24.

18 3 1
                                    

Elle a commencé à jouer à ce jeu. C'est sa meilleure amie qui l'a initié.

Ce n'était qu'un simple jeu. Elle devait faire courir la lame sur sa peau, la faire glisser, jusqu'à ce que le liquide carmin coule doucement. 

Pour elle, ce n'était qu'un jeu. Son amie le faisait, alors pourquoi pas elle ?

Puis, ce jeu à durée. La lame était devenue une drogue, elle ne pouvait s'en passer.

Elle a changé de classe mais son amie était toujours avec elle, et la lame aussi. 

Mais ce n'était qu'un jeu.

Elle a commencé à être bousculé, insultée. Elle était harcelée par sa classe. Une classe de bêtes assoiffée de haine.

Puis, elle n'eut plus de nouvelles de son amie, cette dernière ne venait plus en cours.  Elle était seule, seule face à des bêtes.

Les violences étaient plus méchantes, plus violentes, plus vicieuses.

Et elle comprit. Elle comprit que c'était plus qu'un jeu. La lame était son amie.

Quelques jours après cette illumination, elle apprit que sa meilleure amie, celle qui l'avait initié, avait fait une TS qui avait marché. 

Elle était encore plus seule. Mais la lame était là.

Alors les plaies se multiplièrent. Elles devinrent plus profondes, plus sanglantes.

Elle était intelligente, elle les faisait là où cela ne se voyait pas. Ses cuisses, son ventre, ses pieds étaient couverts de marques rouges, à peine cicatrisé.

Mais elle était toujours, toujours. Et elle avait de plus en plus de mal à garder son masque intact.

Le soir, quand elle rentrait, son premier réflexe était de récupérer sa lame avant d'aller se laver. 

Elle observait pendant de longues minutes, le liquide carmin se mêler à l'eau. Elle observait pendant de longues minutes, la mousse du savon rougir, puis s'effacer au contact de l'eau. Elle ressentait pendant de longues minutes, le savon agir comme un désinfectant sur ses nouvelles plaies.

Mais elle n'en pouvait plus.

Alors, ce soir-là, elle fit comme tous les soirs. Elle sourit face à ses parents, riant avec eux. Elle les embrassa avant de monter dans sa chambre pour dormir.

Mais, lorsque le petit réveil indiça 23h45, alors que tout le monde dormait, elle se leva.

Elle se dirigea vers la salle de bain et récupéra différents médicaments, en particulier des somnifères et des puissants médicaments contre les douleurs.

Une fois dans sa chambre, elle retira les médicaments de leur boîte avant de sortir sa lame. 

Elle avala les médicaments en faisant de profondes entailles sur son bras.

Une fois tous les médicaments ingérés et son bras meurtri, elle s'allongea sur son lit et ferma les yeux.

Le lendemain, sa mère entra dans sa chambre et découvrit sa fille morte, le bras en sang et des boîtes vides près d'elle. 

Elle s'était suicidée.

Personne ne l'avait vu venir.
Ni ces parents
Ni le corps enseignant 
Ni ses bourreaux. 

Personne n'aurait pensé que cette jeune fille joyeuse était, en réalité, si détruite.

Recueil De TextesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant