Chapitre 19

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L'appartement de Jean est le même, et tellement différent à la fois. Je ne ressens plus cette sécurité imaginaire créée par l'amitié qui nous unissait. Désormais, je sens le regarde de cet ami sur mon corps, mes courbes, il me brûle, et me laisse simultanément indifférente... parce que ce n'est pas celui de Noha.

J'ai tellement honte de penser ce genre de chose...

Je n'ai pas le droit de blesser autant mon ami...

Je devrais être honnête avec lui...

Mais j'ai tellement peur de me retrouver seule, encore une fois.

Je n'ose pas demander ou se trouve ma chambre. Je sais que Jean en possède deux, mais peur de savoir qu'il nous imagine partager le même lit. Quelle hypocrite je fais. J'ai partagé le lit de Noha sans poser de question... Il ne pouvait pas bouger au début, et ensuite, je m'y suis faite tout simplement.

Ce qui me terrifie est que Jean tente de me toucher. Il pourrait le faire... Un baiser, le premier pas vers ces choses qu'il désir. Le pire est que je ne pourrais pas l'arrêter, j'aurais peur de le blesser par des mots, et je le briserais par mon silence... Il ne mérite pas ça... Je suis un monstre d'égoïsme.

- Ne sois pas aussi crispée, Eli, bafouille-t-il aussi mal à l'aise que je le suis. C'est moi... ce n'est que moi, Eliane...

Je tente de sourire, sachant que c'est justement ça le problème. Il est lui, Jean, cet ami toujours présent... Qui voudrait plus dans notre relation. Un plus que je ne peux lui donner parce que mon cœur l'espérait avec un autre. Mon ventre se noue sous la culpabilité... Je ne peux pas faire ça... Je ne peux pas vivre comme ça.

- Jean...

- Je t'ai préparé la chambre d'ami, Eli, cesse d'agir comme si on t'envoyait à la mort ! Claque-t-il tout à coup agacé. Je crois que je l'ai vexé... et ce n'est que le début.

- S'il te plaît, Jean, ne le prends pas comme ça... Je me sens déjà assez horrible.

Mon ami jure sans scrupule, fait un tour sur lui-même et se passe la main dans les cheveux. Je crois qu'il a compris, il sait depuis longtemps, mais ne rien dire facilite le déni... Malheureusement, à la fin, la douleur n'est que plus grande... Et la haine également. Je prends place sur son divan, déglutis plusieurs fois pour ravaler le sanglot qui me menace.

Je dois être claire...

- Tu n'as pas essayée, Eli... peut-être que tu te trompes, me coupe-t-il en prenant place devant moi. Si tu n'essaye pas, jamais on ne le saura.

Sa remarque me brise le cœur. L'espoir qu'il ressent est tellement attendrissant, il ne fait qu'accroître mon malaise, et je dois trouver les bons mots pour qu'il comprenne ce que j'ai sais, moi. Inspirant plusieurs fois, je relève lentement les yeux sur lui, sa mine abattue facilite ma décision, il a besoin de l'entendre.

- Je t'aime, Jean, tu le sais... Commencé-je, il retient son souffle. Je t'ai toujours aimé, vraiment. Quand tu m'as abordé à l'université, j'ai été un peu méfiante avec mon entourage, mais toi... Toi tu as su me mettre en confiance... Te souviens-tu de ce jour-là ? Demandé-je et mon ami fronce les sourcils, réfléchit un instant et sourit tristement.

- Je m'en souviens, Eliane, malheureusement, nous n'avons pas les mêmes souvenirs il me semble, réplique-t-il, et je fronce les sourcils. Je t'ai aperçu bien avant ce jour-là, je cherchais la bibliothèque, perdu, et tu m'as regardé... mais tu ne ma pas vraiment vu à ce que je constate. J'ai mis des semaines avant d'oser t'aborder, et ces fichues notes étaient l'excuse idéale.

Pour l'amour de l'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant