Chapitre 25

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Je n'arrête pas de sourire, je suis heureuse, et tout le monde le remarque. J'ai eu droit à toutes sorte de question pour mon manquement à la sortie du groupe, étrangement, mon sourire niais les a radoucis. De toutes façons, peu importe ce qu'ils diront, je suis sur mon petit nuages de bonheur, rien d'autre ne compte.

Noha est là, je ne devrais pas m'attendrir comme je le fais, mais je n'y peux rien, c'est comme si toutes ces fois ou je me perdais dans mes fantasmes à le voir revenir, chez moi, dans le coin d'une ruelle, à l'hôpital, c'était machinale, incontrôlable, et là, mon esprit me susurre sournoisement « je te l'avais dit »... Parce qu'il est revenu avec l'espoir de recommencer comme il faut.

- Bonjour madame Renaud, comment allez-vous ce matin ? Je demande à la dame qui me dévisage comme à son habitude, puis sourit.

- Bonjour... Qu'est-ce qui vous rends aussi joviale ? Demande-t-elle en se redressant.

C'est une question qu'on ne cesse de me poser, ça me change des regards peinés, ou méfiants. Je prépare la nouvelle perfusion, je me sens si légère, si épanouie, c'est ridicule, je devrais me ressaisir et éviter de tomber dans les bras de Noha aussi vite. J'ai également un appel à passer... Je dois parler à Jean.

- Il se passe une chose bien dans ma vie, réponds-je, une chose que j'attendais désespérément...

- Cette chose serait-elle un homme ? Questionne-t-elle d'un air étrangement taquin.

- Effectivement, madame Renaud, il s'agit d'un homme. J'avoue sachant qu'elle l'oubliera aussitôt que je sortirais de cette chambre.

- Un homme qui a le pouvoir de créer ce genre de sourire mérite sa place, croyez-moi ! Mon chère Charles me faisait sourire... et pleurer aussi... Mais les larmes se terrissaient toujours pour laisser le plus merveilleux des bonheurs.

Je suis attendrie par cette femme qui se perd instantanément dans ses plus beaux souvenirs. Elle a dû en vivre des choses, pourtant, elle pense encore à cet homme qui a partagé la plus grande... Durant une seconde, je m'imagine aux côtés de Noha et une douce chaleur envahit mon visage.

Mon Dieu, je vais trop loin dans mes divagations.

Je salue la dame qui est visiblement ailleurs, les repas vont être servis et je meurs également de faim. Je n'ai pas vraiment mangé hier soir, et ce matin, j'avais le ventre noué. Me dirigeant vers la salle des infirmières, j'ai droit à ce regard étrange, décidément ma bonne humeur en surprends plus d'un.

- Viens-là, m'appelle Josy.

Je sors mon sandwich de mon sac et prends place dans le groupe. Ils discutent de leurs matinées, mais aussi de la soirée que j'ai zappé pour Noha. Je sens quelques regards sur moi mais je n'ai droit à aucun commentaires... tant mieux.

- Bon, tu vas nous dire ce qui te rend aussi heureuse ? S'agace Marie et je sursaute de surprise.

- Je vais finir par croire que j'ai tiré la gueule chaque jour jusque-là !

Je me défends pitoyablement, toutes les têtes se tournent vers la porte derrière moi, perplexe, je les imite et me crispe instantanément. Tout l'air quitte mes poumons, j'ai chaud, très chaud, car le directeur entre, il semble chercher quelque chose, et quand ses yeux trouvent les miens, un sourire étire ses lèvres.

Ce qui me met dans un tel état n'est ni le dirlo, si son secrétaire juste derrière mais la silhouette que John Graham que j'aperçois lever les yeux au plafond, et à ses côtés, Noha, il me sourit aussi niaisement que moi sans doute. Que fait-il là ? Oh, mon Dieu, pourquoi est-il là ? J'espère qu'il ne va pas...

Pour l'amour de l'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant