Chapitre 28 - Nic

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J'ouvre les yeux. Tout est détruit autour de moi. Je suis entouré de blocs de béton. Je ne peux pas bouger. J'ai apparemment eu de la chance car je n'ai mal nulle part. Mes mains sont vides. Où est celle de Sabine ?
Que s'est-il passé ? Je réfléchis... Je me rappelle que Marc a appelé Sabine et qu'elle a eu l'air paniqué. Elle m'a entraîné à l'extérieur de la chambre... Il était là ! Et... Boum !
Le souffle de l'explosion nous a projeté dans des directions opposées. Merde !
- Saaaaabiiiine ?
J'attends un peu. Pas de réponse.
Je hurle encore : Saaabiiiiiine.
Je m'époumone à nouveau, mais, d'un coup je me sens très mal... Et puis plus rien !

Je reprends connaissance sur un brancard. Combien de temps s'est passé ? Mystère.
Je murmure "Sabine". Plus la force de hurler. Un pompier met sa main sur mon épaule et me dit :
- On vient juste de vous sortir des gravats. Cela prendra du temps pour sortir tout le monde. Alors, reposez-vous et patientez.
- Qu.. Quoi ?

Il me re-tapote l'épaule. Son visage est plein de poussière et reflète une grande tristesse. Mon regard se porte autour de moi et je me rends compte que je suis au beau milieu de tas et tas de gravats et malheureusement peu de rescapés... Quand un bruit sourd retentit et me fait chuter du brancard.

Je me relève difficilement. Une partie de l'hôtel vient de s'effondrer. Je ne pense qu'à elle. Où est-elle ?

Sans vraiment m'en rendre compte, je me mets debout. Je vacille mais il faut que je la cherche. Elle ne peut pas être morte ! Non. Je suis sûr qu'elle est vivante, sinon... Sinon, je le saurai non ?
Voilà que je commence à devenir fou, je me fais les questions et les réponses.
Je commence péniblement à fouiller les décombres. Je dois la retrouver. Je dois me rendre compte par moi-même qu'elle va bien.

- Hey ! Vous ! Laissez-moi vous reconduire à votre brancard !
Il commence à sacrément m'énerver ce pompier.
- Vous ne comprenez pas ! Je dois la trouver.
- Qui ?
- Sabine.
- Qui ?
- Sabine. Mon.. Ma..
- ??
- Ma.. petite amie.
- Okay. Mais, vous ne pouvez pas chercher vous-mêmes. Vous devez patienter avec les autres.
- Écoutez, a priori vous ne savez pas qui je suis !
Oui, je sais, c'est pas joli-joli, mais aux grands mots les grands remèdes.
- Et vous, écoutez ! Je me fous totalement de qui vous êtes... même si votre visage ne m'est pas inconnu, mais bref ! Vous ne pouvez pas participer aux recherches. Vous êtes blessé et devez être évacué.
- Non - non ! Je ne veux pas être évacué.
- Les amis, filez-moi des entraves ! Ce type veut fouiller les décombres !
Et me voilà, entouré de trois pompiers m'empêchant d'aller la chercher et impossible de les raisonner.
Ils m'embarquent à l'écart. Je me débats mais ils sont vraiment costauds.
- Je vous en prie les gars...

C'est exactement à ce moment-là que nous entendons un effondrement important. Un nuage très dense se lève. On n'y voit plus rien, enfin... Surtout moi qui n'ai pas de casque ou de lunettes de protection. J'ai de la poussière dans les yeux, ça me brûle à mort ! Je hurle de douleur. Je mets immédiatement mes mains au niveau de mes yeux et tombe à genoux.
Je sens que l'on me porte, puis j'entends un bruit énorme. Un hélicoptère ! Oui, c'est ça ! Apparemment, on m'y installe.

- Monsieur ? Si vous m'entendez serrez ma main. Me dit une voix de femme.
Je le fais.
- Bon ! Nous allons vers un hôpital d'urgences. Apparemment, vous avez été touché aux yeux et à une jambe.
Une jambe ? Mais qu'est-ce qu'il raconte, elles vont bien mes jambes.
Comme je n'arrive pas à ouvrir mes yeux, je tâtonne un peu avec ma main et attrape ce que je peux.
- Oh non ! Ne touchez pas à ça.
Dis la femme de tout à l'heure.
- Où... est... Sabine ?
- Pardon ?
Je sens qu'elle se rapproche de moi.
- Où... est... Sabine ?
- Monsieur Bennett.
Ah, au moins quelqu'un qui me connaît. Faut bien que la célébrité serve à quelque chose, quand même.
La femme poursuit :
- Je n'en sais rien.
- Non !
- Mais je peux me renseigner, si vous voulez.
- Oui, s'il vous plait. Merci.
Silence... Enfin, à part le bruit de l'hélicoptère, je veux dire. Elle « revient », après quoi... une éternité...
- Monsieur ?
- Oui.
- Heu... Pour le moment, on n'a pas de trace d'elle, mais, des... corps... ont été trouvés dans les décombres et on ne les a pas tous identifiés.
- Non ! Elle n'est pas morte. Je sais qu'elle est toujours vivante. Je dis dans un souffle.
Je sens une petite pression sur mon épaule, pour me réconforter, j'imagine.
- Si vous voulez, je vous tiens au courant dès que j'apprends quelque chose. Je... hum... je sais qui est Sabine. Enfin... Je l'ai vu en photo sur des magasines avec vous.
- Okay. Merci.
- Mais si vous voulez mon avis...
Non évidemment que je n'en veux pas mais elle va me le donner quand même, n'est-ce pas ?
- Vous devriez passer à autre chose. Elle... Elle est passée à autre chose, non ? Et puis, sérieux, elle vous a largué vraiment du jour au lendemain et vraiment salement.
- Vous ne savez rien. Vous avez tout faux.
- Ouais ! Je crois surtout que vous l'aimez toujours et que vous êtes aveugle sur la situation.
- Écoutez : vous vous trompez sur elle. Elle n'a jamais cessé de m'aimer et...
- Et pour vous prouvez combien elle vous aime, elle ne vit plus avec vous mais avec son ex ?
- Oui, je sais que de quoi les apparences ont l'air mais, vous avez tout faux. Je vous assure.
- Oui, enfin, vous savez, moi je n'ai pas besoin d'être convaincue.
- Vous avez raison. Bref, avez-vous des nouvelles ?
- Je me renseigne.
Quelques minutes passent. L'angoisse !
- Monsieur Bennett, nous ne l'avons pas retrouvée encore.
- Il faut chercher encore.
- Les sauveteurs disent qu'il faudra plusieurs jours pour soulever tous les décombres. Et de votre côté, vous allez devoir subir une opération pour vos yeux, je pense.
- Rien n'est plus important pour moi que d'avoir de ses nouvelles. D'accord ?
- Oui, j'avais compris ! Okay, nous arrivons à l'hôpital. Préparez-vous.
- Hé ! Vous avez dit opération des yeux ?
Je suis tout à coup soulevé :
- Au revoir Monsieur Bennett. Je vous souhaite un bon rétablissement.
Je fais un petit signe de la main. On me repose sur quelque chose d'extrêmement froid.
- Monsieur ?
Tiens, une nouvelle voix.
- Je vais vous mettre un masque sur le visage pour vous endormir. L'opération sera longue et nous espérons vraiment pouvoir sauver vos yeux.
- Je ne comprends pas. Ce n'est que de la poussière.
- Pas tout à fait. Il s'agissait de poussière chaude. Très chaude. Vos cornées ont été brûlées et sont très endommagées. C'est en opérant que nous pourrons savoir exactement l'étendue des dégâts.
- Okay. Dis-je en tremblant.
Merde, il manquait plus que ça ! Maintenant, je peux perdre la vue ?
Comment disait Sabine déjà ? « Je ne veux pas que tu sois inclus dans toute cette merde ! » Et bien, j'y suis et bien profondément !
- C'est parti. Comptez à rebours à partir de 100, s'il vous plait.
- 100, 99, 9...8, 9...

- Monsieur ? Monsieur ?
- Oui.
J'arrive à articuler.
- Non, non. Ne touchez pas au bandeau sur vos yeux.
Je reste la main suspendue vers mon visage.
- Reposez-vous. L'opération s'est bien déroulée. Le médecin va venir vous en parler.
Je me sens complètement vaseux et je me rendors.

- Monsieur Bennett ?
- Oui.
- Je suis le docteur McKenzy. C'est moi qui me suis occupé de votre opération des yeux. Déjà, je peux vous dire que l'opération s'est bien déroulée. Nous avons pu retirer la cornée brûlée. Elle va maintenant se reconstituer par elle-même.
- Est-ce que je pourrai voir ?
- Et bien, je n'en sais rien encore. Il va vous falloir beaucoup de patience. Les soins pour aider votre cornée vont durer une quinzaine de jour et cela se passera dans le noir. Le reste du temps, vous aurez des coques de protection et un bandeau pour permettre une récupération plus rapide.
- Donc, dans quinze jours, on saura si je peux voir encore ? C'est bien ça ?
- Effectivement.
- Et ma jambe ? On m'a parlé de ma jambe.
- Il faudrait voir avec l'orthopédiste, mais je ne crois pas que c'était grave. Je l'ai vu vous faire quelques points de suture, et il vous a plâtré.
- Okay, merci.
- Bien, je vais vous laisser, maintenant. Les infirmiers sont arrivés. Ils vont vous emmener vers votre chambre. Vos parents et votre frère vous y attendent.
- Docteur ?
- Oui ?
- Est-ce que ma compagne Sabine a été retrouvée ?
- Je n'en ai aucune idée. Je peux demander à ce que l'on vous renseigne si vous le souhaitez.
- Oui, merci. J'aimerai prendre des nouvelles de plusieurs autres personnes aussi.
- Je m'en occupe. A très bientôt.

J'entends les infirmiers débloquer les roues de mon lit et me rouler jusqu'à ma chambre. Dans les couloirs, j'entends les gens chuchoter : « C'est lui, non ? C'est Nic ! », ou « Il est toujours en vie » ou encore « il parait qu'il est aveugle maintenant, quel dommage ! ».

- Ah mon chéri, te voilà.
La voix de ma mère. Je la reconnaîtrai entre mille.
Une main chaude me prend la main, un peu rêche, ce doit être mon père.
- Alors, Bro. Tu nous fais des frayeurs, hein ?
- Bonjour tout le monde. Ça va aller maman, t'inquiètes. Dites, combien de rescapés y a-t-il ?
- Bref, tu veux savoir si Elle est toujours en vie. Me répond-elle sur la défensive.
- Maman !!! Mais oui, c'est vrai, Elle est ma priorité.
- Tu devrais revoir tes priorités, alors !
- Maman !
- Non, arrête avec ton « maman ». Nous avons bien failli te perdre, et, quoi que tu en penses, c'est à cause d'elle.
- Tu te trompes, maman. Pas à cause d'elle mais à cause de lui.
- Quoi ?
- Oui, lui. Alex.
- Qui est Alex ?
- Peu importe. A-t-elle été retrouvée ?
- Non.
- Non ? Elle était avec moi quand ça a explosé. Si on m'a retrouvé, on aurait du la retrouver aussi !
- Nic, il y a eu plusieurs effondrements, apparemment il y avait des charges au niveau des fondations. Ça ne facilite pas les recherches. Déclare mon père.
- Il faut la retrouver.
- Les sauveteurs font ce qu'il faut.
- Et Anna et son mari ?
- La salle de bal a été épargnée. Ils vont bien.
- Et Marc ?
- Qui est Marc ?
- Le meilleur ami de Sabine.
- Aucune idée. Il faudrait regarder les listes.
- Pouvez-vous le faire ? Et ont-ils pensé à faire sonner son portable pour la repérer parmi les décombres.
- Il n'y a pas qu'elle qui a disparu !
- Maman !
- Oui et son portable a été retrouvé, frangin.

Heureusement que mon frère et mon père sont là, parce que ma mère l'a clairement dans le nez et ce n'est pas depuis cette explosion !

- Ce n'est pas logique. Elle l'avait forcément sur elle.

- Alors, mon grand ça ne peut vouloir dire qu'une seule chose, même si tu ne veux pas le croire : elle est probablement morte.

Silence. Mon cerveau réfléchit à toute vitesse et je déclare avec conviction :

- Non, je ne peux y croire ! Je la retrouverai vous verrez.

FIN DE LA PARTIE 2.

Zac, can I have this dance? [Zac Efron]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant