Chapitre 5

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Jean fronce les sourcils, perplexe, il ne semble pas me croire. Je n'ai pourtant rien omis de ce qui m'est arrivé dans cette villa. Il souffle bruyamment, tourne sur lui-même, fait quelques pas, et revient vers moi. Je patiente qu'il assimile toutes mes accusations... Prie pour qu'il me croit. Quand il me fait de nouveau face, je retiens mon souffle.

- Tu dis qu'il a bougé, répète-t-il, je hoche la tête et il fronde les sourcils. Tu ne lui as pas donné son traitement et il a bougé... Il ne l'a jamais fait, mais ce matin, il a bougé la tête...

- Oui, comme pour me mettre en garde, expliqué-je encore. Je voulais m'excuser pour ne pas lui avoir donner son traitement, et...

- Bon sang, tu ne pouvais pas t'occuper des soins de petits vieux !? Gronde Jean et je plisse les yeux. Les personnes âgées ne complotent pas ! Ils saoulent avec leurs histoires, certes, mais ils ne complotent pas !

- Jean, arrête de plaisanter, c'est grave ! Noha est en danger ! Geins-je presque en m'accrochant à son bras. Il faut que je l'aide, que je le sorte de là... Ils vont le garder dans cet état à vie... Ils n'ont pas le droit...

- Le garder dans cet état ? S'étonne Jean de manière agacée. Eli, ils ne vont pas le garder dans cet état à vie, je pense qu'au contraire, bientôt, ils s'en débarrasseront !

- Quoi ? Tu... Tu penses qu'ils pourraient...

- Je pense que t'es dans la merde jusqu'au cou ! Gronde-t-il en se remettant à tourner en rond. Je pense qu'ils t'ont embauché pour ça ! Tu es jeune, tu pourrais commettre une faute, lui donner je ne sais quoi...

- C'est impossible ! M'horrifié-je d'une voix trop aiguë.

- ça n'a pas besoin de l'être, Eli, tout ce qu'il leurs faut est une personne pour porter le chapeau...

Je n'y tiens plus, cache mon visage et commence à pleurer tant l'émotion est grande. Je ne vois que le visage de Noha à travers mes paupières, son regard stoïque, et toutes ses émotions qu'il me semblait apercevoir. Elles étaient vraies... je n'ai rien inventé. Noha m'a demandé de l'aide et je ne voyais rien.

- Calme-toi, susurre mon ami en me prenant dans ses bras, tu ne dois pas y retourner, tu dois...

- Je ne peux pas l'abandonner, Jean, il... il me demandait mon aide... il n'a personne pour le sortir de ce cauchemar... Il attend la mort, sans pouvoir l'esquiver...

- Ils pourraient s'en prendre à toi, réplique-t-il en me forçant à le regarder. Que pourrais-tu faire ? Préviens les autorités, Eli, et sauve ta peau !

- Je ne lui donnerais plus ! Je... Je sais que c'est risqué, mais... Il faut que j'y retourne, et que je fasse de mon mieux pour le sortir de là...

- Eli, m'appelle mon ami alors que j'ouvre la porte pour m'en aller, Eliane, fais attention à toi, je t'en prie, ne fais rien qui puisse...

- Je t'appellerais ce soir, Jean, merci pour tout... Garde ces copies, s'il te plaît, envoie-les-moi par mail, elles serviront de preuve. Je vais tenter d'en reprendre... Je ne les laisserais pas faire ... ça.

Une rage naît en moi, elle me donne la force de reprendre contenance, de retrouver un sourire qui se veut sincère, et de rentrer dans cet enfer. J'agis comme à mon habitude, je discute avec le personnel, je reste impressionnée par le dîner qui se préparer, glousse lorsque Maria fait une remarque à George... Tout en me demandant s'ils savent, eux.

Mon cœur bat douloureusement lorsque je préviens madame Solis de mon retour elle semble satisfaite, mais j'ignore de quoi. J'ai l'impression de la voir autrement, rien n'est aussi sincère que ça me paraissait avant. Tout sonne faux, et je me gronde de ne rien avoir remarqué avant.

Pour l'amour de l'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant