23- Une promenade dans les bois

86 12 53
                                    

Alyn avait expliqué à son frère comment s'était déroulée la rencontre avec la déesse des Salvyries. Pour l'heure, elle le regardait retourner la petite pierre mauve dans tous les sens. Elle ne pouvait pas s'empêcher de la fixer. Déjà qu'elle avait eu du mal à s'en séparer, elle n'allait pas en plus la perdre de vue... C'était ce qu'elle se disait, pourtant, elle savait au fond d'elle que ce n'était qu'une excuse. Il y avait une autre raison à son attirance pour le fragment du trésor, comme si désormais il faisait partie d'elle-même.

— Ça doit être la pierre qui t'a protégée de la déesse, dit Egel. Comme elle l'a fait pour les flèches que les Salvyries te lançaient.

— Si c'était vrai, Emyldalia ne m'aurait pas laissé l'atteindre, elle devait bien savoir que ça arriverait.

Ils tentaient de déterminer pourquoi la déesse ne l'avait pas tuée. Leurs précédentes péripétie avaient bien prouvé que cette quête pour le trésor de Bargor n'était pas de tout repos, et ils ne comprenaient donc pas pourquoi ils avaient hérité de la pierre si facilement.

— Non, reprit-elle. C'est autre chose. Cette histoire est trop louche.

— C'est qu'elle tenait à te la donner, que veux-tu que je te dise moi ?

— Non elle ne le voulait pas, elle me l'a bien fait comprendre. Ou alors... peut-être que c'est un leurre ! Elle m'aurait fait croire que cette pierre est le trésor pour que je lui fiche la paix ! Elle m'a assommé de légers vertiges pour me faire peur, ensuite je prends le pot-aux-roses, elle me ramène dans le monde des mortels et tout le monde est content !

Egel se frappa la tête.

— Tu cherches trop loin, il n'y a que toi pour penser à pareille machination !

La reine s'arrêta et regarda en arrière.

— Il faut que nous y retournions.

— Et comment ? Je ne pense pas qu'on ai avancé droit durant tout le chemin, tu sais ? Si nous retournons en arrière, tout ce que nous ferons c'est nous perde un peu plus.

— Il n'y a qu'à suivre la fumée.

— Eh bien justement, tout a brûlé, même nous n'avions pas le trésor, il n'existe plus désormais !

Alyn se tourna vers le prince avec des yeux brillants.

— Tu crois que je les ai toutes tuées ?

Le prince se calma tout de suite. Il ne lui avait fallu qu'un instant pour comprendre que si sa sœur était tant sur les nerfs, c'était pour cette raison plus que pour la pierre.

— Mais non, dit-il d'une voix douce. Quand tu étais endormie, j'en ai vu passer d'autres, ils devaient être en chemin pour sauver la tribu. Aller, viens.

Il passa une main autour de ses épaules et la poussa un peu pour qu'elle se remette en route.

Leur marche s'éternisa. Ils crapahutaient dans les bois depuis le matin, et la fatigue commençait à les gagner, surtout qu'ils n'avaient que des fruits secs pour se nourrir. Egel désespérait de s'être fait volé son arc, il aurait tout donné pour l'avoir avec lui et pouvoir abattre une petite bête qu'ils auraient fait rôtir... Son estomac grogna douloureusement à cette pensée. Il regarda en l'air, en espérant apercevoir un peu de nourriture, quelle qu'elle fut.

— J'ai une idée, dit-il.

— Hum ?

— Mais j'ai peur que tu râles parce que je n'y ai pas pensé avant... Et si on montait dans un arbre pour regarder où nous en sommes ?

Le Trésor de BargorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant