Épilogue.

551 63 6
                                    



 Alors que les militaires tentaient d'expliquer aux autres survivants du camp notre départ imminent pour la ville qui ne dormait jamais, mon groupe et moi préparions nos affaires pour quitter ce camp qui nous avait hébergés depuis près de deux ans. Enzo et moi étions les seuls enjoués à l'idée de retrouver notre ville natale et notre maison familiale, mais les autres, eux, n'étaient ni heureux ni mécontents. Après tout, pourquoi le seraient-ils ? Nous avions voyagé des mois avant de trouver refuge ici et nous devions maintenant l'abandonner.

Enzo et moi étions dans notre chambre en train de rassembler toutes nos affaires importantes pour ensuite les enfoncer dans nos sacs à dos. Ces satanés sacs à dos qui nous avaient accompagnés depuis le début de l'infection. Renfoncer des affaires à l'intérieur de ceux-ci me faisait comprendre que jour après jour nous reprenions nos droits sur la nature et sur les infectés se dégradant et pourrissant chaque année un peu plus. Nous avions survécu à la vague d'attaque, nous n'avions jamais cessé de croire que le monde était entre nos mains et non entre celles des infectés. Enzo finit par refermer la fermeture éclair de son sac à dos et alors que je l'observais je vis sur notre lit son bout de tissu bleu marine lui servant de doudou. Je souris. À onze ans je n'avais plus de doudou car je me jugeais grande fille mais les temps ont changé et Enzo, pour éviter les cauchemars, dormait toujours avec le sien.

« Vos affaires sont rangées ? »

Je me retournais vers la voix de Harry. Ses mains déposées sur les lanières de son sac, il nous attendait. Enzo et moi émîmes un oui et je déposais mon sac sur mon dos. Mon carquois le suivit.

La tente se vidait peu à peu de nos affaires personnelles, mon regard divagua vers le tissu maronné et je récupérais les photos accrochées sur celui-ci. Je ricanais en observant celle d'Enzo et moi grimaçant et je portais un peu plus d'attention à celle de Sam et moi. Harry avait toujours été jaloux de la complicité qui se reflétait sur cette photo et pour éviter une nouvelle crise silencieuse de sa part j'enfonçais les photos dans ma poche de pantalon. Peu à peu les garçons sortirent de leur chambres et nous fûmes vite rejoints par Amy, son bébé et Perrie.

Un nouveau départ s'offre à nous.

Quelques minutes plus tard mon grand père arriva dans notre tente. Je me raidis en remarquant qui l'accompagnait. C'était la personne que je haïssais le plus au monde, Chace. Un sentiment de rage s'initia en moi et je serrais les poings pour calmer mes émotions. J'écarquillais le regard lorsque mon grand père me regarda et je le vis mimer un ce n'est pas de ma faute.

« Les hélicoptères arrivent dans quelques minutes. Vous prenez le premier et Chace sera votre chef de départ et d'arrivée. »

Je ricanais ironiquement et Chace me fit les gros yeux. Si personne ne serait autour de lui l'une de mes flèches aurait déjà été implantée dans son crâne. Je le haïssais tout autant que lui me méprisait.

« Je serai là bas en début de matinée, continua mon grand père. Eli, tu fais tout ce que l'on te dit et tu ne t'aventures pas là où il ne le faut pas.

-Je n'ai pas quatre ans, ronchonnai-je.

-Peut être, mais disons que New York a changé depuis que tu es partie de la ville. »

Je plissai le regard, qu'entendait-il par New York a changé depuis que tu es partie de la ville ? Au lieu de répondre à ma question intérieure mon grand père s'enfuit de la tente. Chace ne bougeait pas d'un poil. Personne ne parlait autour de moi et pour éviter de tuer Chace et laisser aller à ma rage je laissais en plan tout le monde et partis loin de la tente.

Je n'allais peut être plus jamais avoir la chance de le faire alors je grimpais jusqu'en haut des murs pour admirer une dernière fois la vue que nous offrait les barrages contre le monstrueux monde extérieur. Pour une fois le vent ne jouait pas avec moi et le soleil pointait treize heure. Mon regard orientait vers l'horizon j'entendais peu à peu le bruit des moteurs des hélicoptères arrivant droit vers notre camp.

« Eli ! »

Je me retournais pour apercevoir derrière moi une petite tête brune monter l'échelle puis finalement me rejoindre. Je pensais qu'Enzo était le seul à m'avoir suivie mais je vis arriver par la suite des bouclettes brunes et une autre tête à la chevelure blonde. Enzo se colla contre moi d'un coté accompagné de Sam tandis que Harry s'installa de l'autre coté auprès de moi. Nous regardions tous dans la même direction, là où les bruits des hélicoptères se faisaient de plus en plus forts chaque nouvelle seconde qui passait. Puis au loin, nous vîmes trois objets volants arriver droit vers nous. Je sentis les doigts de Harry tentant de s'enfoncer dans ma main et je lui laissais l'accès libre aux creux de mes phalanges.

Durant deux ans j'avais espéré que d'autres villes avaient réussi à survivre face à l'invasion de l'infection. Chaque jour je perdais peu à peu espoir mais voilà qu'aujourd'hui l'un de mes souhaits les plus chers venait de se réaliser. Nous n'étions pas seuls, nous n'étions plus les uniques survivants. D'autres ont su se sortir de l'enfer qui nous entourait. De mon unique main libre j'enfonçais mes doigts dans la chevelure brune d'Enzo et je vis ses yeux pétillaient d'impatience et de soulagement.

New-York était sauvé.

Nous rentrons chez nous Enzo, pensai-je. Nous rentrons chez nous.

Vers Washington : Cobaye (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant