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Ce que je vois me laisse bouche bée.

Je n'arrive pas à croire ce que je vois mais pourtant c'est bien réel.
Je suis dans une rue assez sombre, mais je vois très clair ce qu'il s'y passe.

Je vois Johan en train de se battre avec trois autres adolescents.
Il n'a pas l'air de m'avoir vu et continue de frapper les autres garçons. Les connaît-il ?

Je commence à courir vers eux pour les stopper et je me mets à crier :
-Johan ! Stop, arrête ça ! Johan ! Non mais qu'est ce qui te prend ?

Lorsqu'il me voit, son visage devient blême. Il a honte et moi aussi je me sens honteuse.
Je ne l'ai jamais vu dans cet état et je ne comprends pas comment il a pu atterrir ici.
Je regarde les trois garçons un par un, pour voir si je les reconnais mais je ne me souviens pas de les avoir déjà vu. Ils partent en courant et disparaissent au coin de la rue nous laissant seuls avec Johan.
-Mia, je sais pas quoi te dire...
-Comment as tu pu atterrir ici ?
-Je ne sais plus...
-Tu te fous de moi ? Je t'ai appelé des milliers de fois, tu n'as répondu qu'après le millième coup de fil et tu étais complètement bourré !
-Mia...
-Tu ne te souviens pas ? Tu ne te souviens m'avoir dit que tu ne pouvais pas ? Tu préférais quoi, te bourrer la gueule ? Tu te fous de moi ?
-Écoute...
-Non ! Toi, écoute moi. Je me suis fais un sang d'encre pour toi, je suis sortie de chez moi en pleine nuit pour venir te chercher parce que je m'inquiétais et qu'est ce que je trouve ? Mon petit ami bourré en train de se battre avec des inconnus !
Et tu veux que je t'écoute ? Tu plaisantes ?

Il ne répond pas et le vide s'installe entre nous. Je reprends :
-Que s'est-il passé ? Ce matin même tu me promettais d'essayer, tu me disais pleins de belles choses comme quoi on pouvait y arriver tous les deux si on essayait. Comment ça a pu changer si rapidement ? Pourquoi ?
-Je ne peux pas...Je ne vais pas y arriver.
-Tu ne vas pas arriver à faire quoi ?
-À m'occuper d'un enfant comme étant le mien et prendre soin de lui. Je ne vais pas y arriver.
-Qu'est ce que tu en sais ? Bien sûr que si tu as le potentiel pour être père. Et je te rappelle aussi que nous sommes au courant seulement depuis ce matin. Nous verrons demain au rendez-vous ce qu'on pourra faire et comment on s'organisera par la suite. Ne t'inquiètes pas, d'accord ?

Comme réponse, il m'embrasse tendrement et je le prends ensuite dans mes bras. J'étais loin d'imaginer à quel point il était en train de paniquer. Vraiment très loin du compte.

-Bon, je te raccompagne jusqu'à chez toi. Il est tard. Tu boiras (?) un grand verre d'eau en arrivant histoire de te débourrer un peu la gueule.

Je le raccompagne chez lui, m'assure qu'il prenne un verre d'eau et qu'il aille se coucher pour rentrer ensuite chez moi.

Sur la route, je me mets à réfléchir sur Johan et moi. Pourquoi pense t-il ne pas pouvoir y arriver ?  Pourquoi ? Il a tout le potentiel pour y arriver. C'est un bon et tendre garçon et il est intelligent en plus de ça. Je ne vois pas pourquoi il se remet en question, surtout maintenant.
Je sais que c'est vraiment tout récent, même très récent mais nous ne savons toujours pas ce que nous allons décider. Je ne suis même pas sûre de vouloir le garder.
Et à vrai dire, au fond, je suis aussi paniquée que lui.

Arrivée chez moi, je monte discrètement dans ma chambre, mes parents sont montés dans la leur car je vois leur porte fermée.

Je rentre dans ma chambre, ferme la porte derrière moi. Je me change rapidement et me faufile dans mon lit.
Je suis épuisée par cette journée calamiteuse qui, j'ai l'impression n'en  finit pas. 
Il est déjà minuit passé, et je suis censée me réveiller à sept heures le lendemain matin pour me rendre en cours. Je sens déjà que le réveil risque d'être dur.


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