Chapitre 20

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Être seule est synonyme d'être invisible...

Dans les films, les séries, ou roman, les jeunes femmes qui décident de partir seule à l'aventure, il leur arrive toujours de bonnes choses, de nouvelles rencontres, des nouveautés qui la fond murir. C'est décidément trop fictif, et je ne parle pas du riche héritier qui en tombe éperdument amoureux, et bien qu'il se montre grossier au début, l'amour triomphe toujours, je parle simplement de départ...

Dans la vraie vie, une jeune femme seule est dévisagée lorsqu'elle demande une chambre d'hôtel, les prix doubles, ou triples étrangement. Les rares personnes à les remarquer sont les groupes de toxico peu fréquentable, ou les vieux pervers. J'en ai bavé pour pouvoir m'installer, allant jusqu'à chercher du travail depuis ma chambre d'hôtel, trouver un emploi, et avoir un garant, que je n'avais pas, pour me louer un petit studio.

Madame Sarovski, la femme de la réception de l'hôtel s'est prise de pitié pour moi, elle m'a recommandé auprès d'un ami à elle, c'est l'unique opportunité que j'avais. Mes fonds ont beaucoup diminué, je devais faire quelque chose, même si cet endroit n'est vraiment pas habitable.

La clinique de l'espérance m'a embauché au bout de cinq semaines de recherches. J'étais mal à l'aise, constamment jugée, mes supérieurs ne se privaient pas pour me rabaisser et s'amusait de faire remarquer mes erreurs anodines devant les patients. J'ai légèrement bousculé de manière verbale le docteur Malvaux, et je me suis fait licencier à sa demande, parce que tout le monde savait combien cette femme était une peste, et ne m'ont pas mis le véritable motif pour mon renvoi.

J'ai même été recommandé dans l'hôpital Marie Thérèse, je m'y sens bien, malheureusement, je dois prendre deux bus, et marcher trente-cinq minutes pour y arriver. Ça me va pour l'instant, et dès que mon contrat deviendra indéterminé, je pourrais me chercher un logement plus proche, et moins invivable.

Tout rentre dans l'ordre, lentement, et même si j'ai l'impression qu'on me regarde de haut, parfois, je redresse la tête, ne me laisse faire à aucun moment, parce que je suis une battante... Je suis seule, mais je me bats pour avancer, et j'y arriverais. Une dernière chose me noue l'estomac, je dois appeler Jean pour lui dire que tout va bien, et je suis morte de trouille.

Et s'il ne répond pas...

Il a toutes les raisons de ne pas le faire, je l'ai rejeté, et bien que mon acte fût nécessaire pour une hypothétique amitié à l'avenir, je peux comprendre qu'il m'en veuille. J'ai également la même rancune de mon côté, et je la tais à l'aide d'un déni forcé... Peut-être que Jean a également besoin de ne plus penser à moi un moment ? Peut-être que je devrais le laisser tranquille...

Non, je lui aie dit que je l'appellerai, et je lui aie fait comprendre qu'il à le choix de répondre ou pas.

Téléphone en main, mon indexe voyage sur les maigres contacts, Jean accompagné de smiley rieurs s'affiche, et je retiens mon souffle et appuie sur l'appel. J'essaie de réfléchir au ton approprié, aux mots qu'il faut pour ne pas créer d'ambiguïté, j'ai beau réfléchir, tout s'embrouille dans ma tête, je ne m'entends même pas penser tant je suis crispée...

- Allô ? Réponds enfin Jean, mon cœur rate un battement, ça ne fait pas mal, au contraire, les larmes me montent aux yeux tant je suis heureuse, il a répondu.

- Jean... C'est moi... heu... c'est Eliane, je bafouille, ma voix est trop aiguë et mon ami prend son temps pour répondre, ce qui fait revivre mon angoisse fois mille.

- Eli... Tu vas bien ? Dit-il au bout d'un moment, sa voix est plus grave, et ... il me semble entendre quelqu'un à ces côtés. Une femme ? Déjà ?

- Je vais bien, merci, j'ai... il m'a fallu du temps pour m'installer et trouver un travail... enfin tout va parfaitement bien maintenant, et je voulais te rassurer... je... je vais bien ! Et toi ?

Une autre voix se fait entendre, elle parle en même temps que moi, et le manque de réaction de Jean me prouve qu'il l'écoute elle et pas moi. Je n'interviens pas, j'attends qu'il termine remarquant que mon ami n'a plus ce ton enjoué d'avant. Il se racle la gorge, cherche sans doute quoi me répondre, cela me fait sourire.

