Chapitre treize.

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Longuement, j’ai discuté avec mes parents sans entrer dans les détails. Ma sœur s'est réveillée pendant notre échange et s'est mise à pleurer. Mes parents ont dû couper court à notre conversation pour la prendre en charge et quant à moi, je préfère les laisser sur cette note.

D'un côté, les pleurs de ma petite sœur me permettent de m'en aller sans embêter mes parents plus longtemps alors qu'ils ont bien des choses à faire que d’écouter la peine de leur fils.

Une fois la porte derrière moi fermée, je décide de regagner ma chambre pour faire le vide dans ma tête, mais le destin se joue de moi. Je tombe nez à nez avec Tsukumo qui y fait le ménage. J’ignore sa présence dans un premier temps. S'il tente d’engager la conversation, il remarque que le moment n’est pas pas bien choisi et que je préfère me taire pour ne pas le déranger. Et alors qu’il a fait mon lit bien avant mon arrivée, je décide de tout retourner. Les oreillers sautent aux quatre coins de la pièce alors que la couverture est jetée plus loin sur le sol. Tsukumo s’arrête pour me regarder, réalisant que je passe mes nerfs sur son travail. Puis, nos regards se rencontrent dans un parfait silence.

—Qu’est-ce que tu as, hein ? Ça t’amuse de mettre les pieds ici alors que tu refusais encore de venir ici ? Ne me regarde pas avec ces yeux-là. Le menace-je.

C’est la première fois que je prend la parole aussi froidement à son égard, mais je ne peux pas faire semblant quand il s’agit de lui. Je ne peux pas agir comme si de rien n’était et continuer à jouer le gentil petit maître alors que j’ai pleinement conscience de cette situation. Je n’arrive pas à me retirer de la tête la sensation de ses lèvres contre ma gueule et de ses gémissements. L'image de son érection me hante mais je réalise qu'il ne s'agit pas de désir mais d'une réaction physiologique de son corps.
Rien de plus, rien de moins.

—M-Monsieur ?

Alors qu’il tient son plumeau dans les mains, je décide de l’attraper violement par le poignet pour le lui arracher de force. Il crie sur le coup et prend peur quand je le lui prends des mains. S'il sait que je ne lui ferais aucun mal, ma réaction le bouleverse et il se rend compte que je suis en colère. En colère contre moi-même puisqu'à lui, je ne peux pas lui en vouloir. Je me déteste pour ne pas avoir réussi à le comprendre plus tôt, et à voir cet handicap alors qu'il a toujours été à mes côtés. Je brise l’objet en question sous les yeux impuissants de Tsukumo qui laisse ses larmes couler.

La réception était finie depuis longtemps maintenant.

À plusieurs reprises, il tente de m’appeler mais sa voix ne m’atteint pas. Elle passe d'une oreille à l’autre et l’ignore alors qu'il pleure sérieusement.

—ARRÊTE DE PLEURER ET NE REMET PLUS JAMAIS UN PUTAIN DE PIED ICI ! T'AS COMPRIS !?

Il tremble et un frisson passe sur ses épaules qu'il hausse instinctivement. Très vite, il recule quand je m’approche de lui dans le but de le faire sortir de ma chambre.

—DÉGAGE, ALLEZ ! JE NE VEUX PLUS TE VOIR !

Mes paroles dépassent ma pensée et je m’emporte. Bien évidemment que je pense le contraire mais n'arrive plus à contrôler cette rage en moi.

Je le saisis violemment par le bras et le pousse en dehors de la pièce. Derrière la porte, il frappe avec ses mains et pleure pour me supplier de lui ouvrir et de le laisser entrer à l’intérieur. Mais je reste têtu et insensible face à ses larmes et ses suppliques qui pourtant, me brisent littéralement le cœur.

Malheureusement, je montre mon véritable visage à Tsukumo. Celui d'une bête violente.

Je continue de saccager la chambre en retournant les meubles. Les rideaux arrachés finissent en morceaux, alors que je détruis tout ce que Tsukumo a pu toucher avant mon arrivée. Dans l'un des meubles par terre, le tiroir est ouvert. Une boîte à bijoux en est tombée.

À l’intérieur se trouve la bague que je comptais lui offrir pour son anniversaire. Mais je réalise que c’est inutile et que cela n'a plus de sens. Ce n’est pas le rejet de Tsukumo qui me fait mal, si c’est son souhait alors je le respecte. Mais je m'en veux d’avoir cru qu'il pouvait ressentir la même chose que moi et d'avoir pensé qu’il était peut-être mon âme sœur.

Chacun des objets portant l’odeur de Tsukumo se retrouvent en pièce alors que je jette cette bague maudite dans les flammes de la cheminée.

—N-Non !
—Tsuk...

Mais Tsukumo ouvre la porte de la chambre que j'ai oublié de verrouiller pour mettre ses mains dans le feu et tenter de récupérer la bague.

— Tsukumo !

Il hurle à la mort quand il se rend compte que les flammes le brûlent pour de vrai. Mais courageusement, il parvient à se saisir du bijou. J’ai le réflexe de le prendre par la taille pour l’éloigner de là, et hurle à l’aide pour qu'on lui vienne en aide. Je tiens Tsukumo dans mes bras alors qu'il souffre terriblement de ses blessures. Et je n’ai aucun mal à comprendre les séquelles que son geste lui laissera par la suite.

Il pleure contre moi alors que je tente de le rassurer avec ma voix qui plus tôt, lui a crié dessus. Je caresse ses cheveux blancs alors qu’il crie de douleur et pleure de tristesse tout en tenant la bague dans ses paumes.

À nouveau, je blesse Tsukumo parce que je ne suis pas capable de contrôler mes émotions. Il ne peut pas continuer à rester à mes cotés plus longtemps.

Mais son geste m'a touché.

ARANAËL ET LE GARÇON AUX CHEVEUX BLANCSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant