« ... » - Harry
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Trois jours qu'Harry est interné dans un hôpital psychiatrique du sud de Londres, trois jours qu'on ne me laisse pas le voir. Ils disent que je pourrai lui rendre visite dans une semaine 'si tout se passe bien' d'après leurs mots, mais je n'ai aucune idée de ce qu'ils appellent bien se passer. Je ne suis pas bien, cette situation me rend malade, ne rien savoir me rend dingue, ne pas le voir me ronge.
Son père m'a dit que Connard était chez Carla, que c'était elle qui le gardait, car lui ne pouvait pas s'en occuper. Je suis sur la route, je veux le récupérer. Il est à Harry, il doit être avec moi, c'est notre chien à nous. J'ai appelé Carla, elle m'attend. Je me gare devant chez elle, quand elle ouvre la porte et qu'elle pose les yeux sur moi, il y a tellement de tristesse et de peine dans son regard que je sens quelque chose se serrer en moi. Sans un mot elle me prend dans ses bras, je fais attention à son gros ventre entre nous. J'apprécie Carla, même si on ne se connaît pas énormément, son câlin me fait du bien. C'est une amie d'Harry, c'est même sa seule amie et dans un sens c'est réconfortant de savoir que je ne suis pas le seul à avoir mal. Elle finit par me relâcher et m'invite à entrer. "Comment tu te sens ?" Je hausse les épaules. Pas bien je ne me sens pas bien.
"Ils ne me laissent pas le voir.
- Je sais, ils ne me laissent pas le voir non plus."
Je fais à peine trois pas que Connard débarque comme un fou suivit par Roucky le husky de Carla. Il me saute dessus, je manque presque de perdre l'équilibre, il me tourne autour en remuant la queue et en gémissant, il grimpe jusqu'à ma taille en se mettant debout sur ses pattes, il saute et recommence. Il ne m'avait jamais fait une fête comme ça, il a l'air tellement heureux de me voir que j'en ai les larmes aux yeux... Je réalise qu'il m'aime, peut-être pas autant qu'il aime Harry, mais je prends conscience que moi aussi je compte pour lui. Mon cœur se serre tellement fort que j'ai envie de pleurer. Il est heureux ici, surtout qu'il a un copain avec lequel jouer, pourtant il est collé à moi comme s'il avait peur que je parte sans lui. Carla nous a servi un thé, on s'est installés à la table du salon et depuis l'instant où je me suis assis, il a sa tête posée sur mes jambes et il ne bouge pas. Je le caresse distraitement tout en parlant. En réalité, j'ai juste envie de rentrer chez Harry et d'être seul, mais je ne peux pas partir comme ça, je sais qu'elle souffre de tout ça elle aussi. On ne parle pas de ce soir-là, elle sait que c'est moi qui l'ai trouvé et ce qu'il a fait, mais rien de plus. Je n'ai pas le courage, ni la force de lui raconter quoi que ce soit. On parle du bébé qu'elle attend, de l'accouchement qui commence à se rapprocher. Du fait qu'elle et son fiancé James, ne veulent toujours pas savoir le sexe pour avoir la surprise, mais que ça complique dans le choix des vêtements à acheter à l'avance. Je tiens la conversation, pourtant mentalement je ne suis pas là, mes yeux sont perdus dans le vide.
"Je suis là Louis.
- Hm ?"
Je reporte mon attention sur elle, elle a compris que je n'avais pas entendu, alors elle répète en me prenant la main à travers la table.
"Si ça ne va pas, je suis là. Tu peux venir quand tu veux, ma porte te sera toujours ouverte."
Je la remercie d'un hochement de tête sincère. Quand elle me raccompagne à ma voiture une trentaine de minutes plus tard, elle me prend encore une fois dans ses bras, pour me dire au revoir. Je me rappelle de la fois où l'on est venus avec Harry, le jour où elle lui a demandé d'être le parrain de son bébé, elle l'avait pris dans ses bras exactement de la même façon.
Je ne pensais pas que ça arriverait un jour, mais Connard est assis à l'arrière de ma voiture et je n'ai même pas peur qu'il bousille le cuir de la banquette, tellement je me fous de tout. Dès que je m'engage dans la grande allée qui mène chez Harry, il commence à gesticuler dans tous les sens en reconnaissant l'endroit. Je contourne la maison pour me garer derrière, juste à côté de son 4x4. Une boule se forme dans mon ventre, c'est dur de voir son Range Rover ici alors qu'il n'est pas là, qu'il est enfermé dans un endroit où on ne me laisse pas le voir. C'est Connard qui me ramène à moi en me mettant un coup de patte. Je soupire et je descends avant de relever mon siège pour qu'il puisse descendre à son tour. Il part comme un fou dans le jardin, il court en rond avant de revenir tout aussi rapidement dans mes jambes, pendant que je monte le vieil escalier de pierres. Il arrive en haut avant moi, il gratte à la baie vitrée en geignant.
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DEGRADATION Tome III
FanfictionAprès tout ce temps, voici enfin le dernier tome de l'histoire. J'espère que vous l'aimerez autant que j'ai aimé l'écrire. Bonne lecture. ♡ RÉSUMÉ Quand on vit différent, on meurt différent. Si on cherche sur Internet la définition de l'Amour, on...