— Allez debout debout, petit paresseux.
Egel se réveilla avec la voix de Mélanie dans les oreilles. Il n'eut pas le temps de se défaire des vapes du sommeil qu'elle ouvrit grand les volets, faisant entrer une luminosité soudaine dans la pièce. Il grogna.
— Eh bien ! Est ce donc là une tradition royale que de traîner au lit ? L'avenir est pourtant à ceux qui se lèvent tôt.
Il haussa un sourcil, de quoi parlait-elle ?
— Bon, peu importe. Mais la reine te demande. Alors tu te lèves, tu avales ce pain, tu t'habilles et on y va.
Elle s'arrêta un moment puis reprit:
— Tu as conscience qu'il est passé midi ?
Il avait dormi jusque midi ? Les conséquences de l'effraction de rêve, probablement.
— Pourquoi j'y vais cette fois-ci ?
— Alyn te le dira bien.
Elle le prit par le bras, le sortit du lit, le dévêtit et lui enfila de nouveaux habits en un temps record. Ensuite elle lui fourra le morceau de pain dans la bouche et l'entraîna dans le couloir. Dire qu'elle le traînait un peu aurait été un euphémisme. Pendant sa course, un pan de sa cape s'était retourné et plaqué à la figure du prince. Puisqu'il ne voyait plus rien, il se laissait totalement guider par la gouvernante. Elle fit un arrêt brutal et il continua d'avancer un peu avant de s'arrêter lui aussi. Plutôt de se faire arrêter, car il cogna contre quelqu'un. Il se débarrassa du tissu qui lui bouchait la vue et découvrit la reine, dans toute sa splendeur et son maintien habituel.
— Eh bien, dit-elle, cynique. Bon appétit.
Il baissa la tête, cependant se força à ne pas s'excuser comme un simple serviteur qui serait totalement en tort. Après tout, il n'y pouvait rien lui, c'était Mélanie qui l'emmenait alors qu'il ne voyait pas et Alyn qui s'était retrouvée sur son chemin.
— Tu peux nous laisser Mel. Quant à vous... Vous avez de la chance, je suis d'humeur clémente aujourd'hui. Mais ne vous avisez pas de recommencer !
Elle se retourna en faisant valser son voile avec grâce et avança dans le couloir. Il resta un instant à hésiter entre la suivre ou retourner auprès de Mel... Sa réflexion fut coupée court quand la reine fit une pause et lui lança un regard incendiaire par dessus son épaule.
— Suivez moi et tachez de ne bousculer personne.
Il se mit en marche pour la rejoindre.
Ils déambulèrent un moment dans les couloirs et globalement, ils descendaient. Enfin, ils arrivèrent devant deux portes en métal que des gardes ouvrirent pour eux. Au delà il y avait l'extérieur. Egel sourit, ne plus avoir quatre murs et un plafond au dessus de lui, sentir l'air extérieur contre sa peau et voir de la verdure faisait du bien.
Il s'agissait du jardin qu'il apercevait depuis sa chambre. Le spectacle était complètement différent depuis ici bas. Il n'avait plus droit à une vue d'ensemble mais à des petits bouts de paysages qui se dévoilaient au détour des tournants.
Sur son chemin, Egel vit de nombreuses rigoles, toutes liées entre elles, et il devina qu'il s'agissait du système d'irrigation du jardin. Ils passèrent sous une arche végétale avant d'arriver littéralement dans un petit salon extérieur. L'endroit était entouré de petits palmiers qui conféraient à la place un sentiment d'intimité. Au centre, une table basse entourée d'une multitude de coussins sur natte.
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Le Trésor de Bargor
FantasyCela fait des centaines d'années que les dieux n'ont plus mis les pieds sur le Continent. Jusque là, les mortels s'en étaient accommodés comme ils le pouvaient. Seulement, ce temps est révolu. Le monde s'écroule sous le poids d'une nouvelle menace...