ARANAËL ET LE GARÇON AUX CHEVEUX BLANCS

Chapitre cinq.

Écrit en avril 2018.
Corrigé en septembre 2018.

C’est étrange de voir ma mère me servir du thé, en général, elle s'occupe du confort de son compagnon. Je suis habitué à ce que ce soit Tsukumo qui adopte un tel comportement.

—Comme tu le sais, Tsukumo a un problème de communication. Il est bègue. C’est un garçon très timide, commence mon père.

Seulement, ça ne date pas d’hier. Tout ça, je le sais !

—Je m'en fiche !

Je tape du poing sur la table avant de réaliser ce que je viens de dire. Ce que j'entends par là, c'est que Tsukumo reste Tsukumo. Il peut devenir muet et complètement sourd que je ne verrais pas la différence. Il est le garçon le plus gentil qui soit, et je me suis juré de toujours le protéger. Je chéris son existence plus que la mienne. Sa présence est indispensable à mon bien être. Il est mon majordome et jamais, je ne le repousserai à cause de ses problèmes de santé. Au contraire, j’ai une bonne raison pour le protéger et le trouver plus mignon que les autres.

—Calme toi, mon fils.

Je fixe mon père.

—Tsukumo me rappelle ta mère quand elle était plus jeune.

C’est au tour de ma mère de le regarder, les larmes aux yeux. Délicatement, ils glissent leur main l’une dans l’autre, se montrant leur amour mutuellement.

—Estel, tu es plus beau chaque jour, je suis la bête la plus heureuse du monde, avoue-t-il à ma mère.
—Daeron…

J’ai l'impression qu'ils m'ont un peu oublié. Mais je suis touché par leur démonstration affective. Ils s’aiment d'un amour sincère, parfois douloureux, mais ils restent unis comme les doigts d'une main.

—Tsukumo est un garçon très bien pour toi, Aranaël. Il est certain que vous finirez mariés.

Je rougis énormément. Comment ma mère pouvait-elle tenir de tels discours aussi embarrassants ? On aurait dit Ridzac.

—N'importe quoi. Je ne fais que le blesser !
—Ta mère a pourtant raison. En fait, il faut que tu saches que les liens qui unissent deux êtres sont forts, mais que par moment, ils le sont trop.

Maman se met à sourire pour reprendre à la suite.

—Mais c'est ce qui fait la beauté de notre relation par exemple. Ton père est même une brute au lit !
—HEIN !?

Papa se lève et moi je rougis. Dire que ma mère a plus d'expérience que moi.

—Tu dis que je suis une brute mais tu adores tout ce que je te fais, Estel.
—M-Même pas vrai…

Maman a le visage complètement rouge. Elle gonfle les joues de honte et je comprends maintenant pourquoi j’entends autant de cris toutes les nuits. Souvent, le palais est retourné au petit matin à cause de leurs ébats

—Tout ça pour dire que Tsukumo a besoin de toi.
—Et pourquoi je ne suis pas au courant de cela avant ?

Mes parents se regardent mutuellement, un peu bouleversés.

—Parce que... commence ma mère.
—...Tsukumo nous a demandé de ne rien te dire, termine mon père. Il ne voulait pas que tu t’inquiètes pour lui.

Je ferme mon poing sur la table, rageant contre moi-même. Parce que je n'ai pas su faire attention à ce détail. En plus de l’avoir ignoré, j’ai blessé son épaule et son corps. Je suis le pire.

—Quand il se réveillera, pense à aller t’excuser.

Ma mère caresse mon poing pour me réconforter et faire baisser la pression. Elle a raison, je ne peux pas effacer les dernières heures mais m’excuser est la meilleure solution. Ce n'est pas grand-chose mais je tiens à le faire.