"Smooth operator" Sade
Après un vol en 747 de huit heures plutôt tranquille, on m'annonce que la suite du voyage se fera dans un petit avion de tourisme.
Ce premier vol m'a épuisé et quand je regarde l'avion de tourisme en question, je ne peux que penser qu'il s'agit d'une très mauvaise idée. Il semble tenir sur ses roues que par l'opération du Saint Esprit. La peinture n'existe plus et je vois même de la rouille sur les ailes et rebords du spinner de l'hélice de l'aile gauche.
- Et là, vous voulez vraiment me faire croire que cet avion, tout rouillé, peut voler ? Je demande plus que sceptique.
- Nic, t'inquiètes pas trop. J'ai déjà pris cet avion pour les repérages lieux et prises de vue, et je n'ai pas eu de problème. M'indique Joe le directeur de la photographie.
- Pas de problème, hein ?!
- Bon, je ne vais pas te mentir : tout tremble et le bruit est... Bref, il vole et peut nous amener à destination, c'est ce qu'on lui demande, non ?
Je ne préfère pas répondre car tout ceci ne me rassure pas du tout, mais bon, ai-je le choix ? Je prends mon sac et le lance sur mon épaule, puis grimpe dans le pseudo avion.
A mon entrée, une odeur nauséabonde de toilettes me surprend les narines et me donne envie de vomir, mais, je prends sur moi. D'un regard rapide, je découvre un avion quasiment vide avec juste quelques sièges vétustes boulonnés au sol de la carlingue.
Il parait que le réalisateur doute de ma capacité à aller au bout de ce tournage et je ne veux pas lui donner raison. Il va bien voir de quel bois je me chauffe.
D'ailleurs, je le salue ainsi que sa gentille et pétulante assistante en passant devant eux. Joe me présente alors le reste de l'équipe : son assistant, le jeune et sémillant Thomas, l'ingénieur du son qui se fait appeler Earings. Enfin, mon regard se porte sur une personne basanée habillé à la façon d'Indiana Jones.
Il se présente, Bear Grylls, ancien soldat des forces spéciales anglaises, alpiniste et aventurier chevronné. Il doit m'aider à survivre dans l'environnement hostile dans lequel je serai placé.
Au bout d'une heure, qui m'a clairement fait vieillir de dix ans, l'avion fait des embardées et les moteurs s'arrêtent alternativement, mais j'arrive néanmoins à discuter avec Bear qui me donne déjà de précieux conseils. Par exemple, il m'explique que la chose primordiale est de boire. Un homme peut se passer de manger mais pas de boire, quitte à boire ma propre miction ! Est-il vraiment sérieux ?
Apparemment, il l'est. Il me dit le tout est de toujours faire attention à ce qui m'entoure : une partie des êtres vivants voudront me dévorer et l'autre partie pourront être mangé sans risque. Pas très rassurant tout ça !
D'un coup, le pilote nous indique que nous allons traverser une zone de très fortes turbulences, qu'il n'y a rien d'inquiétant mais nous demande de rattacher notre ceinture de sécurité. Effectivement, par le hublot je vois qu'il pleut d'un coup très fortement et au son que l'on entend sur la carlingue, il doit même probablement grêler. Le réalisateur se plaint d'avoir perdu sa connexion, pourtant je porte mon attention plutôt sur la voix du pilote : flippée et flippante. Je me tourne alors vers le directeur de la photographie et lui lance un regard noir.
- Je n'y peux rien ! J'ai déjà pris cet avion et tout s'est bien passé ! Me crie-t-il pour couvrir le bruit des moteurs.
A cet instant précisément, un grand fracas se fait entendre. Je me tourne vers l'origine du bruit derrière moi et vois la queue de l'avion se détacher partiellement.
Ensuite, une très vive lumière m'aveugle. Un appel d'air incroyable se fait sentir et tout ce qui n'est pas solidement attaché ou arrimé à l'avant de l'avion est projeté vers l'arrière. Ce qui a pour effet inévitable d'arracher la queue de l'avion. Toutes les alarmes possibles bipent alors que nous sommes tous crispés sur nos sièges.
D'un coup, j'entends des grincements sinistres et des hurlements plus intenses. J'arrive tout juste à tourner la tête vers la source des cris pour voir Joe et son assistant Thomas toujours assis sur leurs sièges être littéralement éjectés de ce qui reste de l'avion.
Mais mon attention se reporte rapidement sur un énorme bruit semblant provenir du moteur de l'aile droite, il m'assourdit un bon moment jusqu'à ce que j'entende l'assistante du réalisateur se mettre à hurler que "nous allons tous mourir !". Tandis que l'avion pique, c'est-à-dire pointe vers le bas, quasiment à la verticale, mon corps est projeté contre le dossier de mon siège ! C'est la chute, elle est rapide, trop rapide ! Je serre les dents et prie pour que l'on s'en sorte.
Petit à petit, je sens que le nez de l'avion se redresse et j'y vois un signe. Je me dis toujours qu'on a nos chances et qu'il faut garder espoir... quand la voix du pilote affolé se fait à nouveau entendre dans les hauts-parleurs qui étonnamment fonctionnent encore. Il nous indique que le sol se rapproche à très grande vitesse et qu'il ne peut plus contrôler la descente. On s'en était douté ! Il conclut en nous enjoignant de mettre notre tête entre nos genoux, tels des fœtus pour se préparer au choc.
Le temps semble alors suspendu. Tout est calme - incroyablement calme comparé aux fracas que j'entendais jusque-là autour de moi ce qui me laisse réfléchir au fait que j'aimerai pouvoir entendre la voix de Sabine, peut-être une dernière fois. Mais mes mains sont crispées sous mes cuisses et mon téléphone est inaccessible !
Je l'imagine, dans son petit appart' à faire les cent pas pour attendre mon coup de fil. C'était notre deal, je devais lui annoncer que j'étais bien arrivé avant de confier mon téléphone et d'être coupé du monde. Mais... je crois qu'en fait, je ne vais jamais arriver, jamais ré-entendre sa voix. Je suis en train de me crasher dans un appareil qui s'est déjà à moitié désagrégé en vol, alors qu'est-ce que cela va donner en touchant le sol !
"Attention ! C'est maintenant !" Hurle le capitaine.
Je soulève un tout petit peu la tête et je vois Bear, assis non loin de moi, me lancer un regard confiant. Cela me confirme que ce mec est complètement fou, qu'il ne vit qu'avec de l'adrénaline, qu'il ne se rend absolument pas compte de la situation !
Cela occupe mon esprit jusqu'à l'immense "CRRRRAAACKKK !!!".
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Zac, can I have this dance? [Zac Efron]
FanficSabine est romancière. Contactée pour reprendre un scenario en toute urgence, elle va être reçue par le producteur et acteur principal du film : Nic Bennett (autrement dit : Zac Efron). Instantanément, elle est sous son charme. Lui, a déjà une petit...