Chapitre 4 : La forêt et son ours.

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 Une journée dès plus ordinaire s'abattait sur moi puisqu'aujourd'hui j'avais le droit à une journée de repos. Je ressentais à travers le tissu marronné de la tente le soleil réchauffer la pièce.

Mes yeux à moitié fermés, j'étendis mes jambes jusqu'à entendre mes orteils craqués. Pour une fois j'avais passé une bonne nuit de sommeil. La preuve était que je n'avais entendu les garçons se lever. Enzo était probablement à l'école avec Dev et les autres pouvaient se trouver dans n'importe quel recoin du camp.

J'enfonçais mes pieds dans de grosses chaussettes et me rendis dans la pièce principale de notre tente. Les garçons m'avaient laissé le petit déjeuner sur la table à manger ainsi qu'un mot. Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire face à cette attention si simple mais réconfortante.

            Notre petite marmotte,

Enzo est parti à l'école en compagnie de notre fidèle professeur Dev. Sam, Nate, Andrew et moi sommes allés aux plantations. Le printemps est maintenant parmi nous et nous devons faire pousser nos fruits et légumes. Profites de ton petit déjeuner  et de ta journée,

            Ton bouclé.

 

Je ne pouvais pas m'empêcher de de nouveau sourire quant-au mot de Harry. Ses petites attentions si banales me comblaient amplement. Mais je savais que derrière son ton bouclé se cachait un moyen de dire que lui et moi formions en quelque sorte un nous. Hier soir, lorsque le reste de mon groupe est rentré, ils ont remarqué les photos. J'étais caché dans un coin, scrutant la manière dont Harry allait réagir en voyant Sam et moi sur la photo. Et mes questionnements se révélèrent bons. Il n'avait pas apprécié nous voir comme cela, si proches l'un de l'autre. Il s'était crispé et son visage avait changé d'expression. Triste et déçu il nous a lâchement abandonné pour aller « faire un tour ».

J'avalais rapidement des restes de céréales et je filais sous la douche. Cette sensation de propre me faisait un bien indéterminable. C'était mon moment de solitude, les seuls instants où je pouvais être uniquement avec moi-même et non être entourée de mon groupe d'amis. J'aimais leur présence, mais certaines fois nous avions tous besoin de calme et de repos. J'avais besoin de ces instants pour me motiver à survivre dans ce monde d'échéance totale.

Je n'avais rien à faire aujourd'hui, et bien que c'était mon jour de repos où personne n'avait la permission de venir m'ennuyer. Je partis tout de même aider les garçons aux plantations. Rester seule dans la tente toute une journée ne m'enchantait pas, surtout lorsque je savais que d'autres aidaient à l'intérieur du camp.  Alors je traversais les allées de tentes, évitant celle de la femme rousse maintenant veuve par ma faute. Je souhaitais passer une bonne journée et la voir ne ferait que la transformer en cauchemar.

Les plantations se trouvaient au Sud du camp, de là bas dès le petit matin jusqu'au soir les rayons du soleil touchaient le sol terreux. Des hommes, femmes, et jeunes adultes ratissaient déjà les terres. Pour une journée de début de printemps les températures semblaient être au dessus de la normale et lorsque c'était le cas nous pouvions apercevoir les hommes se dévêtir et montrer leur torses nus soient musclés, soient bien en chaire. Les mentalités n'avaient pour autant pas changées. Les hommes avaient, sans remord, le droit d'enlever le haut mais les femmes elles, devaient rester couvertes. Pour des raisons de sécurité il était demandé à ce que les femmes restent dans des tenues correctes, sans connotation sexuel. Nous ne connaissions pas le passé des autres survivants, nous voulions éviter les accidents. Mais je trouvais cette idée affligeante. Les femmes étaient capables de se défendre, nous n'étions plus faibles, sans défense.

Vers Washington : Cobaye (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant