Chapitre quatre.

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Écrit en avril 2018.
Corrigé en septembre 2018.

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Rapidement, je me rends compte de la bombe que je viens de lâcher devant Tsukumo. Je perds raison, bientôt, je ne serais plus qu'un monstre et je ne veux pas le blesser. J'ignore tout de cet humain et pourtant, il m'est plus que précieux.

Mais même après vingt ans à ses côtés, j'ai l'impression d'être un... Un inconnu à ses yeux.

Je me redresse aussi vite que je suis venu ici, laissant Tsukumo sur son lit. Je me retrouve debout, adossé à l'un des murs de sa chambre, complètement chamboulé par ma passion et ma raison. Mon servant tente de me tendre sa main mais je la rejette.

-Pardonne moi, Tsukumo.

Je hurle tel un loup avant de me jeter sur lui de nouveau, déchirant une partie de ses habits. Violement, je mords son épaule pour le marquer et le faire mien. Tsukumo crie et gigote ses membres dans tous les sens pour me repousser, sans y parvenir. Il n'a pas de force et je n'arrive pas à m'arrêter. Je touche son corps sans tendresse, laissant mon instinct animal me submerger et le blesser.

-Aranaël !

Mes parents qui ont entendu les cris de ma victime viennent d'arriver dans la pièce. Rapidement, ma mère s'approche de nous mais mon père s'interpose pour assurer sa sécurité. Encore un peu et je m'en prenais à ma propre mère. Quant à lui, il me maîtrise de toutes ses forces au sol tandis que Tsukumo et pris en charge.

Il plaque ses mains sur ses oreilles, fermant les yeux. Tsukumo ne pleure pas, même s'il est sur le point de verser des larmes.

-Calme toi, mon fils !

Mon père m'injecte une forte dose de médicament dans le bras pour apaiser mes pulsions. En quelques minutes, je retrouve la raison et reprends vite mon calme et mes esprits. J'ai salivé sur le sol, comme en chien. Voir Tsukumo à porter de main m'a fait perdre la tête et m'a foutu en érection.

-Sors de cette pièce. Demain, nous aurons une petite discussion.

Mon père m'aide à me lever avant de me soutenir par les épaules. En marchant sur le sol, mon pied écrase un petit appareil. M'ayant légèrement fait mal, je regarde ce qui a bien pu céder sous mon poids.

-Mais, ce sont des...

Je reste étonné. Je viens de casser... des appareils auditifs. Je revois un bref instant l'image de Tsukumo qui se tient les oreilles, dans ma tête. Est-ce que par hasard, il... il les portait ? Mais depuis quand ? Pourquoi ne suis-je pas au courant ?

-Ça veut dire quoi ça, papa !?

La bête grogne de mécontentement face à ma rébellion.

-Je t'ai dit que nous aurions une conversation demain. Ne pose plus de questions !

Mon père me guide jusqu'à mes appartements. Je regagne assez vite ma chambre. Quant à mon servant, ma mère l'a pris sous son aile pour vérifier sa blessure. J'ai planté mes crocs dans sa peau et marqué son corps de mes griffes. Si mes parents n'étaient pas intervenus, alors j'ignore comment les choses auraient fini.

Je ne peux pas fermer les yeux de la nuit. Je me contente de m'appuyer sur le petit muret de la fenêtre pour observer la lune depuis ma chambre. Elle me rappelle les magnifiques cheveux de Tsukumo. Un argenté éclatant illuminant le plus obscur des chemins.

***

Je reprends connaissance dans la même position assise. En tant que bête, je résiste facilement à la douleur. Je n'ai aucune courbature malgré la nuit passée de manière inconfortable. Le soleil s'est levé et je peux entendre les premiers chants des oiseaux. En regagnant ma chambre, je ne peux ne pas repenser à la veille. J'ai blessé la personne que j'aimais le plus au monde.

En plus d'être bègue, il a des problèmes de surdité. Tsukumo est un être fragile qui a besoin d'affection, pas de violence. Et je comprends mieux sa carapace froide. Mais pourquoi diable n'ai-je remarqué ce problème plus tôt ?

Il doit terriblement souffrir en permanence, et moi, j'en rajoute encore avec ce qui s'est passé.

Rapidement, je me prépare pour la journée. Ma mère vient me chercher dans ma chambre pour m'emmener voir mon père.

-Tsukumo a besoin de repos. Claude s'occupe de lui pour le moment.

Le ventre de maman est sacrément rond car elle attend un bébé. À bientôt cinquante ans, elle peut encore tomber enceinte. Bon, c'est un garçon mais elle ne se considère pas comme un père, laissant cette tâche à son conjoint. Maman est une personne humaine, je me demande s'il la déjà blessé, lui. C'est obligé. Il est peut être le roi d'Ibn Fadhan mais il n'en reste pas moins une bête royale.

-Tu es trop pensif, mon chéri.
-Hein ?

Maman marche un peu plus vite que moi pour me guider dans leurs appartements. Elle a beau être d'une nature plus faible, elle a toujours eu cette volonté de nous guider, de nous montrer le bon chemin à mes frères et sœurs. Je ne veux pas décevoir mes parents.

-Papa et moi on a à te parler, mon grand.
- Je vais écouter ce que vous avez à me dire, lui et toi.

Je caresse ses cheveux délicatement. Blonds, doux et soyeux, ils sont magnifiques. Comme ses yeux. Maman a des problèmes de cécité à l'œil gauche suite à son agression quand elle était enfant. Cela a dû être terrible à vivre mais elle connait papa depuis sa plus tendre enfance. Je sais qu'il a toujours pris soin d'elle. Je comprends sa possessivité.

-Quand tu auras fini de toucher à ta mère, tu nous rejoindras à table.

Ah, avec tout ça, je n'ai pas remarqué que nous sommes arrivés devant lui. Accueil charmant, en tout cas. Quel idiot de père. Sérieusement, il est jaloux pour trois fois rien. M'enfin, je sais comment me jouer de lui au moins.

-Allons mon amour, ne t'énerves pas pour ça, le rassure maman.
-Pardon, je suis désolé, chéri.

Avec elle, il n'était pas la même personne. Tout de suite, il s'assagit. Maman a un véritable pouvoir de persuasion.

-Prends place.

Une fois assis, mes parents en font de même. Nous voici pour un face à face aux révélations si attendues.

ARANAËL ET LE GARÇON AUX CHEVEUX BLANCSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant