Ce n'était pas possible. De simples roues de métal ne pouvaient tout de même pas faire bouger une montagne... Pourtant c'était exactement ce qui venait de se passer sous leur nez. Là où il y avait eu une parois rocheuse auparavant, il n'y avait plus désormais qu'un grand gouffre lumineux. Ce n'était pas possible.
Cette pensée tournait en boucle dans l'esprit d'Alyn. Pour se rassurer, elle se répéta que la vie qu'elle menait depuis quelques mois ne faisait pas partie de sa conception du « possible ». Cependant, même en itérant ces belles paroles, il était bien difficile de ne pas être émerveillée par un tel phénomène.
Alyn s'avança avec hébétude vers la lumière éblouissante. A côté d'elle, Egel la laissait marcher seule mais s'assurait que tout allait bien.
— C'est peut-être un piège, prévint-il.
Cependant lui aussi, comme tous les autres, avançait inexorablement par là.
En approchant, et en s'habituant à la luminosité, Alyn s'aperçut que l'ouverture était bien moindre que ce qu'elle avait d'abord pensé. En fait, elle se découpait dans la grotte comme une grande porte. Elle devait faire environ quatre mètre sur trois. Alors qu'elle faisait un pas de plus, elle sentit son coeur s'arrêter, et recula vivement. Elle aurait dû le deviner, mais le passage n'ouvrait pas au creux d'une petite vallée.
Il débouchait sur le vide.
Elle recula jusqu'à la limite du possible pour être toujours capable d'observer. Au lieu d'une quelconque vallée verdoyante, son regard ne rencontra que du noir. Il y avait aussi des reliefs aux formes inhabituelles qu'elle n'arrivait pas à discerner.
— C'est un village ? demanda Egel.
Alyn plissa les yeux pour essayer d'en distinguer les contours précises. Maintenant que son frère l'avait dit, elle reconnaissait dans ses « formes » des toits et des bâtisses. Cependant tout semblait mort et abandonné depuis longtemps. Et ce noir... il donnait la chair de poule.
— Regardez-là, un escalier y mène ! dit Vladimir.
Un escalier taillé dans la pierre s'enroulait en effet autour du gouffre jusqu'à y mener à son fond. Il commençait après une plateforme en pierre qu'Alyn reconnut comme l'ouverture qu'ils avaient provoquée. Elle agissait comme un pont levis et permettait l'accès aux escaliers. Elle accrocha le regard de son frère puis haussa un sourcil. « On y va ? » lui demanda-t-elle en silence. Il hocha la tête en retour.
— On ne va pas faire demi-tour après tout ce chemin parcouru, lui répondit-il tout bas.
Les aventuriers, qui guettaient ce signal, se lancèrent dans la descente – certains, il fallait le dire, avec moins d'enthousiasme que d'autres. Alyn prit une grande inspiration et avança de quelques pas, puis s'arrêta. Egel lui sourit.
— Ne t'inquiète pas, la plateforme autant que les escaliers sont larges, tu ne risques pas de tomber. Tant que tu fais attention – les marches sont petites et courtes – tout ira bien.
Elle leva un regard incrédule vers lui. S'il croyait que c'était ça le problème... Tant qu'il n'y avait pas de barrières pour l'empêcher de tomber, elle ne se sentirait pas rassurée. Et encore. Il aurait fallut qu'elle soient assez haute pour l'empêcher de passer, quand bien même il aurait fallu le vouloir.
Un peu plus bas, elle vit Myranda se retourner et leur lancer un drôle de regard. Alyn serra des dents. L'épaule presque collée à la paroi, elle se lança. Ses yeux ne décollaient pas des marches sous ses pieds, et elle leur interdisait bien d'aller se balader vers la droite. Ce fut donc presque avec surprise qu'elle entendit Egel parler juste à côté d'elle.
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Le Trésor de Bargor
FantasyCela fait des centaines d'années que les dieux n'ont plus mis les pieds sur le Continent. Jusque là, les mortels s'en étaient accommodés comme ils le pouvaient. Seulement, ce temps est révolu. Le monde s'écroule sous le poids d'une nouvelle menace...