- Eliane, je suis content que tu ailles bien, et que tu te sois installée, dit-il enfin, mon sourire se fend douloureusement. J'ai attendu ton appel, tu sais, et ... maintenant que je suis rassuré, j'aimerais que tu me laisses ce temps, dont j'ai selon toi, besoin.

- Oh... Oui, bien sûr, je bégaye, le cœur en lambeau même si je ne devrais pas me sentir aussi trahie. C'est pour son bien.

- Je... J'ai ton numéro désormais, et ... je t'appellerais si un jour... Tu vois ? Termine-t-il dans un souffle.

- Je vois, Jean, je te souhaite tout le bonheur du monde, et j'espère qu'un jour... nous nous reverrons.

- Moi aussi, Eli... réplique-t-il puis se racle la gorge. Eliane, bientôt, tu auras des réponses à tes questions, et ... Je te prie de m'excuser pour mes silences... Au revoir.

Je n'arrive pas à enlever le portable de mon oreille, complètement déboussolée par ses mots, j'écoute la respiration de mon ami, il ne raccroche pas tout de suite, mais une femme l'interpelle et un bip retentit pour m'annoncer la fin de l'appel. Je m'assoie lourdement sur mon lit, le cœur sensible, chaque battement pulse dans tout mon être, je suis bel et bien seule maintenant.

Que voulait-il dire ? De quoi s'excuse-t-il ? Quelle réponse... Je pourrais le rappeler pour l'interroger ? Non, je dois le laisser tranquille.

Je ne dois pas regretter mon choix parce que je n'aime pas cette solitude. Je ne dois pas chercher un réconfort chez Jean, car il prendrait ça pour de l'amour, et un jour, il verra que ce n'est pas le cas, et je m'en voudrais de m'être enchainé à lui par dépit, notre relation est vouée à l'échec, alors... qu'il vive de son côté, il aura plus de chance de trouver l'amour, le vrai.

Je me laisse tombe et observe le plafond, les larmes me brouillent la vue, coulent le long de mes yeux et se perdent dans les mèches de cheveux éparpillée sous moi. Je ne dois pas pleurer, je ne dois pas me tourner vers cet homme... A chaque fois que je me laisse aller aux souvenirs de ces traits fins, de ses cheveux ébène, de ses lèvres étonnamment bien dessinées, ou de ses magnifiques prunelles couleur océan...

Je suis en colère...

Oui, je suis furieuse d'avoir autant mal pour son absence, alors que lui poursuit sa vie, aux bras de jolies femmes élégantes, allant de réception à Galla de charité, ou autres. Il m'a oublié plus vite que je ne l'ai imaginé, je me suis fait tirer dessus par sa faute, quatre mois de comas et il m'a oublié.

Je le déteste en ce moment...

Tout comme Jean doit me détester...

Je ferme les yeux, délaisse le portable pour placer mes paumes sur mes oreilles. Comment se fait-il qu'après tout ce temps, je peux encore entendre distinctement la voix de Noha me jurer être sincère. Je lui en veux d'avoir autant insisté... Je ne devrais pas, je le sais.

Noha à passé trois années de sa vie comme un spectateur. Aux lieux de vivre ces plus belles années à faire des rencontres, à rencontrer des femmes, savourer toutes sortes d'expérience pour apprendre à se connaître, lui ne pouvait qu'observe ses jours lui glisser entre ses mains immobiles... Il est normal que la première personne qui lui ait porté un tant soi peu d'attention est conquis son cœur...

Le temps d'un instant...

Donc, je suis en colère contre lui, car malgré tout, j'ai espéré dans mon fort intérieur, je l'ai aimé. Mais je le comprends assez pour le laisser poursuivre sa vie, je garde ma rancune pour moi et m'éloigne, même si je sais que jamais je ne le reverrais... Nous venons de deux mondes différents.

Il l'a compris.

A mon tour de l'intégrer vraiment, parce que j'ai beau me répéter que c'est mieux ainsi, une voix au fond de moi ne cesse de me souffler que Noha à promis de rester à mes côtés, même si je ne me rappelle pas quand, et je lui en veux de ne pas avoir tenu sa promesse...

J'ignore comment, mais... Il l'a faite à mon âme...

Pour l'amour de l'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant