Partie 09 :

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  La cuisine avec lui a par contre été très tendue. En effet, Monsieur ne sait rien manier. Il arrivait à peine à casser un œuf sans le faire couler à terre ou en mettre de côté. J'ai trouvé ça plutôt marrant, de le voir ramer à son tour, mais je ne pouvais pas me permettre de railler de lui alors qu'il avait l'air si sérieux. Et, à part mes instructions, je ne lui ai pas dis un mot. Idem pour lui. 

Djigo : - "Bon appétit.

Penda : - "Merci, à vous aussi.

J'espère que le Thiakry fait à ma manière lui va lui plaire. En général, le yaourt est fondu, mais là, je l'ai fait croustillant et je l'ai fourré de beurre, des arômes 3 Lions et autre condiments. 

Penda : - "Alors ?

Djigo : - "C'est très bon. Je ne l'avais jamais goûté comme ça.

Penda : - "Hé hé, je suis ravie que ça vous plaise.

Djigo : - "J'aime beaucoup. Qui te l'as donc appris ?

Penda : - "Oh, personne. Je m'y suis mise toute seule ?

Djigo : - "Tiens donc.

Penda : - "Je préfère le Thiakry en forme compacte plutôt que liquide, alors vous voyez...

Djigo : - "Hum, je comprends. C'est comme moi avec le chocolat. Je ne le consomme que liquide, en yaourt, en boisson, etc.

Penda : - "Pourtant, votre mère vous a fait un gâteau au chocolat. Un moelleux.

Djigo : - "Je le donnerais à Tata fanta demain.

Penda : - "Vous...vous ne le mangerez pas ?

Djigo : - "Ma mère ne sait pas cuisiner, tout ce qu'elle fait est absolument immangeable. Tata fanta le donnera à des enfants pauvres du quartier (les talibés). Elle a le don pour reconvertir tout ce qui est mauvais en des plats de luxe. Et puis, c'est mieux que de le jeter.

Je ne sais pas si je dois lui en vouloir de critiquer la cuisine de sa mère ou le féliciter pour son acte de générosité.

Penda : - "Vous le faites souvent ?

Djigo : - "Quoi donc ?

Penda : - "Donner vos restes.

Djigo : - "Trop souvent même. Enfin, je le faisais, avant que tu ne sois là. Ma mère passait tous les jours pour me cuisiner des repas, et comme je ne les consommais pas, je les donnais. Elle était vraiment chiante. Et elle l'est toujours.

Penda : - "C'est bien vrai.

Oh, la gourde ! Oh, seigneur, qu'est-ce que j'ai fais ?! Pourquoi j'ai parlé ?! 

Djigo : - "Haha...Tu es bien la première à m'approuver.

Penda : - "Je suis désolée, je ne voulais pas vous...

Djigo : - "Au contraire, c'est cool. Jusque là, personne n'a jamais osé me dire la vérité en face.

Je ne sais quoi dire. Il ne s'énerve pas, c'est juste, mais tout de même, il sait désormais que je pense du mal de sa mère.

Djigo : - "Il faut avouer qu'elle m'irrite plus que tout. Elle ne cesse de grogner pour rien. 

Penda : - "C'est vrai qu'elle est incompréhensible...

Djigo : - "J'espère qu'elle ne t'a pas trop dérangé, aujourd'hui.

Penda : - "N-non, ça a été...

Je ne peux pas lui avouer la vérité. Certes, elle m'a giflé et blessé, mais il vaut mieux garder ça pour moi, pour l'instant.

La soirée se passe trop bien pour que je la gâches et risque de me faire tuer par la même occasion. Je sais, j'utilise toujours le même terme, "tuer", mais c'est parce que je crains trop la mort. Tout le monde est terrifié à l'idée de mourir, puisque personne ne sait réellement ce qui nous attend après. Pour certains, c'est bien meilleur, mais pour d'autres c'est l'Enfer. Car, s'il y a bien une chose dont je suis sûre, c'est que, quelque soit le monde dans lequel on vit, il existera toujours autant de bien que de mal, de paix que de guerre, et de bien-être que de souffrance.

PENDA.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant