Chapitre 8

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THOMAS

Le vent de Novembre me fouette le visage pourtant il ne me donne pas froid. Qu'est-ce qui le pourrait après le moment super chaud que je viens de passer. Elle m'a embrassé. Je l'ai embrassé. Sous ses airs de grande gueule et ses sourires débiles elle m'a laissé entrevoir que je l'attirais.

La rue est sombre et le peu de passants que je croise n'arrivent pas à m'ôter les images que j'ai dans la tête. Sa main brûlante lorsqu'elle la pose contre mon torse. Sa voix envoutante lorsqu'elle me dit des insanités. Ses lèvres si douces lorsqu'elle les pose sur les miennes. Sa respiration saccadée qu'elle doit à l'excitation du moment. Je suis sûr que tu n'as jamais vécu de moment aussi chaud de ta vie, Julia. Mon corps pressé contre le sien m'a permit de sentir l'effet que mes gestes avaient sur elle. Ton corps ne peut pas me mentir et je sais maintenant ce que tu désires. J'entends encore ses bruits haletants qui aurait pu avoir raison de moi si Nick n'avait pas toqué à la porte de sa chambre. Ce con aurait pu patienter une heure ou deux le temps que les choses sérieuses se passent. J'étais, et je le suis encore, excité comme un malade. Je serais passé à l'étape suivante en plaçant mes remords de côté. C'est ce que je fais à chaque fois : je séduis, je baise, je pars, je n'y pense plus. Mais là, quelque chose me dit que j'aurais regretté le lendemain.

Elle doit s'en vouloir, elle ne laisse personne la déstabiliser. Pourtant c'est exactement ce que j'ai fait, ce que je tentais de faire depuis qu'elle est arrivée. Je voulais renverser la fille naïve. Mais l'est-elle vraiment ? Ce que je lis dans ses yeux me hurle que non mais ses gestes sont aussi légers et futiles qu'une adolescente qui ne connaît rien à la vie. Son goût est encore présent sur ma langue mais il commence à s'estomper. Une sensation de manque s'empare de moi. Mais putain mec, ce n'était qu'un baiser ! Je déplace ma colère sur elle, c'est tellement plus facile de lui en vouloir. C'est à cause de cette conne que mon esprit se trouble et que mes sentiments se font la guerre, alors pas de pitié.

Je continue de marcher ne sachant pas où je vais. Il fallait que je parte, j'ai obtenu ce que je voulais, il n'y avait aucune raison pour que je reste. J'aperçois soudain un starbuck fermé, normal vu l'heure qu'il est, ça veut dire que je suis à proximité du campus. Les rues sont désertes, seul les voitures  donnent de la lumière à cette obscurité rassurante. Je me repère facilement, et je tourne au prochain croisement, j'ai besoin de penser à autre chose.

Lorsque j'arrive en ville je me sens instinctivement apaisé, ses lumières ont toujours eut cet effet sur moi. Il y a tellement de choses qui ne tournent pas rond ces derniers temps alors je passe beaucoup plus de nuits ici. Je m'assois sur un banc, celui où sont collés les autocollants d'un groupe de rock. Je regarde l'agitation de la rue, vide mon esprit dans le ciel étoilé et me réfugie dans la lumière des réverbères ainsi que dans les néons des enseignes des commerces. C'est Matt qui m'a trainé ici la première fois, lorsqu'il m'a vu en badtrip. Ca avait été l'une des pires soirées que j'avais vécue depuis longtemps. Le joint que j'avais pris était censé libérer mon esprit, seulement les effets escomptés ont vite laissé place à une solitude immense. Même si je n'ai pas peur d'être seul, j'ai toujours était seul, l'oppression que j'ai ressentie en moi aurait pu me faire perdre pieds, me détruire. On s'était alors assis sur un banc à regarder l'effervescence de la rue, sans dire un mot. Ce fut la première fois que je me senti pleinement apaisé depuis le décès de ma mère. On peut choisir ses amis, à défaut de sa famille, et c'est à ce moment que j'ai choisi Matt comme lui m'a choisi moi.

On se connaît depuis notre entrée à l'université, il s'en foutait de la vie et c'était pareil pour moi alors on a trainé ensemble. Lui est devenue footballeur et moi musicien mais ça, c'est des détails. Il vient d'un milieu aisé, je sais qu'il a vécu en France un petit bout de temps avant d'atterrir ici. Il n'est là que pour acquérir un diplôme qui ne lui servira à rien, puisqu'il sait déjà qu'en rentrant chez lui, un poste dans l'entreprise familiale l'attend. Alors, il n'a rien à perdre. J'ai quelque chose à perdre. Pourtant, malgré nos différences, on fonctionne de la même façon.

It's Time, Tout commence avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant