Chapitre 17 : Ses beaux yeux bleus.

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 Je faisais mon maximum pour garder mes yeux ouverts en direction d'Enzo mais je sentais mon corps me supplier de dormir quelques instants pour reprendre des forces. Dans mon siège, je collais monde plaide contre mon nez et j'essayais de trouver un sommeil éveillé. Mon grand père était toujours dans la pièce mais ses lourds et bruyants ronflements ne m'offraient que des interrogations à son sujet. Je me demandais comment pouvait-il dormir si paisiblement alors que son unique petit fils était allongé en face de lui toujours inconscient.

Pour me vider l'esprit de mes doutes je pensais à certains moments que j'avais pu partager avec mon petit frère, et, très étrangement le premier qui me vint à l'esprit fut le moment où nous habitions toujours à New York et que l'alarme d'urgence avait sonné, nous avions dû nous rendre dans la cave pour plus de sécurité. À ce moment là nous n'avions pas la moindre idée que des murs allaient nous séparer du monde entier.

Prenant la ma main d'Enzo dans la mienne je lui promets, pendant notre descente dans la cave, que tout ira bien, que dans peu de temps nous ressortirons de là et que nous retrouverons notre vie d'avant. Ses beaux yeux bleus ne quittent pas mon corps. Depuis sa plus tendre enfance il a toujours détesté la cave à cause de mon père et moi. Un jour nous avions voulu lui jouer la scène d'un film d'horreur et l'avions enfermé avec nous dans la cave, mais surtout dans le noir. Il pleurait et gémissait pendant que nous enfilions des masques fluorescents. Nous avions commencé à l'appeler en murmurant son nom et lorsqu'il est arrivé dans la même salle que nous il s'est mis à hurler et à nous taper dessus. Ma mère nous avait criés dessus pendant des heures quant-à l'acte affreux que nous venions de commettre mais je ne pouvais pas m'empêcher de rire.

« Tu sais Enzo, c'était nous dans la cave tu n'as pas besoin d'avoir peur, il n'y a pas de monstres à l'intérieur, juste des milliers d'araignées qui ont envie de te grimper dessus.

-Eli, c'est pas drôle, dit-il tout en me frappant l'épaule.

-Tout ira bien, je suis là. Tu n'es pas seul. »

Il n'y a plus de lumière à cause de la coupure de courant mais j'ai pensé, avant d'amener Enzo dans nos souterrains, à ramener tout le matériel de survie en cas de problème de ce genre. Depuis toute petite je suis une fille préventive et voilà que mes heures de préparation en cas d'urgence viennent de porter ses fruits.

Je referme la porte à clé derrière nous et j'allume l'une de mes lampes de poche que je dirige en direction des escaliers pour empêcher Enzo de s'emmêler dans les marches et de chuter dans les escaliers. Je descends en trompe pour le rejoindre dans la première pièce de la cave. Je sens déjà l'air se rafraîchir et j'espère que nous ne resterons ici que pour un temps très limité. Je vois Enzo allumer une deuxième lampe torche et il regarde ce que j'ai ramené ici. Deux matelas, de la nourriture, de l'eau, des couvertures, des jeux de sociétés et plusieurs seaux pour... Vous savez quoi.

« Hôtel cinq étoiles, tu ne trouves pas ?

-Eli...

-Nous sommes pour un certain temps des hommes préhistoriques, mais avec une touche de sophistication. »

Avec ma lampe torche dirigée vers son visage je vois sa moue d'insatisfaction mais je ne relève pas. Il est comme moi, un être vivant dans la bourgeoisie et le luxe alors je peux comprendre que vivre dans une cave n'est pas plaisant pour lui. Mais je sais qu'il y a autre chose derrière ses émotions d'enfant gâté. Il a peur, peur de pourquoi l'alarme d'urgence s'est mise en route, de pourquoi des dizaines et dizaines d'hélicoptères militaires sont arrivés de nulle part vers New York et qu'à présent nous sommes obligées de nous enfermer ici, dans le noir, sans réelle raison malgré le fait que nous avions vu quelques minutes plus tôt cette image d'un homme mordant un journaliste dans les rues de Los Angeles. J'attrape sa main et l'emmène vers les matelas posés à terre contre les murs. Je l'incite à s'asseoir auprès de moi.

Vers Washington : Cobaye (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant