Tout près de moi

24

-J'ai reçu un appel de l'hôpital.

PDV JOHAN

Sarah me dit cela remplie d'inquiétude, ce que je comprends parfaitement car je commence à être très inquiet à mon tour.

-Est ce que c'est grave ?

-Il m'a dit que non, mais j'ai quand même très peur.

-Je sais, moi aussi. Qu'est ce que le médecin a dit ? Elle a fait un autre malaise ?

-Je ne sais pas, le médecin ne m'a rien dit de plus, il m'a seulement dit de venir parler pour qu'on fasse le point.

-Pour qu'on fasse le point ?

-Oui, j'ai l'impression qu'il cache quand même quelque chose. J'espère seulement que ce n'est pas trop grave.

-Allons y.

Ma mère est à deux mètres de nous et a entendu toute la conversation.
Je lui dis que je ne préfère pas qu'elle vienne avec nous pour ne pas brusquer les choses entre elle et moi. Elle me répond que de toute façon, elle ne voulait pas nous déranger.
Nous nous sommes expliqués il y a seulement une petite heure.

En ce moment toutes les journées qui s'écoulent me paraissent interminables et tristes.
Les journées sont ainsi depuis que nous avons découvert l'existence du cancer de Mia.
Et que les malaises sont apparues.
Il y a peine deux semaines.

Nous partons donc avec Sarah et Rose que j'installe dans son siège dans la voiture.

Vingts minutes plus tard nous arrivons enfin à l'hôpital où Mia suit son traitement.

Le parking est bondé ce qui m'énerve encore plus, aucune place n'est libre à l'extérieur, je me dirige donc vers le parking sous-terrain où je trouve enfin une place.
Enfin garés, nous sortons tous de la voiture avec Rose et nous montons le plus vite possible vers la chambre de Mia où son médecin et elle nous attendent.

Mes mains sont moites tellement que je redoute le moment où le médecin nous dira de quelle chose il souhaitait nous parler.
Même si la tension est présente entre Mia et moi je ne veux pas que sa santé se dégrade.
Rien de cette tension n'a fait disparaître un seul de mes sentiments envers elle. Et rien ne fera jamais disparaître ce que j'éprouve pour elle.
Jamais.

Par contre le fait de revoir Mia dans seulement quelques minutes me fait aussi peur et rajoute du stress.
Comment va t-elle réagir en me voyant ? S'attendait elle a me voir ?
Sera t-elle contente ou en colère ?

Nous sommes arrivés devant la porte de la chambre. Sarah toque et le médecin nous dit de rentrer.

-Bonjour, dit le médecin.

-Bonjour.

A ma grande surprise, Mia n'est pas dans sa chambre. Je pensais qu'elle se reposait.

-Où est Mia ? je demande.

-Dans la salle de chimiothérapie, elle suit actuellement sa deuxième séance.

-D'accord, je peux aller la voir ?

-Je pense qu'il serait préférable de la laisser seule, elle est de plus en plus fatiguée et de mauvaise humeur aujourd'hui.

-Pourquoi est-elle de mauvaise humeur ?

-Justement, c'est ce dont quoi je voulais vous parler.

-Est-ce grave ? demande Sarah.

-Ne vous inquiétez pas, restez calmes.

-Est ce que c'est grave ? répétai-je de plus en plus en colère.

-Asseyez vous et je vous explique.

Nous nous asseyons sans poser de questions et laissons le médecin parler :

-Bon, le cancer de Mia a évolué.

-En bien ou en mal ?

-Sans mentir, c'est plutôt mauvais. En réalité, le stade du cancer a augmenté. Il est passé au stade 2.
Ce n'est pas le stade le plus haut, mais il faut tout de même empêcher le stade d'augmenter encore plus et de passer au stade 3.

-En combien de temps son cancer peut augmenter de stade ?

-Cela dépend de l'ampleur de la maladie. Je ne peux pas dire combien exactement. C'est pour cela qu'il faut surveiller régulièrement.

-Et qu'est ce que ça changera par rapport au traitement de Mia ?

-Les séances seront de plus en plus fréquentes et aussi plus fortes pour empêcher que le cancer ne prenne plus de place dans son corps.

-D'accord, est-ce qu'elle le sait ?

-Bien sûr, je l'ai prévenu dès que je l'ai su.

-Et comment a t-elle réagi ?

-Pas bien, comme toute autre personne l'aurait fait. Elle est en colère.

-Sa séance est terminée ?

-Elle se termine dans dix minutes. Vous pouvez aller la voir si vous le souhaitez.

-Merci.

Nous sortons de la chambre et allons vers la salle de chimiothérapie.

Je n'ai toujours pas réalisé que son cancer avait évolué, qui plus est, en mal.
Elle risque encore plus ce que je redoute, ce dont j'ai le plus peur.
Et je n'ose même pas imaginer combien elle doit avoir peur.

Arrivés à la salle, Sarah se retourne vers moi et me dit :

-Si tu veux je peux attendre ici avec Rose le temps que tu voies Mia.

-Et si elle n'a pas envie de me voir ?

-Et si elle en avait envie, tu raterais une opportunité.

-Pas faux.

-Elle arrive. Je vais à la cafétéria en attendant.

-Merci.

Mon coeur bat de plus en plus vite et quand je l'aperçois enfin, il explose.

Elle est toujours aussi belle malgré sa fatigue. Elle porte la chemise que l'hôpital lui a prêté au début de son traitement, ainsi qu'un gros gilet en laine beige qui lui va à ravir.
Ses cheveux longs sont attachés en une queue de cheval à l'aide d'une pince.
Elle est magnifique.

Elle me voit et je crois apercevoir un petit sourire lorsque nos regards se croisent. Je m'avance vers elle et je lui demande :

-Salut, tu vas bien ?

-Oui, merci.

Je mets une mèche sauvage derrière son oreille et elle se met à rougir.
Elle est ravissante.

-Toujours aussi jolie.

Elle rougit encore plus, comme lors de nos premières sorties ensemble quand on commençait seulement à ressentir des sentiments l'un pour l'autre.
Elle prend ma main dans la sienne et m'emmène dans sa chambre qui n'est pas très loin. Mon cœur bat à cent l'heure. Rien que d'avoir sa main dans la mienne me suffit amplement.

Lorsque nous sommes arrivés, elle ferme la porte derrière elle et me dit doucement :

-Tu m'as manqué.