Cela faisait déjà plusieurs heures qu'Alyn était éveillée. Même si elle était fatiguée, et qu'elle sentait que son corps avait besoin de sommeil, elle n'était tout simplement pas capable de s'endormir pour de bon.
Son envie de trouver le Trésor de Bargor la hantait.
Elle était plongée dans un état entre conscience et inconscience, duquel tout échappatoire semblait impossible. Le Trésor occupait toutes ses pensées. Quand elle était éveillée, elle s'imaginait une panoplie de scénarios différents lors de leur rencontre avec les dieux. Quand elle dormait, elle en rêvait, encore et encore. D'ailleurs, dans ses rêves, elle faisait plus que de se l'imaginer. Elle le vivait. Elle vivait cette rencontre. Elle vivait cette victoire tant attendue. Elle vivait cette joie. Et, immanquablement, à son réveil, elle était désorientée. Pendant un instant, toutes les émotions qu'elle avait ressenties tourbillonnaient toujours au milieu de son esprit. Et puis elle se rappelait. Elle réalisait où elle était, et que tout ce qu'elle avait cru accompli n'était que chimère. Le pire, c'était que cela lui arriva plusieurs fois. Et à chaque fois, elle se laissa emporter par ces faux-espoirs et fut déçue de la réalité.
La quatrième fois, elle décida qu'elle n'en pouvait plus. C'étaient plus de hauts et de bas que ne pouvait en supporter son cœur. Elle écarta ses couvertures et se leva. La reine évita les corps endormis, et, en silence, attrapa le sac de pierres de soleil puis sortit de la faille. Elle s'assit dans l'herbe mouillée par la rosée, et disposa les pierres tout autour d'elle. Il n'y avait plus qu'à attendre que le jour se lève.
Même si elle avait affirmé la veille qu'elle comptait partir à l'aube, il fallait se rendre à l'évidence : ce n'était pas possible. Les pierres de soleil devaient emmagasiner la lumière et de cette manière, se charger. Ces dernières portaient bien leur nom : elles avaient besoin de la lumière du soleil et non pas de celle d'un simple feu. Il arrivait aussi que la lune suffise. Les pierres ne brillaient alors pas d'un éclat très fort, et des charlatans assuraient que les pierres gagnaient des pouvoirs magiques. Si on les écoutait, les pierres de lunes étaient capables de soigner les malades, apaiser les douleurs des règles, faire pousser les cheveux plus vites, éloigner les esprits malins, réaliser des philtres d'amour, apporter la bonne fortune, ainsi que tout un ramassis d'autres idioties du même genre.
Un peu après que le soleil se fut levé, Egel vint la rejoindre et s'assit à côté d'elle. La reine lui adressa un sourire reconnaissant et s'appuya contre lui. Ils n'avaient pas besoin de parler, ils étaient présents l'un pour l'autre, et c'était le plus important. En plus, elle avait le sentiment que son frère la connaissait assez pour savoir qu'elle n'avait pas su dormir, qu'elle avait peur mais qu'elle devait rester déterminée et sûre en apparence. Elle profita de ce contact apaisant.
— Tu penses qu'elles sont chargées maintenant ? finit-elle par demander.
— Peut-être, mais il va aussi falloir songer à te charger toi.
Il lui sourit et la secoua doucement.
— Allez, viens manger.
Il se leva et lui tendit la main pour l'aider à se mettre debout. Ensemble, ils regagnèrent la faille où les autres avaient commencé un petit-déjeuner. Ce n'était rien d'exceptionnel, comme d'habitude, mais quand on voyageait et qu'on avait faim, on s'en contentait largement.
Plus les minutes s'écoulaient, et plus l'atmosphère se faisait tendue dans le groupe. Certains se tordaient les mains avec inquiétude, d'autres jetaient des regards nerveux en direction du prolongement de la faille, où ils savaient devoir aller mais dont ils ne connaissaient pas l'issue.
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Le Trésor de Bargor
FantasyCela fait des centaines d'années que les dieux n'ont plus mis les pieds sur le Continent. Jusque là, les mortels s'en étaient accommodés comme ils le pouvaient. Seulement, ce temps est révolu. Le monde s'écroule sous le poids d'une nouvelle menace...