Chapitre dix

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« Un jour une personne m'a dit : "Accepter d'être triste permet de ne plus chercher à être heureux." Je crois que j'ai trop accepté la tristesse qu'il y a en moi. Je l'ai laissée me détruire au point de ne plus savoir être heureux, au point de ne plus en avoir envie. J'ai eu tort de croire que Louis pouvait me sauver. » - Harry

"Comme ceci ?" Je prends le petit miroir que le tatoueur me tend et je regarde. "Un peu plus sur la gauche." Il passe un coton imbibé de je ne sais pas trop quoi sur ma peau pour effacer le dessin et il recommence.

"Ici ?

- Oui ! C'est parfait !

- Ok."

Je lui rends le miroir. Il commence à tout préparer et moi à vraiment stresser, surtout en voyant les aiguilles.

"C'est ton premier tatouage ?

- Ouais. Ça fait mal ?"

Je demande en essayant d'avoir l'air détendu et cool mais c'est un échec total. Il hausse les épaules. "Rien que tu ne pourras pas supporter." Il me rassure en me faisant un clin d'œil. Si on enlève sa barbe de trois kilomètres et ses tatouages de la tête aux pieds ? ça aurait pu marcher. Enfin jusqu'au bruit de la machine qui ressemble à une tronçonneuse -en moins fort CERTES, mais tronçonneuse quand même. Je regarde l'aiguille monter et descendre à la vitesse de la lumière quand il la trempe dans l'encre.

"Prêt ?"

Non, j'ai juste envie de partir en courant, en roulant même, en Moonwalk galipette arrière chenille qui rampe, mais je me rappelle que je suis un mec alors...

"Prêt."

Je suis déterminé, ou plutôt j'essaie. Ce n'est pas de ma faute si je ne supporte pas la douleur, je ne l'ai jamais supportée et encore moins quand il s'agit d'aiguilles. Rien qu'une simple prise de sang c'est une épreuve pour moi, alors un tatouage... mais je veux le faire. Il s'approche de moi et quand il commence, je suis tellement crispé que j'ai les poings serrés et ça fait mal. "Détends-toi, relax." Relax, relax, relax, plus facile à dire qu'à faire, mais j'essaie quand même. Je ferme les yeux en me forçant à respirer calmement et finalement ça ne fait pas si mal que ça. Bon ok ça pique et il me tarde que ce soit fini mais ce n'est pas insurmontable. C'est supportable. Il sourit sans quitter son travail des yeux.

"Tu vois, tu survis.

- Grave ! Je m'attendais à pire !

- Se tatouer une lettre c'est vraiment symbolique et une belle preuve d'amour. Alors qui est l'heureuse élue ? H comme ?

- Harry.

Je vois la surprise qui passe sur son visage, mais elle ne dure que quelques secondes. Il relève son aiguille pour la retremper dans l'encre, il en profite pour me regarder. "C'est cool je trouve, en plus avec le mariage gay qui a été autorisé récemment et tout ça." Je me mets à rire. "On en n'est pas encore là, mais oui c'est bien que les gens commencent à s'ouvrir un peu à tout ça." Comme il dit.

"Tu penses qu'il va lui plaire ?" Torse nu je regarde Connard derrière moi dans le reflet du miroir. Il est assis à l'entrée de la salle de bain, il me regarde en remuant la queue. Il a l'air content. Encore une fois je réalise que mon humeur se reflète vraiment sur lui. Depuis qu'Harry est revenu à lui il y a trois jours, je vais mieux et j'ai l'impression que Connard aussi. Il a recommencé à faire des trous dans le jardin, je n'aurais jamais cru dire ça un jour, mais je suis content qu'il ait recommencé à faire son gruyère géant.

DEGRADATION Tome IIIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant