Tout près de moi

14

-Vous souffrez d'un cancer du sein.

PDV MIA

Mon coeur prend un coup.
Il éclate.

Non, non ce n'est pas possible.
Je ne veux pas y croire.

Je ne peux pas être malade.
Je ne peux pas avoir le cancer.

Je regarde le médecin et le supplie du regard pour qu'il me dise qu'en réalité, il s'est simplement trompé et que tout ira bien.

Mais ce dernier ne dit rien.

Je regarde Johan, je vois ses yeux remplis de pitié.

Et je comprends que je suis vraiment malade.

Bordel, j'ai un cancer.

Je baisse les yeux et je sens mes yeux devenir mouillés, les larmes tombent les unes après les autres.

Johan me prend les mains comme pour me dire qu'il est avec moi et qu'il ne me lâchera pas, qu'il sera toujours là à m'aider.
Même si savoir cela me met du baume au coeur, je n'arrive pas le regarder dans les yeux.
Je ne veux plus voir une seule once de pitié dans ses yeux.

J'aimerais quitter cette chambre d'hôpital, la quitter maintenant, tout de suite, mais malheureusement mon état m'en empêche.

Devrais-je rester là jusqu'à la fin de mon traitement ?

Rose se met à pleurer et pousse des cris stridents comme si elle savait ce qu'il se passait, ce qui me fait pleurer de plus belle.

Le médecin propose de nous laisser en famille et Johan hoche la tête en guise de réponse, puis le médecin quitte la pièce.

Nous restons silencieux pendant plusieurs minutes, comme seul bruit les pleurs de Rose.
Johan la prend dans ses bras et la berce calmement.
Plus le temps passe plus elle paraît se calmer.

Quand elle s'endort, je demande à Johan de la prendre dans mes bras.

J'aime la regarder, elle est si jolie.
Je caresse ses petites mains que j'aime tant.

Je n'ai pas le droit.
Je n'ai pas le droit de la laisser.
Elle a besoin de moi et j'ai besoin d'elle.
Bien sûr il y aurait Johan mais elle a besoin de deux parents. Elle le mérite.
Et Johan le mérite tout autant qu'elle.

Je n'ai pas le droit de les quitter.
Je ne veux pas les quitter, en aucun cas.

-Je vais me battre, dis-je soudainement.
-Quoi ?
-Je vais me battre contre ce foutu cancer qui va me pourrir la vie.
Jusqu'au bout.
-Mia, écoute..
-Quoi ? Je n'ai pas envie de baisser les bras, je ne veux pas vous laisser tomber.
-Tu ne vas pas nous laisser tomber, ça j'en suis persuadé. Seulement quand je te vois dans ce lit d'hôpital, dans cet état là, j'ai peur que ton corps, lui, ne décide d'en faire qu'à sa tête.
-Ne t'inquiètes pas, mon corps ira bien tout du long, je te le promets et je m'en sortirais encore plus forte qu'avant.
-Je t'aime. Je ne veux pas te perdre.
-Je t'aime aussi. Écoute, je vais me battre, d'accord ? Ce cancer ne gagnera pas contre moi, c'est mission impossible, déjà peine perdue pour lui.

Johan sert ma main dans la sienne et regarde Rose.

-Elle a besoin de toi. Je ne m'en sortirais pas tout seul. Elle a besoin de sa mère.
-Je le sais. Et je serais là quand elle aura besoin de moi.

Johan s'approche et m'embrasse tendrement, j'aime la sensation de ses lèvres contre les miennes et je ne pourrais pas m'en défaire.

Cette sensation me procure de la joie et le sentiment de bien être. Je me sens voler. Tout simplement.

-Johan ?
-Oui ?
-Je suis encore plus amoureuse de toi qu'au début de notre relation.

Johan prend Rose dans ses bras, la pose dans son landeau.

Puis il vient se poser près de moi sur le lit, et m'embrasse encore et encore.

-Je t'aime Mia, bordel que je t'aime.

Je ris contre ses lèvres.
Johan a réussi à me rire lors d'un moment crucial.
Il a réussi à sécher mes larmes et à me faire rire alors que je n'en avais aucune envie il y a encore dix minutes de cela.

Je reste dans ses bras une quinzaine de minutes, ma tête contre son torse et ses bras m'entourant.
Nous regardons le plafond avec seuls bruits nos respirations et les petits  gazouillements de Rose.

Nous ne parlons pas mais dans ma tête c'est le chaos.

Je ne veux avouer à Johan que j'ai tout de même peur de ne pas y arriver.
J'ai peur de ne pas être assez forte pour combattre mon cancer du sein.

J'ai promis de me battre et je vais le faire coûte que coûte, et je vais continuer quoiqu'il arrive, seulement je redoute moment où je n'aurais pas assez de forces.

Je m'en veux d'avoir promis ces choses à Johan, je m'en veux car j'ai peur de ne pas arriver à tenir mes promesses si grandes.

Une sonnerie de téléphone me sort de mes pensées, c'est le mien.

Johan se lève pour aller me le chercher et me le donne.

Je remarque que ma mère a essayé de m'appeler plusieurs fois déjà.

-C'est ma mère.
-Il faut que tu lui dises.
-Non, pas maintenant.
-Mia, il faut qu'elle sache.
-Je ne peux pas lui dire maintenant.
-Mia...
-S'il te plaît.
-D'accord mais dis-lui de venir te voir demain.

J'accepte sa proposition, après tout ma mère a le droit de savoir que je suis malade.

Ma mère encore une fois et cette fois-ci je décroche :
-Bonjour Mia.
-Salut Maman.
-Comment vas-tu ?
-J'ai eu quelques problèmes mais ça va aller.
-Ah oui ? Quels problèmes ?
-Je suis à l'hôpital, maman.
-Quoi ? Mais pourquoi ?
-Je vais t'expliquer. Tu pourrais venir demain ?
-Je viens tout de suite, me dit-elle.