Chapitre un.

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Écrit en mars 2018.
Corrigé en septembre 2018.

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20 ans plus tard...

Je peux sentir l'eau couler sur mon pelage, se frayant un chemin parmi les poils. Je profite de la chaleur de mon bain pour me détendre dans les eaux profondes et fermer les yeux pour m'imerger. Mes membres sont engourdis à cause de l'entraînement de Ridzac. Je les détends dans la baignoire en faisant craquer mes os.

Vingt ans viennent de s'écouler depuis que j'ai rencontré Tsukumo. Et rien n'a changé. Il est toujours aussi glacial et muet. Malgré le temps qui s'est écoulé, je ne connais qu'à peine sa voix. Et pourtant, aussi étrange que cela soit, il ne me quitte jamais, même pendant que je prends mon bain, il est présent. D'ailleurs, c'est lui qui frotte mon dos quand je le lui demande. Sinon, il se contente de rester debout, juste à côté de moi alors que je suis complètement nu. Et même comme ça, il reste imperturbable. Il ne me regarde pas, ses yeux sont perdus dans le vide.

Lui aussi a bien grandi. Ses cheveux sont toujours aussi clairs mais magnifiques. Il reste plus petit que moi. Il m'arrive à peine au niveau des pectoraux. Son corps est très fin mais j'aime bien la forme de ses petites fesses. Elles sont rondes et assez rebondies. Je rêve de les mordre, de les marquer avec mes crocs. De les lécher et de les doigter jusqu'à plonger ma main en elles.

Encore une fois je m'égare, mais Tsukumo me fait bander. Fort heureusement pour moi, la mousse cache mon sexe tendu et je ne compte pas me masturber en sa présence.

Préférant penser à autre chose, je me lève après avoir pris le temps de me calmer intérieurement. Très vite, mon membre redevient complètement mou. Je me retrouve à poil devant mon servant mais ce dernier n'a aucune réaction. Ce n'est pas la première fois, bien au contraire.
J'aurais aimé le voir embarrassé, gêné et rougir. Mais il ne se passe rien. Tsukumo n'a aucun désir pour moi ou qui que ce soit. Il ne bande pas face à mon corps divin. Je suis terriblement déçu car il me plaît vraiment.

— Serviette.
—Oui, Monsieur.

Tsukumo passe une longue serviette autour de ma taille avant de la nouer d'un nœud sur le côté. Puis, je quitte mon bain en laissant mon servant vider l'eau de la baignoire et la nettoyer après mon passage. Malgré son calme légendaire, je tiens à lui. Nous avons grandi ensemble. Si au début, j'étais le plus grand des enfoirés, aujourd'hui je suis plus mature. Avec l'âge, j'ai compris que Tsukumo avait un véritable souci. Je pense que cela est lié à son passé ou peut-être qu'il est malade mais n'ose pas me le dire. Je vais devoir chercher des réponses. Maintenant que je suis devenu un adulte fort, je peux lui venir en aide. Tsukumo a besoin de moi mais il ne veut pas le dire. Les mots lui manquent mais avec le temps, j'ai appris à décoder ce jeune humain.

Je suis certain qu'il est encore plus mignon quand il sourit. Tsukumo est beau et cette expression froide ne le met pas en valeur. Si les servants veillent sur leur Maître, il est de mon devoir de prendre soin de lui et de m'assurer de sa bonne santé. Même s'il parle peu, il est évident qu'il souffre.

—Aide moi à m'habiller.
—Oui, Monsieur.

Il ne m'appelle jamais par mon prénom. J'aimerais l'entendre de ses petites lèvres irrésistiblement craquantes que j'aie envie de mordiller et d'embrasser mais je ne peux pas. Tsukumo doit probablement me détester mais il continue de me suivre car son rôle l'y oblige.

Je peux m'habiller seul mais c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour le voir de plus près.

—Brosse ma queue, Tsukumo.

Je parle bien de celle qui se trouve dans le bas de mon dos. En tant que prince, je dois prendre soin de moi car je représente la famille royale d'Ibn Fadhan. Tsukumo est comme un frère pour nous, il vit ici. Il a sa chambre et à accès comme bon lui semble au palais. Il s'entend bien avec Tarek et Liselotte même s'il est toujours aussi réservé. Quant à moi, je suis assez lunatique quand il s'agit de lui. Par moment, je perd mon sang froid et m'énerve sur lui. Et même s'il est inexpressif, Tsukumo ne m'en tient jamais rigueur. J'aimerais pourtant le mettre en colère et l'entendre hurler tout ce qu'il retient dans son cœur, mais je n'y arrive pas.

—Oui, Monsieur.

Arrivé dans ma chambre, je m'allonge sur le lit, ventre contre matelas. J'ai un physique imposant de part ma nature alors mon lit est très spacieux. Mais le corps de Tsukumo suffit à combler le vide, c'est vrai que c'est mieux de voir cet espace rempli par un corps aussi magnifique que le sien. Ce dernier prend ma queue et la pose sur ses genoux avant de commencer à la brosser. Les poils de la brosse me font du bien, je me laisse aller et me détends. Tsukumo prend soin de moi et à force de passer du temps avec lui, il sait que j'aime quand ses mouvements sont lents mais suffisamment appuyés. Il prend le temps de me brosser pour rendre mes poils plus soyeux et lumineux. J'ai la chance d'avoir un beau pelage clair qui fait ressortir mes yeux dorés.

—Tsukumo ?
—Oui, Monsieur ?

Je ne relève pas son « Monsieur » qui me perturbe. Il pourrait m'appeler au moins par mon prénom quand même. Nous ne sommes pas des étrangers. Pour moi comme pour ma famille, il est l'un des nôtres. C'est un membre précieux. Je ne laisserai personne lui faire de mal.

— Tu ne te lasses pas de cette situation ?

Nous étions des adultes à présent. Il est temps pour nous de penser à demain pour notre futur. Tsukumo doit penser à lui pour se construire. Cet humain ne connait pas l'amour. J'ai déjà eu des histoires mais rien de sérieux puisque ce glaçon est constamment dans ma tête.

— Non, Monsieur.

Ça ne m'étonne pas. Il a toujours eu le cœur sur la main malgré tout.

—Je suis le servant de la famille Vangogh. Mon rôle est de prendre soin de vous et de vos proches, Monsieur.
—C'est également ta famille, Tsukumo. Tu es chez toi ici. Ne l'oublie jamais. Ne parle pas ainsi comme si tu étais un étranger.

Je me demande s'il a vraiment conscience de ce qu'il répond. Je pourrais m'en prendre à lui car je suis une bête. Une vierge comme lui est la cible parfaite pour quelqu'un de ma race. Il pue la pureté. Je suis sur que lui faire l'amour est la plus belle des sensations. Depuis que j'ai conscience que le sexe existe, j'ai constamment envie de lui. Purée, en vingt-cinq ans d'existence, je n'ai jamais eu de rapport. J'ai tenté bien des fois, mais en vain. Le visage de Tsukumo me revient à chaque fois que je tente quelque chose avec quelqu'un. Je n'ai pas besoin d'enchaîner les histoires pour savoir comment faire l'amour. Si chez les humains, cela s'enseigne, le cas des bêtes est différent. Le sexe est ancré dans nos veines.

Je n'ai jamais caché à Tsukumo mon attirance pour lui. J'ignore si c'est de l'amour mais ce garçon me plait. Mais dans son état, il lui est impossible de comprendre mes paroles.

—Tu es bien innocent, Tsukumo mais tu arrives à un âge où tu dois penser à toi.

C'est rare de le voir me regarder dans les yeux mais pourtant, c'est ce qu'il fait actuellement.

—Vous ne pourrez pas me faire changer d'avis. Si je suis ici, c'est pour vous, Monsieur.

Le glaçon n'est pas prêt de fondre. Je vais ramer pour lui faire ouvrir son cœur mais ses paroles me touchent.

Mais dire de tel mots, il veut causer ma mort à moi et à celle de mon pénis ?

—Je suis là pour vous.

Si seulement il avait conscience de la portée de ses paroles.

Si seulement...

ARANAËL ET LE GARÇON AUX CHEVEUX BLANCSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant