Chapitre 9

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J'ai embrassé Thomas. J'ai em-bra-ssé Thomas. J'ai posé mes lèvres sur les siennes et il en a profité pour y passer sa langue. C'est horrible je n'arrête pas d'y penser, le scénario se répète sans cesse dans ma tête : son torse, son t-shirt, ses lèvres, le mur, encore ses lèvres, sa langue, Nick qui toque, Thomas qui s'en va. Les cours ne sont jamais passé aussi rapidement pourtant aucun ne me passionne autant que la bouche de Thomas sur la mienne. J'ai pris ma décision au moment même où il est parti : je l'évite. Oui, je sais, c'est très lâche mais je ne peux pas faire autrement. Ma vie n'a pas besoin d'être compliquée en ce moment. J'ai travaillé trop dure pour être la fille positive que je suis aujourd'hui et il n'est pas question qu'un mec, Thomas, gâche tout ce que j'ai accompli.

Je me force à ressasser mes pires souvenirs, mes pires cauchemars afin de ne pas oublier pourquoi je fais ce choix. Je ne dois plus me laisser déstabiliser par son attitude. Personne ne doit me déstabiliser sinon je replongerais. Je ne veux plus pleurer et c'est exactement ce qui risque d'arriver si je continue sur ce chemin là. En effet, c'est lui qui est parti. J'ai très bien reçu le message. Pourtant il m'a poussé à l'embrasser, avec ses regards charmeurs et son attitude provocante. Qu'est ce que je raconte ? C'est moi la fautive, lui rejeter la faute ne sert à rien. Il faut que je passe à autre chose.

La sonnerie retint, c'est le moment de me changer les idées. Je dois retrouver Jen au gymnase pour m'entrainer avant le test que j'ai ce soir pour intégrer le groupe de danseuse. Je circule entre les étudiants qui semblent soudainement marcher au ralentit. Sauf que moi aussi, j'ai l'impression de marcher au ralentit. Mes yeux captent les siens et avant même de l'avoir remarquer j'ai diminué mes pas. C'est à ça que vont ressembler tous nos échanges de regards ? Je me sentirai oppresser et peinerais à respirer ? Il ne peut pas briser ma carapace, personne ne l'a jamais fait, pas complètement. J'ai les mains moites, il est encore plus beau que d'habitude. Son jean slim moule parfaitement ses jambes musclées tandis que son t-shirt sculpte son buste. Est-ce qu'il me nargue ? Du genre : "tu as vraiment cru qu'une fille comme toi pouvait avoir un mec comme moi". Aucun de nous deux ne parvient à détourner le regard. C'est le moment le plus lent que j'ai vécu de ma vie. Pourtant je ne suis plus la fille naïve que j'étais : Thomas tu ne m'auras pas. Je récupère le peu de dignité qu'il me reste : je lève la tête, me redresse et continue mon chemin. Je zigzague dans la foule et presse le pas. Je ne m'attends pas à ce qu'il me suive, je l'ai dit : la petite Julia est morte et enterrée.

De l'air, je respire enfin. Je ne m'attarde pas sur le moment que je viens de vivre. Je ne peux pas y réfléchir, je ne veux pas comprendre ce que je ressens. Mes pas jusqu'au gymnase se font pressés. Je ne sais plus qui je suis en train de fuir : Thomas ou mes pensées ? Ca revient au même, dans les deux cas je suis une fille désespérée. Parce que c'est vrai quoi ! C'est pas parce qu'il t'a embrassé *toussote* que je l'ai embrassé que je dois penser à lui à chaque minute de ma journée. J'arrive rapidement à mon entrainement mais je suis totalement essoufflée : je crois que je vais faire l'impasse sur l'échauffement. Je me change rapidement dans les vestiaires et rejoins Jen qui s'est déjà installée sur une chaise, une enceinte en main. Elle me sourit lorsque je m'approche d'elle et me lance :

- Allez Ju on commence par une chorée que tu connais !

Elle enclenche la musique et c'est comme si tout s'évaporait. Je sens chaque notes, chaque pulsassions jusqu'au bout de mes doigts. J'enchaine les mouvements avec une agilité dont je ne me serais jamais crue capable. Finalement, j'arrive à me souvenir de tous les pas. Je me déhanche d'un pied sur l'autre pendant presque une heure. A la fin de notre petit entrainement Jen ne manque pas de me faire une tonne d'éloges qui sont parfois un peu exagérées mais lorsqu'il s'agit de me motiver c'est la meilleure. Je retourne alors au vestiaire complètement lessivée par mes efforts physiques pour me changer avant d'aller déjeuner. Je réalise que pendant presque une heure je n'ai pas pensé une seule fois à Thomas. Je souris toute seule de la découverte que je viens de faire : j'ai trouvé un échappatoire à mes pensées, mon échappatoire.

It's Time, Tout commence avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant