Chapitre 12

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Depuis le salon, je tends les bras, le cœur lourd, et patiente, restant sur le qui-vive.

Noha fait de petits pas, se soutenant de sa canne, celle que Jean a apporté. Il porte les habits que j'ai demandé à mon ami, et a tellement rit de joie que je n'ai pas pu retenir mes larmes. Un rien le rend si heureux. Réapprendre à utiliser son corps lui est tellement délectable, il a oublié combien tout est anodin pour ... moi... Il vit tous comme si c'étais la première fois.

Et ça l'est !

La première fois depuis une éternité.

Je tends les bras pour le soutenir, Noha m'observe avec malice, et délaisse sa canne qui tombe dans un bruit sourd, pour poser ses mains sur mes épaules. Il s'appui trop fort, me prend dans ses bras, et il est trop lourd, je m'effondre sans attendre, avec lui sur moi. Je peste de douleur, mon postérieur en a prit un coup, et ce con... il rit.

Je le repousse pour le foudroyer du regard, je ne suis pas certaine d'y arriver car l'intensité de ses prunelles me coupe le souffle. Tout mon corps ramollit car ses yeux voyagent sur mon visage, ma bouche entrouverte, et mon visage chauffe sans attendre car les souvenirs de ce baiser me submergent illico.

Nous nous sommes endormis l'un contre l'autre, Noha m'a tenu fermement dans ses bras, et au petit matin, j'ai eu peur, j'ai eu honte d'avoir profité de lui en semant l'espoir, un espoir qui s'installe en moi également, car bientôt, nous déchanterons tous les deux. La réalité est tellement différente... J'ai fui, et Noha à jouer mon jeu.

- Je pense que je suis prêt, souffle-t-il en se relevant péniblement.

Mon corps à soudainement froid. La déception qui me noue la gorge ne devrait pas être là, car s'il m'avait finalement embrassé, j'aurais perdu la tête, et je l'aurais regretté. Mal à l'aise, je me lève à mon tour, tends la main pour aider Noha à s'asseoir, chose qu'il feint ne pas voir et se débrouille tout seul.

Aïe, je l'ai vexé...

- Prêt pour quoi ? Demandé-je en m'asseyant en face sur la table basse. Noha lève les yeux sur moi, j'y vois sans mal son mécontentement, et joue les ignorantes effrontément. J'ai un don pour dévier les sujets fâcheux.

- Pour les affronter, réplique-t-il comme si j'étais stupide. Il va falloir que tu demandes à ton ami de contacter Graham. Je suis certain qu'il est sur écoute, et un appel de moi...

- Mon ami, grondé-je pour imiter son ton, est également suivi je te rappelle, d'où son absence continuelle ! S'il se rends chez cet homme, il lui arrivera quelque chose de grave, Noha et si tu promets de me protéger, je veux qu'il en soit de même pour lui.

Pour la première fois depuis longtemps, Noha me foudroie du regard, et je déteste ça. Relevant le menton, je le défie de répliquer quoi que ce soit de dérangeant concernant Jean. Il a fait énormément pour lui, et sa jalousie est très mal placée puisque je suis là, avec Noha, pendant que mon ami reste au dehors, en danger.

- Demande-lui d'envoyer quelqu'un pour parler à Graham, pas d'appel téléphonique, il ne doit pas connaître les détails, quelques mots suffiront...

- Noha, je veux que tu me dises clairement que Jean n'aura aucun ennui... S'il te plaît, insisté-je.

Son mécontentement est palpable, Noha détourne les yeux, je le sens furieux. C'est quoi son problème ? Je peux comprendre qu'il considère Jean comme un rival, mais il est également mon ami, et quelqu'un qui n'a pas posé de questions quand il fallait aider un pauvre patient drogué... Baissant le regard sur ses doigts, Noha marmonne presque.

Pour l'amour de l'orOù les histoires vivent. Découvrez maintenant