17-bis!

2.9K 387 3
                                    

Le temps prend une notion différente, il fait jour, ensuite nuit, et encore jour, si vite, si souvent, que je n'arrive plus à compter. Le personnel médical me soigne. Jean et d'autres amis viennent me voir et pleurent sans retenue. Je me sens lasse, blasée d'être là sans vraiment l'être.

Je me sens dégoutée parce que lui n'est plus revenu.

Il m'avait promis...

J'ignore combien de temps vais-je rester ainsi. Parfois, j'aimerais partir, si seulement je pouvais, et me laisser mourir. J'imagine que bientôt, une demande d'extinction des appareils sera demandée à mes parents... Des parents qui ne sont venu qu'une fois tant mon cas les intéresse peu. D'ailleurs, je n'ai jamais vraiment compté, et ça n'avait de grande importance.

Jean semble plus serein depuis que Noha est aux abonnés absents. Il me parle avec tendresse, s'occupe de moi, me parle d'avenir commun. Il me dit qu'il m'aime, se perds quelques fois dans de vieux souvenirs, et ses tentatives ratées pour m'avouer ses sentiments. Il en rit, mais je perçois le regret dans sa voix.

- Tu sais, à l'université, j'ai souvent imaginé nos soirées comme une chance de pouvoir te dire tout ce que je ressens pour toi, explique Jean, mais tu étais saoule, et l'ivresse faisait remonter cette innocence qui te définit si bien... Et je me contentais de la place que tu m'as attribuée dans ton cœur.

« Je suis désolée, Jean, je n'ai rien vu au début, et ensuite... Ensuite, j'avais peur de tout gâcher... » Je me sens stupide de répondre à chaque fois, de me justifier, parce qu'il ne m'entend pas. Je remarque des larmes sur ses joues, et j'ai tellement mal pour lui. Je sens mes yeux me brûler, je vais encore pleurer sachant que c'est inutile. Et mon ami enfonce le clou dans mon âme souffrante en parlant de lui.

- J'aurais dû le savoir, Eli, renifle-t-il, quand tu parlais de ce patient... l'or de tes yeux se mettait à briller un peu plus.

Mes larmes redoublent, il ne peut pas me dire ça... Il savait, bon sang, et il n'a rien dit. Jean souffrait dans son coin...

- Tu as tout fait pour cet inconnu, Eliane, tu n'as pas songé une seconde au danger, tu ... il n'y a que lui qui comptait, merde, et moi... moi j'attendais dans mon coin que tu m'appelles, sachant que tu étais avec lui... seule...

« Je regrette, Jean... » je sanglote inutilement, mon corps est secoué, la chambre s'assombrit, mais je m'en fiche, il doit faire de nouveau nuit. Je suis hypnotisée par Jean, il pleure silencieusement... J'aimerais tellement le consoler. Il le mérite. Jean à toujours été là, il restera quoi qu'il arrive, et je dois lui en être reconnaissante.

- Il ne reviendra plus maintenant, Eliane, il n'y aura que toi et moi... Tout redeviendra comme avant... Non ! Tout sera mieux encore...

Oui, tout sera mieux encore, me dis-je alors que les ténèbres reviennent. Jean redresse la tête, il contemple mon visage endormi et caresse ma joue certainement froide. Je ne sens pas vraiment son contact... Je m'en fiche. Lui est là. Il restera là parce qu'il m'aime vraiment. Jean tient ses promesses.

- Oh mon Dieu, hurle mon ami, je me sens fatiguée, je n'arrive pas à voir ce qui le choc autant. Réveille-toi, Eliane, c'est ça... ouvre les yeux...

***

La gourde, j'ai oubliée une partie, mais la voici, la voilà!

Pour l'amour de l'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant