Chapitre 7

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Mon sommeil est agité, je cours, tente de fuir mais mon corps refuse de bouger. Des grognements retentissent, j'ignore d'où ils proviennent, et un coup dans les côtés me réveille sans attendre. Je sursaute, la chambre dans laquelle je me trouve éveille tous les souvenirs de la veille et je me tourne vers Noha qui dort encore.

Il m'a frappé ? Sa tête tourne d'un côté à l'autre, il fait un rêve ? Je me demande quelle heure il est, tourne le poignet et un hoquet d'effroi me transperce car Noha gronde encore dans son sommeil. Il ne rêve pas, il fait un cauchemar. Il doit être retourner dans ces prisons de l'horreur : son propre corps.

- Noha ! Noha réveille-toi, tu es en sécurité !

Il ouvre les yeux, une couche de sueur perle son front et je me presse de prendre un mouchoir pour l'essuyer. Quand il ouvre la bouche pour essayer de parler, un grognement en sort, sa gorge est sèche mais j'ignore si je peux lui donner à boire. Saura-t-il avaler ? Sans attendre, je vais prendre un verre d'eau que je lui amène, je prends également une cuillère et porte le liquide à sa bouche.

- Ne t'étouffe pas, je t'en supplie, prié-je soulagée de l'entendre déglutir. Ce serait ridicule, et puis, je serais accusée de meurtre, je finirais en prison, alors que tout ce que j'ai voulu c'est...

- La... ferme. Dit-il et je me crispe. Son regard retourne à la cuillère et je comprends qu'il veut encore de l'eau.

Je fais doucement, ayant peur qu'il avale de travers, saura-t-il tousser pour expulser l'eau ? J'ignore combien de cuillérée je lui donne mais il avait soif. Quand il termine le verre, Noha souffle bruyamment et fixe le plafond comme s'il n'en revenais pas d'être là. Je n'ose pas bouger, je l'observe silencieusement, et quand son regard trouve de nouveau le mien, je sursaute par surprise.

- Me... rci, dit-il plus facilement que la veille.

- Ne me remercie pas, tu dois te reposer et retrouver tes fonctions motrices...

- J'ai... j'ai pensé ... que... Tu étais... débile, poursuit-il et je m'indigne, ça ne dure pas longtemps car un fin sourire soulève ses lèvres. Tu es... éto... tonnante.

- Merci... enfin, je crois, bafouillé-je en me levant. Je me demande si je ne vais pas préférer le silence avec lui.

Je cherche une poche de perfusion que je lui place lentement, levant les yeux de temps en temps alors que lui ne me quitte pas des siens. Ça me met mal à l'aise. Dans la salle de bain, j'allume le chauffe-eau pour pouvoir prendre une douche, et retourne dans le salon pour prendre le portable que Jean m'a donné. Lisant les messages, je tâte pour prendre une casserole et me cuir des pâtes, je meurs de faim.

« Personne n'a remarqué l'absence du véhicule, c'est une bonne chose, par contre, une infirmière se demande pourquoi il manque du matériel pour les soins quotidiens des hospitalisés. J'espère que tu vas bien, j'imagine que tu dors, alors que moi, j'ai dû aller bosser pour ne pas éveiller les soupçons. Je garde un œil sur les infos, au cas ou... Prends soins de toi, je reviens dès que je peux. »

Je lui réponds et le remercie encore et encore. Que ferais-je sans lui ? J'imagine que j'aurais administré les traitements, que Noha serait mort et qu'ils m'auraient accusés de malveillance. Mes pâtes prête, je note à moi-même de demander à Jean d'apporter quelques courses. Retournant au salon, je mange sans appétit, me tourne vers Noha que je peux voir d'ici car j'ai laissé la porte ouverte, et je retiens mon souffle quand il lève une main.

Je le rejoins avec mon assiette, fière de lui, et le sourire qu'il m'offre me réchauffe le cœur. Il reprend des forces. Il va mieux. Je remarque son regard sur mon plat pas très flatteur, et je me surprends à songer lui cuisiner de bon repas savoureux... de puis quand n'a-t-il pas manger de lui-même ?

- C'est... bon ? Demande-t-il après s'être raclé la gorge.

