Chapitre 6

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« Je suis devant la grille, dépêche-toi »

J'ai du mal avec Noha, son corps est tellement plus lourd, il me semble bien plus qu'avant. Je pense qu'il essaie de m'assister à se soulever pour le mettre sur la chaise roulante, pourtant, ça ne m'aide en rien. Tout le monde dort, il est deux heures du matin, et je me suis assurée que personne ne viendrait nous déranger durant notre fuite.

Que suis-je en train de faire ? Le doute m'envahit chaque fois un peu plus, pourtant, lorsque je regarde Noha, quelque chose me souffle que j'agisse pour le mieux, que je vais l'aider, le sauver... Il ne faut tout simplement pas que je me fasse attraper... ça irait mal pour moi, et pour lui.

Je tourne en rond, regarde si je n'ai rien oubliée, mon sac est sur la chaise roulante, quelque affaire pour Noha, mes preuves sont là également, des poches de nutritions, des sacs pour l'urine, tout est là, il me semble... Alors pourquoi ai-je ce mauvais présentiment.

Je ne prends pas le risque de sortir par sa chambre, quelqu'un me tombera dessus comme la dernière fois, alors je sors de la mienne, regardant d'abord si le couloir est vide. Une fois rassurée, je pousse la chaise, devant les marches j'ai de nouveau un coup de stresse. Je dois prendre l'élévateur... Je n'avais pas pensée à ce détail.

- Mademoiselle ? Surgit une voix grave, tous les poils de mon corps se redresse alors que mon cœur semble vouloir sortir de ma poitrine. Je me tourne lentement, George me dévisage, et je m'apprête à fondre en larme.

- Je vous en prie, George, vous devez m'aider, soufflé-je d'une voix presque inexistante. L'homme redresse la tête, certainement offusquée que j'ose quémander son soutient afin à enlever Noha. Il baisse ensuite les yeux sur mon patient et une tendresse s'éveille dans ses sombres prunelles.

- Il semblerait que les cieux aient enfin entendu mes prières, monsieur Solis, et un ange vous a été envoyé, dit-il, me laissant bouche bée. De grâce, mademoiselle, prenez soin de lui...

- Vous... vous allez m'aider ?

Ma question semble débile lorsque George prend les devants de la chaise et m'aide à descendre le fauteuil. Il l'a fait. Il m'aide à sauver Noha. Il ne cesse de lever la tête, comme s'il n'attendait qu'une chose, et j'ai peur d'y voir la même. Il ne faut pas qu'on nous surprenne. Me détournant vers Noha, j'ai l'impression de voir un sourire sur ses lèvres, mais je n'ai pas le temps d'analyser plus car je suis bousculée.

- Ne perdez pas de temps, mademoiselle, partez, et ... faite attention à vous, n'écoutez rien, faite ce qui est juste... j'espère que vous vous êtes bien préparée à ce qui va suivre.

- Pas du tout, George, avoué-je tristement, mais je ne le laisserais pas tomber, je le promets.

- C'est une promesse qu'il a entendue, mademoiselle, tachez de la tenir.

J'écarquille les yeux, me tourne vers Noha et aperçois qu'il me jauge vraiment. Je sens mon visage se réchauffer tant je suis mal à l'aise, et je salue George pour nous mettre en route. Devant les portes, je remarque que l'homme est toujours derrière nous, qu'il encode les mots de passe pour l'alarme et nous permets de sortir. Une fois encore, devant la grille qui s'ouvre, je ne peux m'empêcher de me détourner pour apercevoir George me saluer. Il nous a aidé...

- Arrête de rêvasser, Eli, et ramène tes fesses ! Gronde Jean en ouvrant le véhicule sanitaire.

- Jean, si tu savais... Merci. Merci, de m'aider, bafouillé-je nerveusement alors qu'il attache les sangles pour stabiliser la chaise roulante.

- Arrête tes jérémiades, nous en parlerons une fois loin d'ici.

Je monte à l'arrière sous le regard contrit de mon ami, mais il ne rechigne pas, et démarre le véhicule tout en allumant les phares une fois que nous nous somme éloignés de la propriété. Je gigote, mal à l'aise, Noha me dévisage, il tente de bouger, ouvre la bouche, puis la ferme, je ne sais pas ce qu'il cherche à faire.

Pour l'amour de l'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant