Je n'ai même pas besoin de frapper à la porte pour pouvoir entrer, puisqu'elle est déjà grande ouverte. De la musique s'échappe de la maison et l'ambiance semble être à la fête. C'est le même genre de soirée qu'il y avait la fois où Thomas et moi avons dansé dans sa chambre. Le même genre de soirée où je l'ai vu collé à d'autres filles. J'observe les alentours peu sûre de moi, je me demande encore ce que je fais ici. Mes premières impulsions ne me conduisent jamais sur le bon chemin et pourtant, je suis tout de même montée dans ce taxi. Je n'ai pas pensé aux conséquences que cela aurait alors qu'elles paraissent évidentes pour tout le monde. Et je ne veux pas y songer maintenant non plus, sinon je risque de me dégonfler et d'abandonner. Seulement ce n'est pas le moment, et j'espère de tout cœur que ça ne le sera jamais.
J'entre dans cette fraternité que je connais par cœur et emprunte le chemin habituel. Je croise certaines personnes qui partagent mes cours, certains que j'ai rencontré grâce au hasard. Mais je ne m'arrête pas. Je suis si angoissée que je peine à respirer entre tous ces corps, terrifiée à l'idée de ce que je vais découvrir. Mes pieds se dirigent d'eux-mêmes vers les escaliers et je grimpe les marches une à une. J'ai l'impression de monter au purgatoire, pour je ne sais quelle raison j'ai peur de les emprunter pour la dernière fois. Un jeune homme blond platine me bouscule ne m'offrant qu'un sourire lubrique pour s'excuser. Seulement je n'en ai que faire, je suis comme déconnectée de la réalité jusqu'à ce que j'arrive devant sa porte. J'hésite. Dix secondes, vingt, peut-être même trente, je ne sais pas quoi faire. Alors je toque, c'est ridicule, il ne m'entendra pas avec la musique qu'il y a ici. Mais je toque. Je m'accroche à la hanse de mon sac qui a supporté tous mes tracas ce soir, comme un naufragé à son radeau. Seulement, j'attends qu'on me jette la bouée pour lâcher...
Je m'apprête à toquer une deuxième fois lorsque la porte s'ouvre brusquement. J'effectue deux pas en arrière et affiche un regard inquiet à Matt qui se tient devant moi. Son regard si dur s'apaise pour laisser apparaître une pointe de soulagement. Mais je ne lâche pas cette foutue hanse, même lorsque j'entre dans la pièce. La lumière est allumée et pourtant, on ne distingue pas grand chose. J'attends que mes yeux s'accommodent avant d'effectuer quelques pas de plus. J'observe la chambre comme si c'était la première fois que je la découvrais et dans un mouvement lent je tourne ma tête vers l'objet de tous mes désirs, de tous mes maux. Il est là, assis sur le lit, les cheveux en pagaille et le visage marqué. Tous ses traits sont tirés et ses muscles bandés. Etaient-ils en train de se disputer ? Lorsqu'il lève la tête mon souffle se coupe, je n'ose plus bouger comme si j'étais paralysée. Nos regards se croisent et la douleur que je lis dans les siens me fait monter les larmes aux yeux. Mais ce n'est que de courte durée, aussitôt qu'il s'aperçoit être aussi transparent, Thomas revête son masque et se coupe du monde. Un bruit sec nous coupe dans notre échange silencieux et nous nous tournons vers Matt qui a fermé la porte pour s'y adosser. Les bras croisés il ne dit rien, il nous observe juste. Je suis sur le point de lâcher mon pauvre sac lorsque Thomas s'exclame :
- Pourquoi tu l'as appelé ! Elle n'a rien à faire ici !
Seulement, son meilleur ami ne répond rien. Du regard, il le défi de faire quelque chose dans l'état où il se trouve. Et lorsque Thomas prend conscience qu'il n'en tirera rien de lui, il se tourne vers moi. Son ton est dur et sa voix pâteuse ce qui ne l'empêche pas de crier :
- Casse toi Julia ! Je ne veux pas de toi ici !
Je déglutis difficilement à ses paroles et tente de conserver un visage neutre. Mais Thomas sait lire en moi, il connaît toutes mes vérités, il sait très bien que ses mots me blessent. Et pourtant, il continue de les utiliser... Son regard est trop dur à supporter alors je fixe un point imaginaire sur le mur et souffle un grand coup. Je reste dans cette position même lorsque j'entends Matt nous parler d'une voix plus calme :
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It's Time, Tout commence avec toi
Romance" Si l'eau pouvait éteindre un baiser amoureux, Ton amour qui me brûle est si fort douloureux, Que j'eusse éteins son feu de la mer de mes larmes. " Pierre de MARBEUF Julia, jeune fille de dix-huit ans emménage dans une colocation avec sa meilleure...