- Pas vraiment, avoué-je en prenant place sur le lit. C'est tout ce que j'ai trouvé, ici, mais Jean m'apportera des choses plus mangeables.

- Ton... homme ? Dit-il en fronçant les sourcils.

- Mais non, mon ami, tu sais ? Celui qui nous a amené ici !

- Tu ... es bête ! S'agace Noha, je suis perplexe.

Je me lève, vexée, tourne les talons pour terminer de manger au salon. C'est la deuxième fois qu'il m'insulte, pour qui se prend-il ? Je rince mon assiette et la casserole, débarrasse nos affaires pour mieux m'y retrouver. Je remarque que Noha gesticule de plus en plus, il fait trop d'effort, il va s'épuiser. Prenant une poche pour le changer, j'évite son regard, ne voulant pas le mettre plus mal à l'aise qu'il l'est.

Une fois terminé, je m'occupe de sa perfusion vide, découvre son corps, songe à le rafraîchir avant de prendre ma douche. Mes gestes sont machinaux, je chercher quelques habits pour le changer, trouve une bassine que je rempli d'eau, il n'y a pas de shampoing, juste du savon, je vais avoir la peau qui tire.

- Tu es... fâchée ?

- Non...

- Si, tu l'es...

- Pourquoi le serais-je, voyons ? claqué-je en lui ôtant son t-shirt plus brusquement que voulu, je risque ma peau, et toi, tu me traite de débile ? Poursuis-je en tirant sur son pyjama, vaillant tout de même à ne pas le blesser.

- Excuse-moi...

- Ne fais pas ça ! Couiné-je en me redressant. Maintenant, je me sens monstrueuse de t'en vouloir...

- Tu devais... me tuer, dit-il et mon cœur rate un battement. Tu étais... là... pour ça... Je... Je t'ai détesté... j'ai cru que... c'était la ... fin... Mais toi... Toi, tu m'as sauvé. Bégaye-t-il avec une étrange intensité dans le regard.

- J'ai eu de la chance, Noha. Avoué-je. Je regarde trop de films d'horreur, et toutes sorte de scénarios étrange naissent sans que je ne le contrôle !

- Moi, aussi...

- Quoi ? Tu aimes les films...

- J'ai eu de la chance ! Me coupe-t-il amusé, et je remarque qu'il n'a pas bafouillé.

Je souris, et me met timidement à la tâche. Le laver me semble plus inapproprié maintenant que son regard suit mes mouvements. Noha m'aide à relever le bras, ensuite, l'autre, je passe le gant sur son ventre, une chose attire mon attention sur son slip et... Oh grand Dieu ! Je le foudroie du regard alors que lui sourit bêtement.

- On dirait... que mon... corps... se réveille... très bien.

- C'est malin !

- Et ça fait mal... Avoue-t-il, j'ose un autre regard, remarque le tuyau scotché sur sa jambe et je comprends.

- Je l'enlèverais bientôt.

- Oui... bientôt, répète-t-il tristement.

Je n'ajoute rien, je ne sais pas quoi ajouter de toute manière, personne ne peut comprendre ce qu'il a enduré. Durant tout ce temps, Noha à été condamné. Ils préparaient sa mort, de la plus cruelle des manières : sans lui laisser la moindre chance de bouger. Dire qu'il ressentait tout... absolument tout.

Quand je termine, je vide l'eau et range tout le matériel, Noha reste songeur, et une fois encore, j'aimerais me perdre dans son esprit, savoir ce qu'il pense pour mieux le comprendre. Je le préviens que je file prendre une douche, espérant que Jean sera là quand j'aurais terminé. La nuit tombe de nouveau, nous avons beaucoup dormi.

Malheureusement, lorsque je sors de la salle de bain, étonnée par la lueur de déception qu'affiche Noha, ce crétin s'attendait certainement à ce que je sorte en serviette, mais je me suis habillée là-bas. Je trouve un message venant d'un numéro inconnu.

« Changement de plan, je ne peux pas venir tout de suite, je suis suivi par des hommes, et je crois qu'ils me soupçonnent d'être complice... tu m'énerve ! »

Pour l'amour de l'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant