Chapitre 29

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Mon coeur bat si fort, je ressens ses échos dans tout mon être, mes veines pulsent, ma respiration est rapide, et une sourire niais ne quitte pas mes lèvres alors que Noha et moi mangeons silencieusement. Il ne cesse de me dévisager, mange sans appétit, et j'ai l'impression qu'une chose le démange, une question qu'il n'ose pas me poser, et j'ai peur. Est-ce que John aurait pu parler malgré tout? Non, il ne me gâcherait pas la surprise... si?

Imbécile.

Je joue tout de même le jeu, nous débarrassons la table, il m'effleure plus que nécessaire, tente de retenir mon attention et à chaque fois je m'extirpe de son emprise sans pouvoir retenir un gloussement d'excitation. Bon sang, j'ai tellement hâte de le lui annoncer, mais lentement, sournoisement, les idées noirs s'imiscent.

Et s'il n'était pas content?

Et s'il ne voulait pas d'enfant tout de suite?

S'il voulait qu'on se marie, qu'on voyage, qu'on vive avant de fonder notre famille?

Et s'il était déçu?

Non... Non, je ne peux pas penser ce genre de chose. Malgré tout, je me sens soudain dépitée, mal à l'aise, et je vais dans notre chambre pour prendre mon teste de grossesse afin de le lui montrer. Autant ne pas trop penser. Laisser faire les choses sans anticipation, parce que je ne tombe jamais juste... Non, Noha sera très heureux de devenir père.

- Je peux savoir ce qu'il t'arrive, m'interroge le concerné, je sursaute, ne m'attendant pas à avoir été suivie et je le foudroie du regard. D'abord John qui ne cesse de chantonner, explique-t-il perplexe, je pouffe de rire, John qui chante! Et ensuite toi, qui souris, qui ne me parle pas, perdue dans tes pensées... Je sature, là, parle-moi!

- John a sérieusement chantonné? Lui? Le plus gros pessimiste jamais rencontré! Et j'ai raté ça...

- Oui... Il devait passer ici pour récupérer un dossier, et j'ai conclu que vous vous êtes croisé, maugrée-t-il en s'approchant. J'ai tout de suis conclus que vous aviez discuté, qu'il a recommencé à t'énerver et qu'il a réussi... tu sais que vos disputes le mettent de bonne humeurs?

- Bâtard, grondé-je mi-amusée, je le sais oui, j'aime assez le remettre à sa place, me défends-je.

Noha me sourit enfin, juste un peu, il reste nerveux. Quand il est assez proche pour pouvoir m'enlacer, je ne me défends pas, ses mains passent sur mon dos, mes bras, mes mains qui tiennent fermement le petit bâton et il fronce les sourcils. Mon ventre se noue lorsqu'il tente de prendre mon bien, mon coeur se remet à cogner si fort qu'il me distrait, et je ne me défends pas quand il prend le test de grossesse.

Perplexe, il observe l'objet alors que je retiens mon souffle, Noha me scrute, cherche une réponse dans mes yeux, ma lèvre tremblante attire son attention et Noha écarquille un peu les yeux. Le rouage de ses méninges se met en marche, je crois qu'il comprends, je l'espère... J'ai ma réponse quand son regard descend encore plus bas... sur mon ventre.

Je ne respire plus, Noha fait un pas en arrière et se passe la main sur ses cheveux. Je crois qu'il a besoin de s'asseoir, chose qu'il fait à tâtons, jusqu'à se poser sur le lit. Le désespoir me gagne, j'ignore comment, mais j'avance vers lui et passe ma main sur les mèches décoiffés par ses doigts, je descends sur sa joue, son menton et le force à me regarder.

Mon coeur rate un battement lorsque je vois une larme lui échapper. Il pleure? bon sang, pourquoi il pleure. Je m'agenouille devant lui, tétanisée, je détese le voir aussi... Dépité? Non, il doit être heureux! Il doit vouloir cet enfant sinon... Oh, mon Dieu.

- Myriam m'a parlé d'une employé qui devait prendre un jour de congé pour maladie, souffle-t-il sans lever les yeux, j'ai été contre parce qu'elle allait bien, qu'elle ne devait pas mentir pour aller faire les magasins, et elle s'est fâché...

- Noha, je ne comprends pas, bafouillé-je gênée de devoir le rappeler à l'ordre.

- Elle a quitté mon bureau pour revenir avec l'employé, poursuit-il en haussant les épaules, la pauvre était tellement gênée. Myriam l'a forcé à me montrer la raison de son absence, de sa maladie qui n'en était effectivement pas une... Elle a sorti un bâton de ce genre et à avoué être enceinte. Deux traits pour positif, et un contrôle gynécologique était requis...

Je hoquête malgré moi et les larmes brouillent ma vue. Oui, il sait. Il sait ce que ce teste signifie, mais alors pourquoi ne se réjouit-il pas? Je l'observe, attends patiemment qu'il réagisse, non, je prie pour qu'il ait une réaction normale, celle que j'attends, celle dont j'ai besoin.

- Et là, je vois le même bâton, avec les mêmes deux barres, et... Putain Eliane, je n'arrive pas à respirer tant l'espoir me ronge, gronde-t-il en me regardant enfin. Dis moi que c'est bien ce que je crois! Dis moi que tu as fais ce teste, et que tu... tu... tu attends mon bébé?

Je place ma main sur ma bouche pour étouffer un pitoyable couinement venu du plus profond de mon être. Il a compris. Il sait. Et il le veut. L'espoir le ronge? ça veut dire qu'il désire cet enfant, qu'il le veut, qu'il l'espère.

- J'attends ton enfant, Noha, reniflé-je, je suis enceinte, et j'ai été tellement heureuse en l'apprenant, je le suis... Et toi? Es-tu heureux, Noha? Dis-moi si tu es heureux...

Les bras de Noha m'enlacent brusquement, il me soulève et me place sur ces jambes pour m'embrasser avec passion. une passion ardent, sa main libre me maintient le menton afin de m'empêcher de fuir, son autre bras me garde contre lui, et de ma paume, je sens son coeur battre aussi vite que le mien.

J'ai ma réponse, les mots sont inutiles, pourtant, Noha parle.

- Heureux? Comment peux-tu penser le contraire, Eli, me gronde-t-il d'une voix brisé par l'émotion. Je vais être père! Je vais avoir une petite fille ou un petit gars au regard doré. J'ai grâce à toi une famille! Je suis le plus heureux des hommes parce que je vais enfin avoir le plus belle des richesses en ce monde, mon amour, tout ça, grâce à une infirmière entré dans ma chambre, elle a ouvert la fenêtre pour faire pénétrer l'air, ignorant qu'en fait, elle m'ouvrait la voie pour la vie qui m'a été refusé jusque là.

- Noha...

- Bon Dieu, Eliane, épouse-moi, gronde-t-il le regard brillant. Devient ma femme, mon âme-soeur, ma moitié pour le reste de nos vies!

- Mais...

- Allons de l'avant, je t'en prie, geint-il en me serrant un peu plus contre lui. Je sais que j'ai été stupide, que j'ai placé la priorité sur le mauvais point de ma vie, j'ai merdé, mais je t'en prie, pardonne-moi une fois pour tout et allons de l'avant... toi, moi et notre enfant.

- Tu crois que m'engrosser fera table rase du passé, gloussé-je et il fronce les sourcils. Je vais t'épouser, mon vieux, je vais être ta moitié jusqu'à ce que la mort nous sépare, mais sache qu'au premier faux pas, je te rappellerais que tu m'as abandonné pour la course au pouvoir!

- Et j'aurais honte, réplique-t-il en souriant timidement. donc, c'est oui?

- Oui...

Noha se blottit contre moi et nous bouscule sur le lit pour étouffer les larmes qui le menacent. Je m'accroche désespérément à lui, souhaitant le réconforter, lui partager mon amour, mon pardon, parce qu'il est clair que je ne peux pas vivre sans lui, et qu'il ne veut pas vivre sans moi. J'entends ses mots d'amour dans mon cou, et je le serre un peu plus fort contre moi, notre enfant à naître entre nous, bien au chaud, en sécurité.

Nous l'aimerons, nous le protégerons, nous lui offrirons tout ce qu'il mérite, et nous lui apprendrons la valeur des choses. L'argent ne fait pas tout. L'or nous aveugle, nous privent de voir qu'il y a plus précieux que le bien matériel.

Notre enfant saura que la véritable richesse est au coeur de celui qui sait aimer... Et qu'il brille à travers le reflet de l'âme.

Pour l'amour de l'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant