Chapitre 17

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Je fais des points de sutures, encore, écoutant les plaintes de mon patient, et mon regard se perd vers cette femme âgée, assise sur son lit, attendant patiemment que quelqu'un daigne s'occuper d'elle. La pauvre. N'a-t-elle pas une personne de sa famille pour l'aider ? Pour la faire sentir plus importante...

Je devrais devenir infirmière à domicile.

J'aiderais des gens comme elle...

Quoi ? Mais je suis infirmière à domicile.

Relevant les yeux sur mon patient, je tombe sur de magnifique prunelle azurée. Noha ? Je souris poliment, cet homme m'est familier, ses traits, ce sourire, oui, je le connais. C'est Noha ! Je m'excuse poliment, j'ai terminé ses sutures, il a eu un petit accident avec sa moto. Une main me retient.

- Excusez-moi, mademoiselle, je n'ai pas pour habitude de faire ça, mais... je voudrais vous inviter au restaurant.

Restaurant ? Mais oui, Noha veut dîner aux chandelles, et m'emmener chez lui pour un verre de vin, pour finalement passer une nuit de folie... Pourtant, je refuse poliment, et je ne suis plus à l'hôpital, je suis dans une chambre, sa chambre, mon patient ne bouge pas, il me fixe sans ciller alors que je tiens une seringue entre les mains. Son traitement ? Ce poison, je ne dois pas le lui administrer.

- Tu te sentiras mieux, je te le promets.

Non ! C'est un mensonge ! C'est du poison, ça va le tuer, je ne peux pas faire ça, je ne dois pas le faire. Mon patient attend, comme s'il ne pouvait pas bouger. Il ne peut pas bouger ! L'aiguille s'enfonce dans sa peau et je ferme très fort les yeux pour ne pas assister à ce massacre.

Pardonne-moi, Noha...

- Je peux savoir ce que c'est ? Gronde Jean.

Les yeux écarquillés, je dévisage mon amie, pourtant, je sais ou nous sommes, je sais de quoi nous parlions. La fin de nos études est vraiment difficile pour lui, il a du mal en biologie, comme c'est drôle, dire qu'il va adorer décortiquer chaque molécule des prises de sang. Je saisis sa feuille, amusée tout à coup, Jean va encore bouder pour ma note comparée à la sienne... Ce n'est pas ça ? Ce sont des analyses sanguine... mais de Qui ?

- Ton patient est empoisonné au curare, Elian, ses muscles sont constamment paralysés, et tu es en train de devenir la personne qui appuiera qui le tuera...

- Quoi ? Mais, je...

- Se sera ta faute, Eli, alors, fichons le camp, tous les deux... partons avant que les problèmes arrivent... Sauvons-nous de ce merdier...

J'ai la tête qui tourne. Ces mots me sont familier. Jean veut qu'on parte... qu'on fui... mais qui ? Quoi ? Qu'est-ce qui nous met en danger ? Noha. C'est Noha qui nous met en danger. Je le sais, alors, pourquoi je ne suis pas... Pourquoi je ne veux pas fuir. Je ferme les yeux, inspire fortement, et une musique retentit.

Je suis à table, devant un homme charmant, nous dînons et je passe une magnifique soirée. Ou est Jean ? Que lui est-il arrivé ? Nous n'avons pas fui... nous devions fuir mais il... il... je ne sais plus. Tout ce que j'ai en tête est le visage souriant de cet homme et ses promesses silencieuses. Noha, aide-moi.

- La soirée ne fait que commencer, Eliane, assure-t-il, je me sens rougir, je glousse presque, et le regard bleuté qui me scrute semble satisfait.

- Bientôt, tu te rendras compte que tes sentiments ne sont qu'un attachement émotionnel, Noha, et tu m'abandonneras, alors que moi... je t'aimerais à en mourir.

Pour l'amour de l'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant