Chapitre 24

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Nous ne mangeons plus depuis un moment, je suis scotché à ses lèvres, j'attends qu'il poursuive, qu'il m'explique, car son expression s'est durcie alors qu'il se resserre un troisième verre de vin. J'imagine qu'il a besoin de trouver son courage dans l'alcool, mais ça ne peut que mal tourner s'il continue.

- Noha, je pense que tu devrais boire moins, et...

- J'ai les esprits clair, Eliane, cesse de me voir comme cet homme impuissant ! Gronde-t-il, puis écarquille les yeux, désolé. Excuse-moi, je... Nous en venons à ton hospitalisation et ça me rend nerveux... rancunier.

- Rancunier ? Je répète sans comprendre, il se fiche de moi ?

- J'ai passé des jours et des nuits à te veiller, me fichant que ton ami tente par tous les moyens de me jeter dehors, explique-t-il le regard perdu dans le vide. La brusquerie ne le menait à rien, alors, Jean a trouvé les mots justes... Je désespérais de te voir allongée au milieu de fils et tuyaux, dormant profondément, sans pourtant avoir le sommeil... C'était ma faute, et on me l'a bien fait comprendre.

- Noha, ce n'est pas entièrement ta faute, bafouillé-je, je dois lui enlever cette culpabilité. J'ai été stupide, j'ai couru dehors comme on l'attendait de moi, je n'ai pas réfléchi, ni écouté... Cesse de penser ça, d'accord ?

Noha relève les yeux sur moi, je regrette de ne pas lui avoir dit ça avant, enfin, ce n'est pas comme si j'avais eu l'occasion de le faire, mais il culpabilise vraiment, et ce n'est pas juste. Timidement, je passe ma main à travers la table, saisit la sienne et donne une pression, quand je tente de l'enlever, Noha m'en empêche, me saisit et entrelace nos doigts... Bon sang, c'est trop tôt pour un contact physique aussi significatif.

- C'est pourtant ce que Jean n'a pas arrêté de me répéter, dit-il calmement. C'est ma faute, tu n'as fait que m'aider innocemment, ignorant quelle famille de dégénéré j'avais. Il a insisté sur la pitié que tu éprouvais pour moi, que ça ne sera jamais autrement...

- Noha...

- Il m'a parlé de tes projets, ceux que tu ne pourras plus accomplir à cause de moi. J'avais gâché ta vie, tu étais dans le coma, et ton avenir était bafoué à jamais par une image gravée sur la toile à jamais. Tu as kidnappé un invalide pour demander une rançon, c'est ce qui se disait avant le démenti. Jean avait raison sur beaucoup de point, Eliane, ma présence à tes côtés était purement égoïste...

- C'est faux, j'avais besoin de toi, soufflé-je en ayant du mal à soutenir son regard.

- Je l'ai imploré pour qu'il me prévienne, Eli, mais je savais qu'il n'en ferait rien, alors je t'ai fait surveiller.

- Donc, tu savais...

- J'avais un travail à accomplir, tout s'est enchainé, m'explique-t-il en donnant une pression sur mes doigts comme pour me prier de le croire. Je devais me venger, les faire payer ce qu'ils avaient osé me faire, et te faire. Avec Graham, nous avons fait les choses comme il faut, avec nos preuves, et nos amis, tout est allé très vite. Quand Mathilde a tenté de fuir avec ses enfants, la police les a réceptionnés avec les grands moyens, pour bien les embarrasser, chose qu'elle haïssait... Ensuite... Je devais te blanchir. Ça a été plus compliqué, Eliane, tu sais que le net est incontrôlable. Un ami informaticien à fait ce qu'il a pu, et pour « effacer » certaine donnée nous concernant, je devais en placer d'autre. C'était selon lui le meilleur moyen pour qu'on t'oublie...

- Le jugement s'est bien passé ? Demandé-je attendrie par ses efforts.

- Oui... tu aurais adorée être là, dit-il et puis grimace. Mathilde a craqué, elle m'a supplié de lui pardonner. Sandra et Xavier on chercher à m'apitoyer... Ils étaient finis, et l'ont compris.

Pour l'amour de l'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant