Chapitre 6 : Sous marin.

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  L'image de la silhouette s'enfuyant loin de moi m'a hantée toute la nuit. Dans mon lit, aux cotés d'Enzo je la revoyais, cette ombre floutée par les rayons du soleil couchant. Notre nouvelle nature d'être humain nous obligeait à survivre alors pourquoi s'enfuir d'un lieu sécurisé ? Pourquoi ne pas avoir tenté de s'approcher de nous et de nous demander de l'aide ? Harry pensait que j'avais halluciné. Lui ne l'avait pas vu, mais moi oui. J'étais sûre de cela. Peut-être n'osait-elle pas venir à nous ? Peut être avait-elle peur de ce qu'il pouvait y avoir derrière nos hauts murs sécurisés ?

Enzo bougeait dans son sommeil et plaqua ses lèvres contre mon épaule. Mon cœur se réchauffait d'amour à son égard. Il y avait eu lui et moi dans notre grande maison à New York, lui et moi errant dans la forêt et maintenant c'était lui et moi à Washington. Je voulais me lever mais je ne sentais pas capable de lui enlever cet havre de paix qu'il méritait tant. Alors j'attendais, le regard observant mon ange aux tâches de rousseur.

« On se réveille là dedans ! »

Je sursautai en entendant une voix inconnue. Le son provenait de l'entrée de notre tente et cela ne pouvait pas être une coïncidence si on venait nous réveiller nous et non les habitants des tentes d'à coté. Enzo cligna des paupières et je lui dis de rester dans le lit, le temps d'aller voir qui nous appelait.

En ouvrant la porte en tissu de notre chambre je tombais nez à nez avec un militaire. Mes mains devinrent soudainement moites, par peur que quelqu'un m'ait vu il y a quelques jours agresser l'un de leurs confrères maintenant mort.

« On doit partir d'ici quinze minutes, m'énonça t-il en toute neutralité.

-Pardon ? »

J'étais... totalement désemparée. Habituellement, lorsque nous devions partir en mission en dehors du camp le chargé de mission nous prévenait une semaine à l'avance.

« On vient de recevoir un appel. Enfin, du moins, une émission d'ondes de la part d'un sous marin de la NAVY. Il provient de Virginia Beach.

-Vous- vous pensez qu'il y a d'autres survivants ? Des militaires ?

-C'est possible. Pourquoi des ondes se mettraient en route si personne n'était à l'intérieur ? On ne peut rien certifier pour le moment. »

D'autres survivants ? D'autres survivants de ce virus étaient peut être à Virginia Beach. J'étais obligée de sourire, de me sentir soulagée. Le monde n'était pas totalement dépeuplé. Nous réussissions à survivre et plus nous étions nombreux plus nous étions forts. Le militaire partit et immédiatement après cette annonce je partis réveiller les garçons pour cette future grosse journée.

Je pris une casserole ainsi qu'une spatule et lorsque j'ouvrais les chambres des garçons partants avec moi j'entrechoquais mes deux instruments de torture. Je les entendais ronchonner mais ils se levèrent tout aussi vite. Je déposai mes nouveaux ustensiles de torture sur la table à manger et je partis rejoindre Enzo, s'étirant dans le lit.

« Enzo ? »

À son tour de ronchonner.

« J'ai une mission Enzo, je pars. »

En une demie seconde il passa d'une position allongée à une position assise. Je voyais à travers ses yeux bouffis de la peine. Je l'abandonnais, encore.

« Tu ne peux pas partir Eli. Pas encore. Tu as déjà fais un voyage cette semaine, gémit-il.

-Je sais Enzo. Mais imagines-toi qu'il ait des survivants là bas, qu'ils nous attendent, qu'ils veulent rentrer sur leurs terres natales. Ils méritent de rentrer et je dois y aller pour les aider. »

Vers Washington : Cobaye (Tome 2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant