Chapitre trente-quatre.

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1er dessin de 2019 avec Estella et Tsukumo, enfant :)

Ne les trouvez vous pas mignons ?

— Jamais… jamais je ne pourrai vivre en ayant la mort… de votre mère sur les épaules, Aranaël.

Quand Tsukumo lève le canon de l'arme sur sa tempe, je m'empresse de courir dans sa direction pour empêcher qu’une tragédie se répète. Je lui attrape par le poignet mais il appuie sur la détente par accident. Si Tsukumo est épargné par ce tire, le canon du pistolet est dans ma direction. Quand le feu est lancé, la balle me touche dans le ventre. Mes vêtements prennent une couleur rouge immédiatement alors que mon sang coule par terre. Tsukumo et moi tombons à genoux et le garçon pleure toutes les larmes de son corps en se tenant à moi.

Pourquoi se met-il dans un état pareil ? Malgré la blessure, je souris au jeune garçon parce que je savais que je n'allais pas en mourir. Par chance, la balle n’a pas touché d’organe vital, même si la blessure est importante. Mais je suis d'une constitution physique supérieure à Tsukumo, une simple balle ne peut pas me tuer. Mais le bout portant de ce geste me fait terriblement mal.

—Aranaël ! Crie le garçon en tentant de m’apporter son aide.
—D-Doucement, Tsukumo…

Je me relève difficilement en me tenant le ventre d'une main, sous le regard larmoyant du jeune servant aux cheveux blancs. Ma blessure semble terriblement le bouleverser, mais je vais bien, sincèrement. Du plus profond de mon cœur je n’ai jamais été aussi heureux que maintenant de le retrouver. Alors délicatement, j’enroule mes bras autour de lui et le laisse fondre en larme contre mon épaule. Désespérément, il pleure, sans parvenir à retenir ses cris et ses sanglots, sans parvenir à ne pas trembler à genoux, contre mon corps. Et doucement, je passe une main sur sa petite tête pour caresser ses cheveux pour qu'il ne me voit pas prendre l’arme par terre, et la mettre dans mon dos là, où il n’ira pas la chercher. Je sens ses doigts se serrer autour de ma blouse et tirer dessus quand il pleure par moment. Pour la première fois, j’ai affaire à un enfant, qui ne parvient plus à endiguer sa peine.

Et en cet instant, Tsukumo a besoin de moi plus que jamais. Alors sur sa vie, je me jure de le protéger éternellement. D’être à ses côtés jusqu’à ce que la mort nous sépare, et de l’aimer. L’aimer comme personne n'a su le faire avec lui et ainsi, construire un avenir à ses côtés. Pour que le sacrifice de nos mères n'est pas été en vain, mais aussi pour vivre pour nous même, encore demain. Mais aussi les jours suivent pour que notre existence est enfin un sens.
Je prends ainsi donc, le visage de Tsukumo en coupe pour qu'il me regarde enfin.

— V-Votre… votre visage, remarque-t-il en caressant cette partie abîmée de moi.
—Oh, ça ? Ce n’est rien, je te promets que je vais bien, Tsukumo. Alors…

Dans mon esprit, j'ai l’image d'une mère incroyablement forte, et souriante. Bienveillante qui n’a jamais douté de son amour pour nous. J’aurais eu la chance… non, le privilège d’avoir été son fils. Et si je le reste pour toujours, je veux que d'en haut, ma mère soit fière de moi.

—Alors je t'en prie, dis-je en tenant sa main près de mon visage, rentrons à la maison, ensemble, Tsukumo.

Alors qu’il s’apprête à me répondre, il s’arrête en constatant qu'il neige de nouveau. Quand il lève la tête vers le ciel, je remarque qu’il porte ses appareils auditifs endommagés. J'allais devoir lui en apporter de nouveaux quand nous serons au palais. Baron a dû les abîmer pendant notre affrontement, et Tsukumo ne m’entend pas complétement, mais il comprend à quel point je tiens à lui et que je suis sincèrement désolé pour ma parole. Comment ai-je pu être aussi horrible avec lui alors qu’il incarne la douceur pure, hein ? Je n’ai aucun honneur…

Alors sur le sol, nous regardons cette chute si pure tomber sur nous, et recouvrir le royaume que ma mère et mon père ont construit pour nous. Plus que tout, je chéris cet endroit où j’ai grandi. Mais aussi là, où j’ai rencontrer le garçon aux cheveux blancs.

Décidés, nous nous levons en faisant attention à ne pas glisser et Tsukumo accepte de me prêter main forte en me permettant de m'appuyer sur lui. Même si je n'y mets pas tout mon poids, son aide m'est précieuse. Et doucement, nous reprenons le chemin de chez nous pour écrire une nouvelle page de notre livre.

Si l'absence d'une mère est terriblement difficile a accepter pour un fils, ni moi ni Tsukumo ne pouvons nier que dans cet endroit, résident nos plus beaux souvenirs. Jamais je n’aurais pensé me lier à ce garçon si… si inaccessible et froid. Toute ma vie, j’ai pourchassé ce garçon parce qu’il éveillait en moi cet étrange sensation. Aujourd’hui, nous étions soudés, bien que notre lien restait fragile. Mais d’un autre côté, notre relation a changé grâce à ce moment. Malgré cette terrible épreuve, nous sommes incapables de nous séparer. Et grâce au geste de ma mère qui a permis à nos sentiments de s’entremêler, je n’ai plus peur d’entendre sa réponse.

Et de ma hauteur, je regarde ce garçon si fragile, me rendant compte que j’avais l'être le plus courageux à mes cotés. Il m'arrache un sourire que je ne parviens pas à masquer.

ARANAËL ET LE GARÇON AUX CHEVEUX BLANCSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant