Comme vous l'avez compris, l'histoire touche prochainement à sa fin, nous arrivons sur les derniers chapitres mais ne sais combien précisément :P
Donc je publie très régulièrement pour achever cet univers une bonne fois pour toute :3
Nous nous sommes réunis en famille pour procéder à l'enterrement de nos parents. Si le peuple d'Ibn Fadhan pleure la mort de leurs souverains, cela nous a tenu à cœur d'être en les uns avec les autres en cet instant. Tous mes frères et sœurs sont présents, même les plus jeunes qui disent leur disent naïvement au revoir. Vêtu de noir sous une légère pluie, je laisse mes larmes couler le long de ma gueule. Le sel brûle légèrement sur ma blessure mais ce n'est en rien comparable à ce que je ressens maintenant.À côté, Tsukumo se tient debout à quelques pas de moi pour qu'on se tienne par la main. Même si nous ne nous sommes pas reparlés depuis notre confrontation sur la tombe de ses parents. Incapables de dialoguer l'un avec l'autre en cet instant, nous ne pouvons pourtant nous éloigner de l'autre. Et de toute façon, Tsukumo a perdu ses appareils pour entendre. Lors de notre affrontement au marché, ils ont été trop endommagés par Baron. Et je maîtrise très mal le langage des signes, contrairement à maman et au reste de la famille. Je n'ai qu'un carnet de notes et un crayon pour communiquer avec lui, au plus profond de ma poche arrière. Et je réalise quel connard je suis de ne pas m'investir dans l'apprentissage de cette langue si belle.
Ridzac et Loïck sont présents sur les lieux. Tous les deux sont les fidèles amis de nos parents et jamais, ils n'auraient raté ce moment malgré cette terrible tristesse. Nous avons tous la tête baissée, à pleurer en silence chacun de son côté, à regarde impuissant des bêtes recouvrir leur cercueil commun de terre fraîche.
Avant de leur dire définitivement adieu, je repense à eux une dernière fois. Notamment dans les bons moments de leur vivant. Au sourire et à la bienveillance de maman. À sa voix et ses bons petits plats. Mais également à cette gentillesse dont elle a toujours fait preuve. Et maintenant que mon père s'en est allé, je réalise à quel point il me manque déjà. S'il a toujours été un peu sévère avec moi je comprends que c'était pour mon unique bien. Il a toujours défendu les siens en s'oubliant lui-même. Je me souviens d'avoir surpris maman en pleurer. Ils ont passé leur vie à servir les causes du royaume, rendant le peuple fier d'eux. Tous gardent d'eux l'image d'un couple exceptionnel, qui s'aimait dans la vie comme dans la mort. Jamais, cette image ne pourra être souillée, même si le Conseil décidé de renaître de leurs cendres.
Alors je ne sais pas si je suis réellement digne de porter cette couronne. Tous mes frères et sœurs croient en moi, mais Tsukumo ne m'a toujours rien dit. Et tant que je ne saurais pas à quoi il pense, je ne serai pas capable d'assumer ce rôle. Je veux que de lui-même, il reste à mes cotés pour me soutenir. Égoïstement, je refuse de reprendre le royaume s'il n'est pas à mes cotés. Alors dans mes pensées, je serre ma main autour de la sienne et le sens lever son regard sur moi. Mais il ne dit rien, comprenant que je suis face à moi-même. Seul, avec mon ombre.
Perdu entre passé, présent et avenir.
Et si je peux compter sur Ridzac et Loïck, ils ne prendront jamais la véritable place de mes parents. Mais pourtant, une partie de moi les considère comme tels. J'ai leur inestimable soutien. Je sais qu'ils prendront soin de moi et de ma famille et qu'ils seront là pour nous guider sur la bonne voie.
Dans cette épreuve, je ne suis pas seul. Tous, nous partageons cette douleur, ce fardeau. Mais nous avons en nous l'image d'un père et d'une mère extraordinaire.
***
Quand les cloches ont sonné, nous sommes rentrés. Ibn Fadhan s'est mis sur des couleurs sombres en ce jour triste. Mais nous avons fini par regagner le palais.
Rapidement, je suis pris en charge par le médecin de famille qui continue de me suivre attentivement. Il change tous les jours mes bandages et applique soigneusement une crème réparatrice qu'il oublie de récupérer sur mon lit. Une fois le traitement administré, j'allume quelques bougies dans ma chambre pour tenter de mettre un peu de chaleur à mon humeur. Mais rien ne parvient à me redonner l'envie de vivre. Cette pression soudaine est trop lourde à porter, mais je ne peux pas trahir la confiance de mes parents. Ils ont placé leur espoir en moi.
Et j'ai déjà tellement pleuré que je suis vidé. Je ne parviens pas à faire rouler mes larmes sur mes joues dorénavant. Je réalise alors que le médecin de famille n'a pas repris sa crème. Je décide donc de le rejoindre et ouvre la porte de la chambre pour le rattraper. Mais je m'arrête à temps, avant de percuter Tsukumo que je vois à la dernière minute, en larme devant l'entrée de ma chambre.
—Tsukumo, que...
Même s'il ne m'entend pas, il n'a personne vers qui se tourner en cet instant. J'abandonne l'idée de rendre cette crème et décide d'inviter Tsukumo à me rejoindre dans la pièce pour qu'il ne reste pas debout, à pleurer dans son coin. Je pose le crème sur la table de chevet, près de mon lit et laisse Tsukumo prendre ses marques dans mon espace personnel.
Je souris alors qu'il pleure. Mais je réalise qu'il est resté derrière la porte, incapable de l'ouvrir par peur que je le repousse.
En y repensant, ça me rappelle cette fois là où j'ai tout compris de travers, ça me paraît si lointain alors que c'était hier encore.
Avant que nos vies basculent.
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ARANAËL ET LE GARÇON AUX CHEVEUX BLANCS
WilkołakiBien des années viennent de s'écouler sur le royaume d'Ibn Fadhan. Estella et Daeron coulent des jours heureux et leurs enfants grandissent. Aranaël rencontre Tsukumo, un jeune garçon aux cheveux blancs et au visage sans expressions quand il n'est...