THOMAS
Je déteste les aéroports, je déteste les avions et je déteste cette connasse d'hôtesse de l'air qui a du me demander un million de fois durant le décollage, le vol et l'atterrissage si je n'avais besoin de rien. "Non je ne veux pas d'eau ou d'une couverture alors va faire chier Matt, il semble beaucoup plus réceptif que moi !" Je crois que mes yeux ont transmit le message à la place de ma bouche parce qu'elle rougit de honte et tourne les talons. Mon ami me fait les gros yeux avant de s'esclaffer comme un gosse. Je suis enfermé depuis plus de cinq heures dans cet appareil, ce n'est vraiment pas le moment de m'embêter. Je ne prête même pas attention aux paroles du pilote sauf lorsqu'il mentionne que nous pourrons sortir dans dix minutes juste le temps de désarmer les toboggans et de... Ca y est je n'écoute plus !
Le vol a été horrible, Matt et moi n'étions pas à côté mais seulement séparés par un couloir. Il s'est foutu de mon air ronchon sans me laisser le moindre répit. Tu m'étonnes que je ne sois pas de bonne humeur. Le couple de vieux de ma rangé n'a pas cessé de me déranger pour aller aux toilettes, sans compter leurs commentaires inutiles dès que je lançais un film. En plus, impossible de fermer l'œil dans ces fauteuils étroits ! Tandis que Matt et sa chance de cocu s'est retrouvé à côté d'un garçon et de sa mère, sages comme des images. Un enfant calme, en avion, qui ne gigote pas ? Inimaginable, me dirait-on mais il y a des exceptions à la règle et ce gamin en fait clairement parti. Il n'a pas dit un mot sauf pour raconter deux trois trucs à mon ami qui semblait beaucoup s'intéresser à ses propos. J'étais à la limite d'être jaloux de ne pas, moi aussi, pouvoir me distraire avec les histoires de cet enfant âgé de même pas six ans. Matt adore vraiment ce genre de chose pourtant ça ne va tellement pas avec sa personnalité. Il couche à droite à gauche sans jamais vouloir se caser mais dès qu'il voit un enfant il se transforme. Je les déteste tandis que lui les admire. Mais il préférerait crever plutôt que de l'admettre. Ah mon petit Matt, tu ne peux rien cacher à ton copain Thomas !
L'avion s'arrête au milieu de la piste et lorsque l'espoir de sortir enfin d'ici prend le dessus sur mes émotions je suis vite calmé par la voix du pilote. Il se fou vraiment de moi ce con ! Il se démerde comme il peut pour expliquer que nous ne pouvons pas encore sortir car les escaliers qui sont censés nous faire descendre de l'engin ne sont pas encore disponibles. Lorsqu'il annonce que nous devons encore patienter trente minutes, je ne peux m'empêcher de lâcher un juron comme le reste des voyageurs.
- Mon petit, il ne faut pas être aussi grossier. Tu as toute la vie devant toi, ce n'est pas trente petites minutes qui vont te tuer, me dit la vieille dame d'une voix emplie de douceur.
Mais elle va la fermer ? Je m'en fou d'être grossier ou d'être impatient, je veux juste sortir d'ici. Je lui souris de toutes mes dents pour accentuer l'hypocrisie mais ne répond rien. L'hôtesse revient par là et je me jure que si elle m'adresse encore la parole je ne la remballe plus gentiment. Mon regard noir la terrifie dans son avancée et elle s'arrête au niveau de ma rangé. Heureusement pour elle, elle se tourne finalement vers Matt avec son plus beau sourire et lui propose un peu d'eau pour patienter. Mon ami sur joue sa gratitude et explose de rire lorsqu'elle s'en va.
- Je crois que t'y as été fort avec elle, commence-t-il toujours mort de rire, elle a besoin de réconfort maintenant !
- Ne te prive pas pour moi ! je réponds le sourire aux lèvres.
Les minutes passent mais aucun signe du pilote. Je joue avec mes mains nerveusement, il faut que je m'occupe. Je sors mon portable de ma poche arrière que je n'ai pas touché depuis le décollage. Je le rallume et remarque que j'ai reçu un message.
De : Julia
A : Thomas
Je mange dans trente minutes. Parce qu'il y aura une prochaine fois ? J.Je ne peux m'empêcher de sourire lorsque je vois la destinatrice de ce message. Sa réponse est cordiale malgré ma phrase autoritaire du premier message. Tu seras toujours trop gentille avec moi. Je n'ai pas pu me retenir de lui envoyer le premier message, je n'ai fait que penser au moment que nous avons partagé tout le reste de la nuit et toute la matinée. Je devais agir, je ne veux pas qu'on s'arrête là. Les images me reviennent instantanément en mémoire mais je les refoule très profond, il ne manquerait plus que je bande dans un avion à côté de vieux et d'enfants. Je ne pensais vraiment pas que nous en arriverions là, même s'il fallait s'y attendre. Il y a une sorte d'attirance qu'aucun de nous ne peut, ne veut réprimer. C'est fort, passionné et à la fois triste. Une sorte de résignation parce qu'elle sait que je ne suis pas fait pour elle et pourtant elle plonge la tête la première. J'ai peut être profité de sa faiblesse, du moment, mais je ne regrette rien. Je voulais être en elle si fort, je ne pouvais pas m'arrêter. Je ne peux plus m'arrêter. Il faut absolument que je la revoie, que je sente sa chaleur de nouveau et les battements saccadés de son cœur. Je ne me comprends pas moi-même mais j'ai ce besoin de l'avoir près de moi. Même si je n'arrêterai jamais de jouer au con. Je tape une réponse précipitamment, enfreignant la consigne du mode avion sur mon téléphone.
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It's Time, Tout commence avec toi
Romance" Si l'eau pouvait éteindre un baiser amoureux, Ton amour qui me brûle est si fort douloureux, Que j'eusse éteins son feu de la mer de mes larmes. " Pierre de MARBEUF Julia, jeune fille de dix-huit ans emménage dans une colocation avec sa meilleure...