Tout près de moi

20

-Alors qui ?

-Mia.

PDV JOHAN

Lorsque je dis son prénom, ma mère commence à devenir pâle et ouvre la bouche comme signe d'étonnement.

-Mia ? De quoi souffre t-elle ?

-D'un cancer. Elle a le cancer du sein.

Je me sens coupable de lui avouer tout ça alors que je ne l'ai pas vu depuis si longtemps. Et je ne sais pas si Mia aurait préféré lui dire elle-même. Après tout, ma petite amie ne supporte pas non plus mes parents alors je ne pense pas qu'elle leur aurait dit.

-Oh, ma pauvre enfant ! fit-elle en gesticulant ses bras.

-Arrête tes manières, Maman. Pourquoi nos vies semblent-elles t'intéresser tout à coup ?

-Je voulais prendre des nouvelles alors me voilà !

-Tu aurais pu prendre des nouvelles plus tôt, non ?

-Je n'ai pas eu le temps avec tout le travail que j'avais.

-Bien sûr, encore une fois, c'est de la faute du travail.

-Johan arrête s'il te plaît.

-Tu sais quoi ? Tu a pris de mes nouvelles, alors tu peux t'en aller maintenant, dis-je en me retournant.

-Je viens avec toi.

-Pourquoi tu ferais ça ?

-Pour voir mon adorable belle fille, ainsi que ma petite fille.

-Rose n'est pas ici elle est avec Sarah.

-Oh ! Cette cruche de Sarah ne m'a rien dit ! dit-elle d'un ton mesquin.

-Non mais tu te prends pour qui ?

-Pour ta mère et donc celle qui prend les décisions pour toi.

-Depuis quand ? Deux minutes ?

-Johan, arrêtes ton petit jeu tout de suite.

-Pardon ?

-Bon, si je monte avec toi voir Mia, je te laisserai tranquille tout le temps que tu voudras.

-Tu me proposes un deal ?

-Exactement.

Quelques minutes plus tard, je toque à la porte de Mia puis entre.
Lorsqu'elle me voit, elle esquisse un sourire puis quand elle remarque la personne se trouvant derrière moi, son sourire tombe d'un coup comme si elle avait vu le diable. Et il faut dire que je la comprends.
Je la regarde pour lui dire que je suis désolé de la situation, heureusement elle n'a pas l'air de m'en vouloir.

Je n'ai pas le temps de dire la moindre chose que ma mère s'exclame :

-Oh ma belle ! Je suis tellement désolée de ce qu'il t'arrive.

Mia rit de nervosité face à l'hypocrisie de ma mère.

-Et qu'est ce qu'il m'arrive ?

-Ton cancer enfin !

Soudain, son regard se tourne vers moi et se remplit d'amertume et de colère. J'aimerais disparaître six pieds sous terre pour ne pas avoir à m'expliquer. Je ne suis pas lâche de nature mais voir son regard aussi noir me terrifie un peu, je dois l'avouer.

-Oh ! J'ai dis quelque chose qu'il ne fallait pas ? demande ma mère.

-Non tout va bien Claire, répond Mia, toujours les yeux rivés sur moi.
Ça ne vous dérange pas si on vous demande de quitter la chambre cinq minutes pour que je puisse parler avec Johan ?

-Non pas du tout, dit ma mère en se levant.

Mia attend qu'elle ait quitté la chambre pour me dire :

-Tu étais vraiment obligé de lui annoncer ? Maintenant ?

-Je suis désolé, je n'ai pas réfléchi sur le coup et puis elle allait forcément l'apprendre.

-D'accord je sais bien qu'elle l'aurait su un moment où un autre mais ça aurait dû être à moi de le lui dire.

-Excuse-moi. Tu m'en veux vraiment beaucoup ?

-Le fait est que j'aurais pu lui dire. J'avais le pouvoir de le faire et tu me l'as pris. Donc oui je t'en veux.

-Tu en as pleins d'autres des pouvoirs.

-Ah oui lesquels ? Celui de pouvoir être chez moi avec ma fille et m'occuper d'elle ? Celui de pouvoir profiter de ma vie et aller au lycée ? Ou celui de pouvoir travailler pour gagner ma vie ?

-Pour l'instant, j'admets que tout ça est compliqué. Mais tu dois oublies que c'est seulement temporaire. Tu oublies que tu vas te remettre de ce cancer et tu auras tous les pouvoirs possibles et inimaginables.

-Et si ce n'était pas temporaire ? Et si je m'en remettais pas ? Je me répète tout le temps que je vais me battre contre ma maladie pour vivre et pour toi et Rose. Mais j'en reviens toujours à me demander si je suis assez forte pour survivre.

-Arrête de te poser des questions, moi je le sais. Je sais que tu es assez forte, tu es assez forte pour te battre.

-Stop. Johan, je ne peux arrêter de me poser ces questions. J'ai simplement peur. J'ai peur de ce que j'ai dans mon corps. J'ai peur de mourir, j'ai peur rater toute la vie de Rose et la tienne. J'ai peur de ne plus pouvoir profiter des petits instants de bonheurs que la vie a à m'offrir.
J'ai peur de ne plus vivre.
Je ne peux pas nier ce dont quoi j'ai peur.

-Mia. Je ne savais pas. Je ne savais pas ce que tu ressentais. Je suis là, tu peux me parler quand ça ne va pas. C'est mon rôle de t'écouter quand tu ne vas pas bien.

-Tu ne comprends pas. Tu ne sais pas ce que je vis en ce moment. Tu ne comprends pas ce dont j'ai besoin. Tu ne comprends pas ce que je veux.

-Qu'est ce que tu veux ?

-Écoute, ce dont j'ai besoin, là, maintenant, c'est du temps.

-Du temps ? Comment ça ?

-Je veux du temps pour moi. Je veux du temps pour me reposer. J'ai oublié qui j'étais, je ne suis plus la même personne qu'avant et j'ai peur de ne plus jamais la retrouver. Je veux du temps pour me retrouver.

-D'accord, en tout cas je vais t'aider du mieux que je peux.

-Johan, j'ai besoin d'avoir du temps pour moi, seule.

-Oh. Et pendant combien de temps exactement ?

-Je ne sais pas.

-Et si je veux rester à tes côtés ?

-S'il te plaît, Johan. Ne compliques pas les choses.

-J'ai besoin de toi, moi.

-Je sais et je suis toujours amoureuse de toi et pendant encore un très long moment je pense.

-Mais pourquoi ? Pourquoi maintenant ?

-Je n'ai simplement pas envie de te faire du mal.

-Tu m'en fais déjà lorsque tu prononces ces paroles, je lui dis.

Je quitte la chambre de Mia en prenant mon sac à dos et me dirige vers la sortie de l'hôpital. Je sens les larmes couler sur mes joues, cette journée à été trop dure, et très longue. Je ne fais pas attention à ma mère qui m'appelle. La seule chose qui m'importe est de rentrer à la maison.