au loin je remarquais la dizaine d'infectés enragés prêts à la rattraper. J'avais derrière moi l'appui des autres patrouilleurs et soldats et lorsque la jeune femme fut assez près de nous je lui hurlai de s'allonger au sol.

Vers Washington : Cobaye (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant