Chapitre 13 : Dégâts.

884 72 4
                                    



   Depuis le départ de mon grand père j'avais passé des heures à attendre, seule dans ma chambre et surtout attachée sans pouvoir me lever. Pour beaucoup être allongé était synonyme de repos et de détente, mais pour tout n'était que synonyme de malchance et de stress.

Finalement, un scientifique entra dans ma chambre les bras chargés d'un plateau rempli de nourriture. Au vu de ce que comportait le plateau j'en comprenais que nous étions au petit matin. Sans me dire un seul mot il déposa le plateau sur mes genoux. Je le voyais, tentant de remarquer où se trouvait la cicatrice de ma morsure. Dommage pour lui elle était cachée par les sangles.

« Vous comptez me laisser manger avec mes dents ou je peux enfin être libérée de ces foutues sangles ? »

Je le fixais jusqu'à ce qu'il décide à me libérer une unique main. Tel un robot il quitta la pièce et je le regardais bêtement.

« Idiot », murmurai-je.

Avec ma main libre je me libérai de l'autre sangle et je commençais à tourner mes poignets dans tous les sens. Certaines fois ces scientifiques pouvaient être de réels idiots. J'observais la porte. J'aurais pu l'ouvrir, m'enfuir d'ici mais je ne fis rien. Rester ici était l'assurance qu'Enzo soit libre et protégé.

Sentant mon ventre gargouiller j'avalais en moins d'une minute tout ce qui se trouvait à ma portée. Je bus d'une traite le verre de jus d'orange pressé et par la suite je déposais le plateau sur la commode. Par pure précaution je me mis à fouiller dans tous les tiroirs à ma disposition mais ils avaient pensé à dégager tout matériel pouvant me servir à les agresser. Je jurais un bon coup avant d'entendre des talons claquer dans le couloir. C'était peut être des personnes passant leur chemin mais je préférais jouer la vigilance alors je retournais dans mon lit en prenant soin de me rattacher un poignet.

La porte s'ouvrit et je restais neutre lorsque le sergent McCall entra dans ma chambre.

« Tu as bien mangé ? me demanda t-il avec un sourire que je détestais tant.

-Le meilleur repas de toute mon existence, ironisai-je.

-Et comment se fait-il que le plateau soit sur la commode ?

-Peut être parce que me détacher une main fait que je peux me libérer l'autre. Mais vous voyez je suis revenue à ma place et j'ai même pris soin de me rattacher. Je suis tellement adorable. »

Un sourire sarcastique prit place sur mes lèvres et d'un geste de la main le militaire me fit signe de le suivre. Je me détachais une nouvelle fois et j'attrapai la veste de mon grand père avant de le suivre sans dire un mot.

Je talonnais ses pas dans les recoins du bâtiment, essayant de comprendre où je pouvais me rendre.

« J'espère qu'un infecté ne m'attend pas dans l'une de vos stupides salles.

-Non. Nous t'avons promis de ne plus te laisser face à un infecté et nous tenons toujours nos promesses.

-C'est facile de promettre mais plus difficile de faire confiance.

-Je sais que tu n'as pas confiance en nous et que probablement ce jour n'arrivera jamais mais ne penses-tu pas que depuis que nous avons eu vos dossiers entre nos mains l'espoir est revenu en nous ? »

Je ne préférais pas répondre. Que dire d'autre que je comprends totalement car c'était le cas. Nous avions tous depuis l'infection cet espoir qu'un jour tout reviendra à la normale, et la normalité était de vivre sans le virus autour de nous et en nous. Je n'aimais peut être pas la manière dont ils avaient de rechercher à détruire le virus mais au final, y avait-il d'autres manières d'y mettre fin ? Pour comprendre comment le virus est entré en eux ils devaient avant tout savoir comment il fonctionnait. Et pour comprendre son fonctionnement ils devaient voir comment se dérouler une infection. Ils auraient pu choisir n'importe qui et le laisser se faire mordre mais cela signifiait faire de lui un homme mort. Moi, je n'étais comme eux,  je pouvais me faire mordre et ne pas mourir. Sans me rendre compte, mes dents commençaient à s'enfoncer dans ma lèvre inférieure. J'étais une chanceuse et depuis mon arrivée ici je n'avais jamais cherché à aider qui que se soit. J'avais été lâche et j'avais abandonné une société qui ne cherchait qu'à se reconstruire. J'avais empêché mon groupe d'amis à avoir peut être la chance de vivre sans avoir le virus en eux, j'avais laissé des enfants innocents vivre dans l'inconscience du danger qui était en eux. J'avais inconsciemment décidé de ne pas leur offrir le pouvoir de vivre comme des enfants normaux.

Vers Washington : Cobaye (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant