Chapitre 19 : Harry.

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 Enzo avait finalement arrêté de bouder sans raison. J'avais réussi à trouver une place dans son lit pour m'allonger contre lui. Il jouait avec mes légères boucles de cheveux tandis que je le regardais faire, amusée de la situation.

J'avais beau n'être partie qu'une heure, mon ange aux tâches de rousseur m'a manqué. Je me demandais comment j'avais pu supporter l'idée de le laisser une semaine loin de moi lorsque je partais en patrouille en dehors du camp. Mais je compris rapidement pourquoi je ressentais tant ce manque, je m'inquiétais encore de son état physique.

« Je- peux avoir- la photo ?

-Je l'ai toujours sur moi. »

Je sortis de ma poche de pantalon les deux photos de nous deux. Elles me donnaient l'impression d'avoir été prises il y a bien longtemps, un temps où tout allait bien. C'était le cas, en quelque sorte. C'était à une époque où lui et moi avions reconstruits notre vie avant que tous les événements de ces derniers temps ne nous surgissent en plein visage. Je lui tendis la sienne et il l'attrapa délicatement. Il la regardait tendrement, touchant mon visage placardé sur ce bout de papier.

« Je pensais- l'avoir perdu.

-Elle s'appelle revient, tu ne peux pas la perdre. »

Je ne pouvais pas m'empêcher de sourire. Sa petite voix d'enfant déçu refaisait surface. Pensait-il que j'allais lui en vouloir d'avoir perdu notre photo après tout ce qu'il lui était arrivé ? Je lui tendis la mienne.

« Tu peux garder celle ci aussi Enzo. Et pas de mais. Tu es ici et je n'ai pas besoin d'une photo de toi pour me rappeler que tu es mon petit ange à moi, et rien qu'à moi. »

Ses bras de pré-adolescent encore faibles enveloppèrent mon buste et il vint poser sa tête contre mon épaule. Son corps chaud contre le mien faisait ressortir l'amour fraternel que j'avais pour lui. Il était ma raison de vivre. Il était même ma vie.

« Tu sais il va falloir me lâcher, je dois nettoyer ta plaie.

-Non- pas envie.

-Je sais Enzo, ça pique. Mais tu es un grand gaillard non ? Montres moi que des petits picotements ne vont pas te briser en morceaux. »

Je l'entendis émettre un grognement et en me relevant du lit je le voyais, les bras contre son buste ainsi qu'avec une moue d'enfant boudeur sur ses lèvres.

« Tu es un vrai bébé Enzo. »

Il me tira la langue. Oui, malgré ses onze ans mon petit frère était toujours un bébé.

En enlevant le bandage de sa blessure j'avais face à moi sa morsure. Elle n'était plus saignante depuis des jours mais, finalement, j'aurai préféré la voir en sang car à présent je distinguais sa chaire essayant de se reconstruire. Ce n'était la plus charmante des vues. Ma morsure n'était pas aussi profonde. J'avais finalement eu plus de chances que lui. Je remarquais les traces de la dentition de l'infecté. Ces traces qui resteront pour toujours gravées sur sa peau. Je comprenais pourquoi il n'aimait pas être désinfecté, il devait souffrir le martyre.

« I need a hero,

I'm holding out for a hero til' the end of the night."

Mon regard dirigé vers lui, je le vis neutre face à la douleur. « Chantes la chanson du héros Eli ». La musique avait le don d'adoucir les peines et cela fonctionnait agréablement sur mon petit frère. Je continuais à désinfecté sa plaie à l'aide d'alcool médical.

Vers Washington : Cobaye (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant